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Une péniche en bois retrouve son lustre d’antan dans un port bourguignon

Au son de la ponceuse électrique et des coups de marteau, une dizaine de bénévoles s’affairent sur le pont de l’Aster. Comme chaque mercredi depuis cinq ans, ils œuvrent à rendre son lustre à l’une des dernières péniches en bois de France.

Inscrite aux Monuments historiques depuis mars 2017, l’imposante embarcation est depuis 2014 propriété de l’association Aqua, qui sauvegarde la mémoire du patrimoine fluvial dans son musée de la batellerie à Saint-Jean-de-Losne, en Côte-d’Or, là où Saône et canal de Bourgogne se rejoignent.

C’est « la dernière péniche en bois construite en France », conçue à l’origine pour une traction animale avant d’être motorisée, raconte Danielle Moullet, l’une des fondatrices de l’association, qui connaît par coeur l’histoire de ce bateau né en 1951 à la Chapelle-Montlinard, dans le Cher.

Du transport de marchandises aux croisières-repas, en passant par l’hébergement de classes vertes, il a connu de multiples vies. Mais l’engin de 30 mètres de long n’étant plus aux normes, le Conseil général de la Nièvre, son précédent propriétaire, a fini par le mettre en vente en 2010.

« On a mis quatre ans pour négocier » son rachat, conclu « pour un euro symbolique », poursuit Mme Moullet. Le fond de la coque avait été remplacé, mais le bateau était « très endommagé, principalement les plats-bords », la surface plane qui ceinture le pont.

Après avoir transporté par voie fluviale la péniche à Saint-Jean-de-Losne, les bénévoles se sont mis au travail dès septembre 2014. Des retraités passionnés de batellerie qui en sont « presque à 9.000 heures de travail », glisse Mme Moullet.

Dans cette équipe hétéroclite, on compte un menuisier, un ex-policier, un couvreur-zingueur, ou encore un ancien militaire qui fut mécanicien dans l’armée de l’air. De 2015 à 2018, pendant l’été, des chantiers de jeunes sont venus leur prêter main forte.

– Un abri à financer –

« Comme c’est un monument historique, on n’en fait pas un bateau neuf. Tout ce qui est vieux et viable, on garde », résume Jean-Louis Huguenot, 63 ans, en clouant une équerre en tôle galvanisée sur le plat-bord.

A Saint-Jean-de-Losne, autrefois, « l’affrètement des péniches était très important », explique ce professeur de biologie à la retraite. Mais les bateaux de transport se font rares aujourd’hui: « Le fluvial est un souvenir à ne pas oublier ».

Un peu plus loin Jeanine Hornez, ancienne marinière, se souvient de sa vie passée sur les canaux et les fleuves, à conduire des péniches chargées de marchandises. Sur le bateau de ses parents, puis sur celui de son mari et enfin sur le sien.

Elle raconte « un art de vivre » des mariniers. « Dès que je rentre dans un bateau, je suis contente », s’exclame la pétillante retraitée de 87 ans, ajoutant que l’Aster lui rappelle « le temps d’autrefois ».

Le pont avant a été changé et les bollards -bornes d’amarrage métalliques- sont comme neufs. Le chantier en est aux finitions et pourrait être terminé d’ici la fin de l’année.

Le bateau de bois, matériau délicat, aura encore besoin d’un abri pour remplacer la bâche d’horticulture qui en fait pour l’instant office. L’association cherche environ 200.000 euros pour le financer, notamment par le biais de subventions.

Devenue partie intégrante du musée de la batellerie, la péniche devrait sillonner à nouveau les fleuves et canaux mais probablement pas pour transporter des passagers « à cause des nouvelles normes de sécurité », précise le président de l’association, Michel Sandrin.

Lui verrait bien la péniche accueillir « des conférences ou des expositions sur l’avenir de la batellerie. Ce serait le passage de témoin entre le bateau du passé et l’avenir ». Car le transport fluvial a de l’avenir, affirme-t-il: « On nous parle beaucoup d’écologie, il faut que ça redémarre ».

En attendant, l’association a engagé les démarches pour faire classer l’embarcation au titre des monuments historiques, un statut plus protecteur que la simple inscription.

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