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Migration et « mode de vie européen »: Von der Leyen sous pression

La nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen était sous pression jeudi pour changer l’intitulé du portefeuille d’un commissaire liant migration et « protection du mode de vie européen », face aux critiques d’eurodéputés et même de son prédécesseur Jean-Claude Juncker.

La question est sensible, dans la perspective des auditions (prévues du 30 septembre au 8 octobre) des nouveaux commissaires par le Parlement européen, qui doit adouber par un vote le nouvel exécutif européen.

Le Grec Margaritis Schinas (PPE, droite) a été nommé vice-président pour « protéger notre mode de vie européen » et chargé notamment du dossier des migrations, dans la nouvelle équipe annoncée mardi par l’Allemande Ursula von der Leyen.

L’intitulé a suscité la polémique dans les rangs du Parlement européen et de la part d’ONG dénonçant une « rhétorique empruntée à l’extrême droite ».

Le président sortant de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui appartient comme Mme von der Leyen au PPE (conservateurs), première force dans l’hémicycle, a ajouté sa voix jeudi à la polémique. « Je n’aime pas l’idée que le mode de vie européen s’oppose à la migration », a-t-il déclaré sur Euronews. « Accepter ceux qui viennent de loin fait partie du mode de vie européen », a-t-il insisté.

Une porte-parole de la Commission a toutefois refusé d’y voir une critique.

Socialistes, libéraux et Verts, les trois principaux groupes rivaux du PPE au Parlement, réclament l’abandon de ce titre.

« Le moment est venu pour le Parlement de dire qu’il ne peut accepter un tel intitulé », a déclaré à l’AFP l’eurodéputée Karima Delli (Verts), présidente de la commission transports et tourisme, qui a soumis l’idée d’une lettre de protestation à adresser à Mme von der Leyen.

– « Trompeur et ambigu » –

L’initiative a été soutenue par une majorité des présidents de commission, a affirmé Mme Delli, et doit être soumise à discussion jeudi matin aux présidents des groupes politiques au Parlement.

« Nous n’aimons pas ce titre, nous le refusons », a indiqué jeudi à la presse l’Espagnole Iratxe Garcia, cheffe de file du groupe social-démocrate au Parlement. « Nous avons dit à la Commission hier que notre groupe ne pouvait pas l’accepter ».

Le président du groupe Renew Europe (libéraux), le Roumain Dacian Ciolos, a annoncé avoir demandé le retrait de l’intitulé à Mme von der Leyen, le qualifiant de « trompeur et ambigu ».

La présidente élue « est consciente des problèmes que cela pose », a-t-il confié à l’AFP, se disant convaincu qu’elle allait changer le titre officiel. Mais la décision « lui revient, il n’est pas question pour elle de donner l’impression qu’elle a été imposée par la pression ».

L’entourage de Mme von der Leyen a fait savoir qu’aucune décision ne serait prise dans la précipitation. « Tous les arguments sont examinés », a indiqué cette source. La nouvelle équipe de commissaires désignés, qui doit entrer en fonction le 1er novembre, est réunie en séminaire depuis mercredi soir au sud de Bruxelles pour préparer les auditions.

Jusqu’ici porte-parole en chef de la Commission européenne, Margaritis Schinas, dont le pays est en première ligne des arrivées de migrants, n’a quant à lui pas utilisé l’intitulé controversé sur son profil Twitter officiel. Il mentionne en revanche les sujets « migration », « sécurité », « droits sociaux », « éducation », « culture » et « jeunesse ».

« Le mode de vie européen repose sur la solidarité, la tranquillité d’esprit et la sécurité. Nous devons répondre et apaiser les craintes et préoccupations légitimes sur l’impact d’une immigration irrégulière sur notre économie et notre société », écrit Mme von der Leyen dans la lettre de mission de M. Schinas.

Malgré une forte baisse des arrivées, le dossier des migrations reste brûlant dans l’UE, en proie à une montée des populismes.

Pressée d’expliquer l’intitulé lors de la présentation de sa nouvelle Commission, Ursula von der Leyen avait rappelé que les noms des portefeuilles des vice-présidences étaient tirés du programme politique qu’elle avait présenté devant le Parlement européen.

« Notre mode de vie européen, c’est rester fidèle à nos valeurs », avait-elle dit.

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