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La capitaine du Sea-Watch face à un juge italien

Carola Rackete, la capitaine allemande du navire humanitaire Sea-Watch arrêtée samedi pour avoir accosté de force dans la petite île de Lampedusa afin de débarquer 40 migrants, a été présentée lundi après-midi à un juge italien à Agrigente (Sicile).

« De notre point de vue, une procédure judiciaire ne peut aboutir à la fin qu’à la libération de Carola Rackete », a estimé dans la matinée le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

« Nous nous opposons à la criminalisation du sauvetage en mer », a ajouté M. Maas, reprenant l’argumentation principale de plusieurs collectes de fonds sur internet ayant déjà réuni plus de 1,2 million d’euros pour payer les frais de justice de la jeune femme et la poursuite des opérations de l’ONG allemande.

A Berlin, le président du Bundestag Wolfgang Schaüble, s’est montré moins enthousiaste : « Les sauveteurs en mer doivent également éviter d’envoyer de mauvais signaux et aborder avec autocritique la question de savoir s’ils ne font pas le jeu des passeurs ».

Sans s’exprimer directement sur l’affaire, le pape François a décidé de célébrer le 8 juillet, au sixième anniversaire de sa visite à Lampedusa , une messe pour « ceux qui ont perdu la vie en essayant de fuir la guerre et la misère et pour encourager ceux qui, jour après jour, s’emploient à soutenir, accompagner et accueillir les migrants et les réfugiés ».

Placée samedi aux arrêts domiciliaires à Lampedusa, Carola Rackete, 31 ans, a été escortée lundi matin en bateau vers Agrigente, le chef-lieu dont dépend la petite île italienne.

L’audition devant la juge chargée d’examiner la validité de son arrestation a duré un peu plus de trois heures et la magistrate devrait rendre son verdict mardi.

– Possible libération –

Lundi, le parquet a demandé la confirmation de son arrestation et de l’interdiction de résidence dans la province.

Carola Rackete a été arrêtée pour « résistance ou violence envers un navire de guerre » après avoir obligé une vedette de la police chargée de l’empêcher d’accoster à s’éloigner sous peine d’être écrasée contre le quai à Lampedusa dans la nuit de vendredi à samedi. Pour cela, elle risque jusqu’à 10 ans de prison.

« Elle a décidé de le faire car elle sentait la nécessité de le faire, la situation de dégradait progressivement » sur le navire, a déclaré à l’issue de l’audience un de ses avocats, Alessandro Gamberini, estimant que l’attente prolongée risquait de rendre « la situation incontrôlable ».

Une thèse combattue par le procureur Luigi Patronaggio. « Il ne s’agissait pas d’une action justifiée par la nécessité car le Sea Watch avait obtenu l’assistance médicale et était en contact continu avec toutes les autorités pour tout genre d’assistance » dont il aurait eu besoin, a-t-il dit.

Elle fait également l’objet d’une enquête pour aide à l’immigration clandestine et pour avoir forcé mercredi le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (extrême droite), en vertu d’un décret-loi entré en vigueur mi-juin pour lutter contre les navires d’ONG qu’il accuse de faire le jeu des passeurs.

Une autre audience devrait avoir lieu le 9 juillet prochain concernant le seul volet de l’aide à l’immigration clandestine.

La nuit de l’incident, un policier sur la vedette avait expliqué à des journalistes avoir reçu l’ordre de rester le long du quai pour empêcher l’accostage : « Si on était restés sur le chemin, (le Sea-Watch) aurait détruit la vedette ».

– « Faire le show » –

M. Salvini a parlé d’un « acte de guerre ». « Ce n’était pas un acte de violence, seulement de désobéissance », a assuré pour sa part Carola Rackete dans une interview dimanche. « Mon objectif était seulement d’amener à terre des personnes épuisées et désespérées ».

Débarqués samedi à l’aube, les 40 migrants devraient être répartis entre plusieurs pays européens (France, Allemagne, Portugal, Luxembourg et Finlande), comme cela a régulièrement été le cas, souvent après de longues tractations, pour les migrants secourus par des ONG depuis un an.

A Berlin, M. Maas a dénoncé ces hésitations : « Nous avons d’urgence besoin d’une solution européenne (…). Le marchandage sur la répartition des réfugiés est indigne et doit cesser ».

Le maire de Lampedusa, Salvatore Martello, s’est pour sa part emporté contre l’acharnement de M. Salvini face aux migrants du Sea-Watch alors que « plus de 600 » autres sont arrivés sur l’île en moins d’un mois, le plus souvent directement à bord de leurs embarcations de fortune.

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