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La Havane ouvre les festivités pour ses 500 ans avec le roi d’Espagne

Le roi d’Espagne Felipe VI et la reine Letizia ont entamé mardi à La Havane une visite inédite qui marque le coup d’envoi des festivités des 500 ans de la ville, dans une île sous pression diplomatique des Etats-Unis.

Dans la matinée, le couple royal a rendu hommage au héros de l’indépendance José Marti (1853-1895), avant un entretien entre Felipe et le président Miguel Diaz-Canel.

Arrivé lundi soir, le couple royal se rendra jeudi à Santiago (est), dernière étape de leur voyage cubain.

« Un plaisir de les accueillir à l’aéroport international José Marti », a tweeté le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez. « Cuba les accueille avec une chaleureuse hospitalité ».

Première visite d’Etat d’un monarque espagnol dans ce pays – une des dernières colonies d’Amérique latine à avoir quitté le giron de Madrid, en 1898 -, elle survient à un moment de festivités pour La Havane, qui attire des millions de touristes séduits par son charme suranné et s’apprête à célébrer l’anniversaire de sa fondation, le 16 novembre 1519.

Après des années de chantiers pour restaurer son centre historique et y construire plusieurs hôtels de luxe, la ville colorée a mis les dernières touches ces dernières semaines, avec la réfection de la chaussée en bord de mer ainsi que l’éclairage.

Oeuvre-phare de cet anniversaire, le Capitole a été rénové et sa coupole recouverte d’or, offert par la Russie.

– Pluie de sanctions –

Mais le contexte politique n’est pas vraiment à la fête: l’arrivée début 2017 de Donald Trump à la Maison blanche a sonné le glas du rapprochement historique entre Cuba et Etats-Unis engagé sous Barack Obama.

Accusé d’opprimer son peuple et de soutenir militairement le Venezuela de Nicolas Maduro, le gouvernement cubain essuie une pluie de sanctions qui affectent surtout sa population, victime de pénuries d’essence ou de difficultés pour obtenir un visa américain.

Dans ce climat houleux, Cuba cherche l’appui de ses alliés traditionnels comme la Russie et le Venezuela, mais aussi celui de l’Union européenne.

« Face au harcèlement de l’administration Trump contre Cuba, le voyage du couple royal (espagnol) sur l’île peut s’interpréter comme un soutien aux relations économiques, politiques, culturelles et de coopération entre Cuba et l’Espagne », souligne Raynier Pellon, expert du Centre de recherches de politique internationale de La Havane.

Troisième partenaire commercial de Cuba après la Chine et le Venezuela, avec des échanges d’1,39 milliard de dollars en 2018, l’Espagne critique la politique de l’administration Trump, notamment l’activation du titre 3 de la loi Helms-Burton, qui menace de poursuites des entreprises étrangères présentes à Cuba.

Pour rassurer les nombreuses sociétés espagnoles travaillant sur l’île, comme les groupes hôteliers Melia et Iberostar, le chef du gouvernement Pedro Sanchez avait promis de « continuer à encourager les investissements à Cuba », lors de sa visite en novembre 2018.

– Ni Maduro ni dissidence –

Dans ses bagages, le roi Felipe apporte un autoportrait de Goya, prêté pour un mois par le musée du Prado et qui sera exposé au musée des Beaux arts.

Mercredi, le couple se promènera, au côté de l’historien officiel de la ville Eusebio Leal, à travers les rues pavées de la vieille ville de La Havane, placée par l’Unesco sur sa liste du Patrimoine mondial en 1982.

Ils quitteront l’île jeudi, avant la date officielle des 500 ans de La Havane, avec des célébrations organisées vendredi et samedi où sont attendus plusieurs dirigeants latinoaméricains.

« Le motif très évident », explique Carlos Malamud, chercheur de l’Institut Elcano à Madrid, « est le désir du gouvernement d’éviter un contact gênant avec Daniel Ortega et Nicolas Maduro », même si la venue des présidents du Nicaragua et du Venezuela, alliés traditionnels de Cuba, n’est pas confirmée.

Aucune rencontre n’est prévue non plus avec la dissidence, ce qui poussé Amnesty International à écrire au roi pour lui demander de plaider en faveur de « la libération immédiate et inconditionnelle de six prisonniers de conscience » et de celle de l’opposant José Daniel Ferrer, détenu depuis le 1er octobre.

Le sénateur de Floride Marco Rubio lui a aussi écrit, l’incitant à avoir « une conversation privée avec des membres de l’opposition cubaine » afin de connaître « les violations des droits humains et la censure à laquelle ils sont soumis au quotidien ».

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