Fin de guerre fratricide à Lyon ? Après la tentative de médiation d’Emmanuel Macron, le maire sortant de Lyon Gérard Collomb a proposé mercredi un mandat partagé à son rival et ancien dauphin David Kimelfeld en vue des élections municipales et métropolitaines de Lyon de 2020.
Alors que LREM doit trancher le cas parisien d’ici mercredi soir après un grand oral des trois candidats, le parti est-il enfin parvenu à régler à l’amiable le cas de Lyon ? Ce bastion du macronisme est un enjeu de poids pour le parti présidentiel.
En visite à Villeurbanne lundi, Emmanuel Macron avait exhorté les deux hommes à « agir ensemble ». Et il avait pris soin de dîner avec l’un et de petit-déjeuner avec l’autre.
Invité sur CNews deux jours après, Gérard Collomb, 72 ans, a pour la première fois avancé une proposition très concrète : « ce sur quoi on discute actuellement avec le président de la République et avec la Commission d’investiture, c’est plutôt un engagement dans le temps où je commencerais le mandat à la métropole de Lyon et nous irions en ticket pour pouvoir préparer la gouvernance de cette ville et faire, comme c’est normal, une succession ».
« Il se peut qu’à un moment donné il y ait un passage de témoin », a-t-il dit sans préciser à quel moment, avant d’assurer: « Je ne suis pas un homme qui aime le pouvoir pour le pouvoir… moi j’aime ma ville ». Avant tout de même d’ajouter: « l’arbitre suprême c’est l’électeur ».
« Nous sommes sur une ligne d’apaisement. On a beaucoup de respect pour Gérard Collomb. On veut qu’ils s’entendent, et qu’ils s’entendent en local, sans que ça implique le président de la République ou nous », indique-t-on au siège du parti après cette annonce.
Contacté par l’AFP, David Kimelfeld n’a pas encore réagi. Ce dernier avait hérité du siège de président de la métropole de Lyon lorsque Gérard Collomb était parti au gouvernement. Depuis le retour du maire, il affirmait qu’il souhaitait y rester en vue des prochaines municipales et métropolitaines de 2020.
Mais Gérard Collomb, qui avait retrouvé la mairie de Lyon après avoir démissionné du ministère de l’Intérieur à l’automne, n’a jamais caché son ambition de revenir à la métropole. D’abord parce qu’il ne sera plus possible de cumuler les deux fonctions mais aussi parce que le Grand Lyon est le vrai cœur du pouvoir lyonnais.
– Un fauteuil pour deux –
Ces ambitions contraires tranchent avec l’habituelle méthode lyonnaise de consensus, déjà mise à mal par le cas délicat de Caroline Collomb. L’épouse du maire, référente LREM dans le Rhône depuis octobre 2017 et contestée par une partie des troupes pour sa gouvernance supposément sans partage, a finalement été écartée début juillet. Ce camouflet pèsera sans doute dans le scénario retenu.
Ancien chef d’entreprise de 58 ans, David Kimelfeld défend une ligne plus sociale et écologiste que son ex-mentor. Lundi, après la visite du président de la République, il était apparu tout sourire sur BFMTV. « Il n’y a pas un fauteuil pour deux, mais deux fauteuils », avait-il assuré réitérant sa volonté de briguer la métropole.
Les deux hommes devraient en tous cas se rencontrer très prochainement pour étudier les scénarios possibles.
« Kimelfeld pourrait être une sorte de vice-président à l’américaine avec un vrai partage des tâches: à Collomb l’économie et le rayonnement, à Kimelfeld l’écologie et la compétence sociale », analyse un observateur de la vie politique locale qui connaît bien les deux hommes pour avoir été cadre local au PS.
Le Grand Lyon est la seule métropole à être une collectivité à part entière, forte de toutes les compétences du département sur ses 59 communes. Et la seule où se tiendront des élections métropolitaines au suffrage universel.
Cette tentative de sortie de crise intervient alors que la droite vient de révéler son propre ticket lyonnais: le sénateur Les Républicains François-Noël Buffet à la métropole pour accompagner le candidat à la mairie Étienne Blanc, bras droit de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes.
« La division entraîne forcément la perte d’une ville », a insisté Gérard Collomb. Il en sait quelque chose puisqu’en 2001, il avait réussi à arracher la troisième ville de France à la droite déchirée entre Michel Mercier et Charles Millon.
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