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A Saint-Cloud, l’ancienne caserne Sully entame sa mue pour devenir musée du Grand Siècle

L’allure sévère, l’immense bâtisse blanche surplombe la Seine, à deux pas du pont de Saint-Cloud: l’ancienne caserne Sully vient d’entamer sa mue pour devenir « musée du Grand Siècle », grâce aux trésors de la collection Rosenberg.

L’académicien et ancien président-directeur du Louvre Pierre Rosenberg a fait don de sa collection personnelle (650 tableaux de la fin du XVIe siècle à nos jours, 3.500 dessins, 45.000 ouvrages) au département des Hauts-de-Seine, propriétaire de l’ancien bâtiment militaire situé en contrebas d’une des entrées du Domaine national de Saint-Cloud.

« Ma petite idée au départ était de créer un musée Poussin dans la ville natale du peintre, Les Andelys, en Normandie », explique le donateur à l’AFP. « Il y avait un lieu pour ce musée extrêmement séduisant, un hôpital désaffecté, et puis on s’est aperçu que la Région n’avait pas les structures financières suffisamment fortes », poursuit-il.

« Puis est arrivé le conseil départemental des Hauts-de-Seine avec (son président Patrick) Devedjian qui connaît bien le monde des arts et qui a eu l’idée d’un musée en partie consacré à ma collection, mais qui serait bien plus ambitieux », se félicite Pierre Rosenberg.

Ce projet est en effet « le fruit de la rencontre de deux passionnés du XVIIe siècle », confirme l’élu, grand collectionneur lui-même.

« L’ancienne caserne Sully, à proximité du Domaine national de Saint-Cloud, nécessitait un projet d’envergure », explique M. Devedjian.

– « ça amusera beaucoup les enfants » –

Le musée du Grand Siècle -période qui court du règne d’Henri IV à la mort de Louis XIV- « prendra ainsi la suite logique du musée du Moyen-Age de Cluny, à Paris, et du musée de la Renaissance d’Ecouen » (Val-d’Oise), précise l’universitaire Alexandre Gady, chargé de diriger la mission de préfiguration du projet.

Commandée par Louis XVIII, ce qui fut à l’origine conçu pour être la caserne des gardes du corps du roi ne fut livrée qu’en 1827, sous le règne de son frère Charles X, relate M. Gady.

En 1834, le bâtiment en L au style « très classique » devient caserne militaire et ce pendant plus d’un siècle, jusqu’à l’Occupation allemande, poursuit-il.

Après le second conflit mondial, le bâtiment est occupé par la Direction générale de l’aviation. Le Département le rachètera en 2016 pour 11 millions d’euros à l’armée qui avait depuis quelques années déserté les lieux, laissant les bâtiments en proie au vandalisme.

Le coût des travaux et aménagements du site et de ses alentours est estimé à 100 millions d’euros, selon M. Gady.

Le projet prévoit notamment la réhabilitation complète de l’intérieur du bâtiment principal, dont le désamiantage a débuté en janvier. C’est là que sera proposé un parcours thématique où se mêleront peintures, sculptures, mobilier, gravures, médailles et objets d’art du XVIIe siècle, issus pour une grande part de la collection Rosenberg.

A l’arrière du bâtiment, un petit pavillon dit « des Officiers », ajouté au XIXe siècle mais de même style, doit accueillir un centre de recherches dédié à l’étude du Grand Siècle, la bibliothèque qui renfermera les ouvrages donnés par Pierre Rosenberg ou encore un cabinet de dessins.

Au tout s’adjoindra un « cabinet des collectionneurs », où seront mises en valeur des collections privées.

« Ma collection sera l’amorce de ce projet: ce sera la première collection et j’espère pas la dernière qui viendra à Saint-Cloud », conclut M. Rosenberg.

Et ce collectionneur compulsif de revendiquer des goûts éclectiques parfois détonants: « J’ai une grande passion pour le verre de Venise: j’ai une collection d’animaux de verre de Murano, qui ira également à Saint-Cloud et ça amusera beaucoup les enfants ».

L’ouverture au public est prévue début 2025.

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