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A Hong Kong, la contestation ajoute au stress de jeunes déjà angoissés

La contestation à Hong Kong augmente considérablement les niveaux de stress chez des jeunes angoissés par la perspective d’un avenir sous le joug de Pékin et déjà minés par les inégalités sociales et un immobilier hors de prix, préviennent les spécialistes.

L’ex-colonie britannique est secouée par une profonde crise politique qui s’est traduite par des manifestations pacifiques, parallèlement à de violents affrontements entre policiers et manifestants pour la plupart jeunes.

La « révolte des parapluies » de l’automne 2014 était empreinte d’optimisme. Mais le mouvement déclenché par un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine est plus sombre, explosant le 1er juillet avec la mise à sac du Parlement par des centaines de jeunes masqués.

Le mouvement est également marqué par des suicides, les manifestants rendant publiquement hommage à quatre personnes qui se sont donné la mort récemment en laissant derrière elles des messages politiques.

Un armée de travailleurs sociaux, conseillers et volontaires s’est mobilisée pour affronter la hausse des sollicitations enregistrées par les services de santé mentale.

« Ces étudiants, ils mettent leur jeunesse en péril pour défendre cet endroit, c’est très fragile », explique Roy Kwong, député démocrate et ancien travailleur social.

Winnie Ng, spécialisée dans la thérapie par le théâtre, offre gratuitement ses services depuis plusieurs semaines. Pour elle, de nombreux jeunes étaient déjà soumis à des niveaux élevés de stress avant même la dernière crise.

Elle met en cause les criantes inégalités de richesse dans un territoire où le mètre carré est le moins abordable du monde. Et le refus des autorités proPékin de la moindre réforme démocratique et l’échec du mouvement de 2014.

« Quand tout a un rapport avec la politique, la vie devient déprimante », dit-elle. « Beaucoup de gens pensent qu’il n’y a aucun espoir ».

Les appels au secours augmentent. Chez Les Bons samaritains, les appels ont été multipliés par cinq au cours du mois écoulé, et la plateforme de soutien Open Up reçoit certains jours des pics de 200 à 450 textos contre 60 à 80 en temps normal.

– « La goutte d’eau » –

Paul Yip, directeur du Centre de recherches et de prévention du suicide de l’Université de Hong Kong, juge que le texte sur les extraditions n’est que « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

Les suicides sont particulièrement préoccupants, avec l’érection de mémorials de fortune sur les lieux des drames et des veillées régulières. « Les études montrent que les gens qui se suicident souffraient de causes multiples et interactives », dit-il à l’AFP. Si les mémorials permettent aux gens d’exprimer leurs émotions, la rhétorique consistant à assimiler suicide et héroïsme risque de déclencher d’autres suicides.

Après des semaines de silence, le gouvernement a évoqué le problème vendredi. Matthew Cheung, l’adjoint de la cheffe du gouvernement, a demandé aux ONG de consacrer plus de temps et de ressources à lutter contre la dépression.

« Nous nous rendons compte que beaucoup de gens sont malheureux en ce moment », a-t-il déclaré.

– « Chacun est important » –

Un débat s’est ouvert à Hong Kong sur la santé mentale, question délicate dans cette société largement conservatrice.

Deux slogans visant à faire avancer la prise de conscience, « Chacun d’entre nous est important » et « Les hauts et les bas, nous les vivons ensemble », font leur chemin dans les manifestations.

Hong Kong bénéficie de droits inconnus sur le continent mais beaucoup estiment que les libertés reculent.

Les efforts du gouvernement pour arrimer davantage Hong Kong à la Chine font craindre pour la survie de sa langue et sa culture cantonaises.

Shai Dromi, sociologue à l’Université de Harvard, explique que les traumatismes collectifs ont souvent un rapport avec la perte de l’identité de groupe. « Cela touche vraiment à la peur de ne pas pouvoir pratiquer sa propre culture, ses droits et sa religion ».

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