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Mauritanie: le candidat du pouvoir proclamé élu président au premier tour

Le candidat du pouvoir en Mauritanie, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, a été proclamé lundi élu au premier tour par le Conseil constitutionnel, après le rejet pour « insuffisance de preuves » des recours de l’opposition qui a exhorté les autorités au « dialogue pour sortir de cette crise ».

Il succédera le 2 août à Mohamed Ould Abdel Aziz, pour la première transition entre deux présidents élus dans ce vaste pays du Sahel secoué par de nombreux coups d’Etat de 1978 à 2008, date du putsch qui a porté Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir avant son élection en 2009. Il ne pouvait se représenter après deux mandats.

Avec 52% des suffrages exprimés, M. Ghazouani a « recueilli la majorité absolue » au premier tour le 22 juin.

Il devance quatre opposants, dont le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,59%), l’ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,7%), soit des résultats quasi identiques à ceux annoncés le 23 juin par la Commission nationale électorale indépendante (Céni).

« Nous rejetons ces résultats et considérons que le Conseil constitutionnel, qui a suivi la Céni, n’a fait qu’approfondir la crise », a réagi M. Ould Abeid, indiquant s’être concerté avec les trois autres opposants en lice.

Il a exhorté le pouvoir à « prendre l’initiative d’un dialogue inclusif pour sortir de cette crise ». Selon lui, M. Ghazouani doit « tout faire pour échanger avec les forces politiques, y compris l’opposition, aux fins de régler son problème de légitimité aujourd’hui contestée par des candidats qui totalisent plus de 48% de l’électorat mauritanien ».

En revanche, pour le président du Conseil constitutionnel, Bathia Mamadou Diallo, « le système électoral en Mauritanie s’est beaucoup amélioré » et « s’améliore à chaque élection ». Ces résultats ont été établis sur la base des procès-verbaux transmis au Conseil par « des magistrats assermentés ».

– Permanences rouvertes –

Quelques heures auparavant, les quatre candidats de l’opposition, dont plusieurs avaient saisi le Conseil pour réclamer l’annulation du vote, avaient exposé des « fraudes » rendant selon eux impossible une victoire au premier tour de M. Ghazouani.

« Après vérification par nos techniciens électoraux qui ont travaillé sur 455 bureaux de vote (sur un total de 3.861, NDLR) où il a réalisé 100% et plus, le candidat Ghazouani ne pouvait pas avoir plus de 41% », a affirmé M. Ould Abeid, estimant qu’il ne pouvait obtenir « dans le meilleur des cas que 48,5% ».

Les candidats se sont exprimés lors d’une conférence de presse dimanche soir à son siège de campagne qui comme celui de ses collègues, a été rouvert en dépit de l’annonce de sa fermeture par la police la semaine dernière.

L’opposition a de nouveau dénoncé la « répression » de cette contestation électorale, visant selon elle la communauté afro-mauritanienne, après les heurts qui ont éclaté dès le lendemain du scrutin.

Elle a appelé le régime à « démilitariser » les quartiers de la banlieue de Nouakchott où des forces de sécurité ont été déployées depuis les incidents et à libérer leurs sympathisants arrêtés.

La société mauritanienne est marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d’ethnies subsahariennes.

Les autorités n’ont fourni aucune estimation du nombre de personnes arrêtées – plusieurs centaines, selon l’opposition -, mais ont fait état mardi d’une centaine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne voisins, notamment sénégalais et maliens, détenus.

M. Ghazouani, qui a déjà reçu les félicitations de plusieurs pays (France, Maroc, Algérie, Mali, Arabie saoudite…), a salué vendredi soir le peuple mauritanien « pour sa maturité politique et l’enracinement du pluralisme démocratique et du dialogue » durant le processus électoral.

M. Ould Abdel Aziz a stabilisé la Mauritanie, frappée dans les années 2000 par des attentats jihadistes et des enlèvements d’étrangers, en menant une politique volontariste: remise sur pied de l’armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.

Mais les critiques se focalisent sur la persistance de profondes inégalités sociales et dénoncent des atteintes aux libertés publiques.

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