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New York salue le départ de Trump et la fin d’une histoire d’amour

« Bon débarras », « condoléances à la Floride »: beaucoup de New-Yorkais applaudissaient vendredi la décision de Donald Trump de ne pas revenir à Manhattan après son départ de la Maison Blanche, qui vient sceller la rupture entre le président américain et une ville dont il semblait l’incarnation.

Donald Trump a confirmé jeudi sur Twitter avoir déclaré son complexe hôtelier de Mar-a-Lago, en Floride, comme sa résidence principale, plutôt que son luxueux triplex au sommet de la tour Trump. Ce gratte-ciel sur la célèbre 5e Avenue de Manhattan, près de Central Park, est devenu le point de ralliement de nombreuses manifestations anti-Trump depuis son élection en 2016.

Enfant du quartier du Queens, l’ex-entrepreneur immobilier de 73 ans a confirmé qu’il préférait désormais le soleil de Floride, citant une fiscalité new-yorkaise particulièrement lourde et l’hostilité que lui voue aujourd’hui la capitale financière américaine, bastion démocrate qui a voté à 80% pour Hillary Clinton.

« J’adore New York, et les New-Yorkais, et ce sera toujours le cas, mais malheureusement, en dépit des millions que je paie en impôts à la municipalité, aux collectivités locales et à l’Etat chaque année, j’ai été très mal traité par les élus à la fois de la ville et de l’Etat », a-t-il regretté.

– Echange amer –

La décision a été saluée d’un « Bon débarras! » par le maire comme par le gouverneur de New York, Bill de Blasio et Andrew Cuomo, déclenchant un échange amer avec le président par Twitter interposé.

« Ce n’est pas comme s’il payait ses impôts, de toute façon », a ironisé le gouverneur, en allusion aux soupçons de fraude fiscale qui entourent le président, qui a toujours refusé de publier ses déclarations.

Cela lui vaut une enquête du procureur de Manhattan, qui lui réclame huit années de déclarations, dont il n’est pas exclu qu’elle débouche un jour sur une inculpation.

Donald Trump a rétorqué que maire et gouverneur laissaient New York « redevenir sale et dangereuse », et dénoncé leurs politiques qui font que « beaucoup de gens quittent notre cher New York ».

Reste que plusieurs habitants de la métropole interrogés vendredi saluaient aussi son départ.

« Je ne veux pas qu’il revienne. C’est juste trop d’ennuis, trop d’embouteillages », a indiqué Joe, un ingénieur de 34 ans, refusant de donner son nom de famille.

Yovo Addo, médecin de 38 ans, New-Yorkais de naissance, était plus nuancé.

« Il a fait beaucoup de choses pour la ville, y compris de la philantropie », a-t-il estimé. « Mais il a aussi pris des décisions controversées. Il n’est pas bon pour une ville à la population aussi diverse. S’il revenait et qu’il voulait à nouveau imposer ses idéaux, je ne crois pas qu’on tolérerait ses idées », a-t-il estimé.

De fait, la décision de Donald Trump semble entériner son désamour pour une ville dont il a longtemps représenté « le dur esprit des affaires » avec tous ses excès, souligne Sam Abrams, professeur de sciences politiques à l’université Sarah Lawrence, près de New York.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche début 2017, il n’a passé que 20 jours à la Trump Tower contre 99 jours à Mar-a-Lago, selon la chaîne NBC.

Il doit faire une brève apparition samedi à Manhattan, qui suscite déjà des commentaires ironiques et des craintes d’embouteillages aggravés.

– Du renouveau au désamour –

Dans les années 80, alors qu’il inaugure la tour Trump et rouvre une patinoire de Central Park chère aux New-Yorkais, il incarne le renouveau d’une ville longtemps minée par une crise fiscale et une forte criminalité.

Ses liaisons extra-conjugales présumées – jusqu’à son mariage en troisièmes noces avec une jeune immigrée slovène, Melania – alimentent la presse people, contribuant à forger cette image d’une réussite balayant les convenances.

S’il s’enfonce ensuite dans les dettes, il continue à projeter l’image de l’impétueux New-Yorkais, en devenant la star de l’émission télévisée « The Apprentice », qui fera sa notoriété à travers le pays.

Mais depuis son arrivée à la Maison Blanche, « il ne semble plus fier d’être New-Yorkais, de refléter les valeurs de New York, d’aimer la diversité. Il affiche des positions opposées », selon Sam Abrams, refusant même un financement fédéral à un tunnel-clé pour désengorger New York.

Avant, « il était perçu comme quelqu’un qui prenait soin de New York », affirme M. Abrams. Aujourd’hui, « il la déteste ».

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