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Accord UE-Mercosur: actions « tous azimuts » mardi soir des agriculteurs français

« Révolte » contre l’accord UE-Mercosur: les agriculteurs français ont commencé à se rassembler mardi soir dans toute la France pour dénoncer les profondes « distorsions de concurrence » qu’ils craignent de subir, avec l’importation de denrées agricoles d’Amérique latine produites selon des standards de moindre qualité et à moindre coût.

« L’esprit, c’est de se mobiliser contre cet accord qui crée d’énormes distorsions de concurrence entre les agriculteurs français et les autres », ont indiqué à l’AFP des responsables des Jeunes Agriculteurs (JA), qui ont lancé un appel national avec le principal syndicat FNSEA, prévoyant « beaucoup de sorties de tracteurs ».

Même le très vénérable conseil de l’agriculture française, qui réunit l’ensemble de la profession agricole (syndicats, coopératives, banques, assurances, sécurité sociale), a solennellement « alerté » le gouvernement sur les « déséquilibres » qui seraient générés sur certaines filières agricoles par « l’actuel projet d’accord ».

Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB) et éleveur dans le Cantal, a dit à l’AFP son intention de se rendre devant la préfecture d’Aurillac pour dénoncer « les incohérences du gouvernement », et « montrer le ras-le-bol » des éleveurs.

Dans la Loire, une soixantaine d’agriculteurs ont symboliquement déposé dans le calme leurs vêtements et leurs bottes devant la préfecture de Saint-Etienne.

Le préfet est venu à leur rencontre. « Nous lui avons fait part de l’absence de cohérence entre cet accord et les engagements sur les objectifs annoncés en faveur d’une alimentation saine », a raconté Guillaume Tailland, directeur de la FDSEA du département.

A Lille, une trentaine de personnes ont organisé un barbecue devant la préfecture avec quelques tracteurs et des pancartes tricolores: « j’aime manger français ». D’autres rassemblements nordistes étaient prévu à Senlis et Arras.

« Des manifestants vont montrer que l’accord (UE-Mercosur) pourrait +impacter+ sensiblement la filière », a expliqué à l’AFP Florent Point, patron des JA Bourgogne-Franche-Comté. Aucun tracteur n’était prévu à Lons-le-Saunier et Besançon… « mais ce n’est pas interdit. Ce sera la surprise ».

– « L’île européenne »-

Une délégation d’agriculteurs a rencontré la préfète du Gers à Auch. Une rencontre similaire était prévue dans le Tarn, tandis que des appels au rassemblement devant les préfectures à partir de 20H00 se sont multipliés.

« On nous a fait croire qu’on était sur l’île européenne, et aujourd’hui, on voit bien que l’île européenne n’est plus étanche alors qu’on nous disait de monter en gamme », a déclaré Thierry Coué, président de la FRSEA (fédération régionale) de Bretagne.

« Il y a énormément de révolte et d’insatisfaction » chez les agriculteurs français, a résumé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, évoquant des « actions de protestation tous azimuts ».

Dans les Deux-Sèvres, une trentaine d’agriculteurs étaient attendus devant la préfecture de Niort et les deux sous-préfectures de Parthenay et Bressuire, mais pas avant 22H30 pour cause de récoltes.

Dans l’Isère, les agriculteurs, victimes de grosses intempéries il y a 15 jours et encore de forts orages lundi soir, n’ont pas réussi à organiser quelque chose « du jour au lendemain », selon le président des Jeunes Agriculteurs Sébastien Poncet. « C’est bien sûr un sujet qui nous touche mais on ne peut pas se mobiliser aujourd’hui ».

L’occasion ne manquera pas car le mécontentement pourrait s’installer. Dans la Creuse, une manifestation de grande ampleur est prévue la semaine prochaine.

– Les consommateurs appelés à la rescousse –

« L’accord ne sera pas signé si au niveau du bœuf, on n’a pas de certitude sur la traçabilité, pas de certitude sur le bien-être animal, et sur les antibiotiques » administrés aux animaux, a affirmé le ministre Didier Guillaume devant l’Assemblée nationale pour tenter de calmer le jeu.

Mais la Fédération des éleveurs bovins a jugé « impossible » une telle procédure de contrôle.

« L’accord Mercosur, avec celui du Ceta (UE-Canada), provoquerait la disparition de 30.000 éleveurs en France », sur 85.000, et la perte de 50.000 emplois directs, a indiqué M. Dufayet, en se basant sur une étude publiée par l’Institut de l’élevage.

« N’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas », a déclaré Mme Lambert, évoquant « des activateurs de croissance antibiotiques sur les animaux, pour qu’ils poussent plus vite », et des conditions d’élevage « où bien-être animal, ce n’est même pas un mot connu du vocabulaire de ces pays-là ».

« On ne peut d’un côté dire: +montez en gamme, faites beau, faites bien, faites bien-être+ et en même temps ouvrir les vannes à tout-va », a-t-elle ajouté.

Dans ce contexte, FNSEA et JA ont demandé dans une lettre ouverte au président Emmanuel Macron de les recevoir « dans les plus brefs délais ».

« Les consommateurs devraient être beaucoup plus bavards et notre salut passera par les consommateurs qui diront: +ce n’est pas ce que nous voulons dans nos assiettes+ », a conclu Mme Lambert.

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