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Réforme du lycée: quand les conseils de classe s’en trouvent chamboulés

« Douze spécialités, 47 enseignants présents, ce n’était pas gérable »: avec la réforme du lycée, le traditionnel conseil de classe est complètement chamboulé et chaque chef d’établissement doit trouver lui-même une nouvelle organisation.

Depuis la rentrée et la fin des séries S, ES et L, remplacées par des groupes de spécialités, les élèves de Première ne passent que la moitié de leur temps en classe entière et le nombre d’enseignants y a mécaniquement augmenté par rapport aux années précédentes.

Le ministère de l’Éducation nationale n’avait pas anticipé les conséquences de la réforme sur l’organisation des conseils de classe, qui démarrent ces jours-ci et s’étalent jusqu’à mi-décembre.

Aux chefs d’établissements de trouver eux-mêmes une nouvelle organisation de ces instances, dans l’urgence.

« On a fait le choix d’un conseil de classe qui s’articule autour du tronc commun (les disciplines suivies par tous les élèves, NDLR) et puis les enseignants de spécialité auront un représentant à chaque conseil », explique par exemple Patrick Meunier, secrétaire académique adjoint de l’académie d’Orléans-Tours et proviseur à Bourges.

Autour de la table, « il y aura les enseignants du tronc commun (français, histoire-géo, langues vivantes, EPS, sciences et EMC) et en fonction des conseils de classe viendra s’agréger un représentant de la spécialité qui parlera au nom des collègues », poursuit-il.

Cette formule semble être celle qui est « majoritairement retenue », selon le premier syndicat de proviseurs et principaux (SNPDEN).

En revanche, il « faut qu’on soit informé de cas précis d’élève qui poserait problème », insiste M. Meunier.

Le comité de suivi de la réforme du lycée, qui réunit syndicats et représentants de l’Education nationale, devrait faire des propositions début décembre au sujet des conseils de classe et probablement opter pour cette création d’un enseignant référent pour un groupe d’élèves, sur les deux années de Première et de Terminale.

Selon Lysiane Gervais, secrétaire nationale de la commission éducation et pédagogie du SNPDEN et proviseure dans l’académie de Bordeaux, « tout le monde a très vite compris que des soirs et des soirs de conseils de classe pour ne parler que d’un seul élève, ce ne serait pas gérable. On ne peut pas demander ça à des profs après une journée entière de cours », argumente-t-elle.

– « Caisse de résonance » –

« Si on ne s’était pas adapté, c’était 30 à 40 personnes qui devaient venir chaque soir, matériellement c’est compliqué », ajoute Mme Gervais.

Christelle Kauffmann, secrétaire académique du SNPDEN-Unsa de l’académie de Toulouse et proviseure à Cahors est du même avis. « On a 12 spécialités donc on fait un scénario en amont : cela donnait 47 enseignants présents au conseil de classe… Ce n’était pas gérable », appuie-t-elle.

Cette adaptation à la réforme du bac fait aussi naître des interrogations sur la « réelle utilité » de ce rituel.

« On peut se poser la question de savoir à quoi sert un conseil de classe », s’interroge Mme Gervais. « Ils ont été institués à une période où les parents ne rentraient pas dans l’établissement mais maintenant ils viennent dans plein d’instances, on les reçoit très souvent. Est-ce encore judicieux de maintenir ces rendez-vous ? Car le travail pédagogique sur l’enfant se fait en amont ou après », assure la proviseure.

Pour M. Meunier, les conseils de classe dans leur forme traditionnelle ne sont qu’une « caisse de résonance ».

De nombreux proviseurs souhaiteraient que la législation soit modifiée, dans le sens d’une « semestrialisation » des conseils de classe, « ça serait beaucoup plus simple », lancent plusieurs d’entre eux.

« Il faudrait aussi imaginer une instance où on passe plus de temps sur les élèves en difficulté pour trouver des vraies solutions d’aide pour chaque élève », propose Mme Gervais.

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