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Hong Kong: nouveau week-end tendu après l’interdiction d’une grande manifestation pro-démocratie

Hong Kong se prépare à vivre un week-end tendu, l’interdiction d’une grande manifestation pro-démocratie prévue samedi et l’arrestation de plusieurs figures de la contestation faisant craindre de nouvelles violences.

A Washington, le président américain Donald Trump, dans un premier temps critiqué pour son apparente bienveillance à l’égard des autorités communistes dans leur gestion de la crise, a lancé un appel au calme, exhortant Pékin à agir « avec humanité » à l’égard des contestataires à Hong Kong.

L’ancienne colonie britannique traverse depuis près de trois mois sa pire crise depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations et des actions quasi-quotidiennes qui ont parfois dégénéré. Une situation inédite à laquelle les autorités de la région semi-autonome peinent à répondre.

Un nouveau rassemblement massif était prévu pour samedi à l’occasion du cinquième anniversaire du refus par Pékin d’organiser des élections au suffrage universel à Hong Kong, décision qui fut le déclencheur du « Mouvement des parapluies » de 2014, marqué par 79 jours d’occupation du coeur financier et politique de la ville.

Mais, invoquant des raisons de sécurité, la police a décidé d’interdire cette manifestation. Une mesure draconienne qui pourrait au contraire déclencher de nouveaux heurts avec la frange la plus radicale des contestataires, majoritairement composée d’étudiants très jeunes.

Le paradoxe est que la manifestation était convoquée par le Front civil des droits de l’homme (FCDH), une organisation non violente qui a été à l’origine des plus grands rassemblements de ces derniers mois. En particulier de celui du 18 août qui avait réuni 1,7 million de personnes selon les organisateurs, sans aucun débordement.

– Football ou shopping de masse –

Après la confirmation de l’interdiction, les organisateurs ont retiré vendredi leur appel à manifester pour ne pas jeter d’huile sur le feu. D’autres initiatives, toutefois, se préparent, certains proposant un match de football, une sortie shopping de masse ou encore un rassemblement religieux impromptu…

« La police croit qu’il y a des leaders dans le mouvement et que sa décision d’interdire la manifestation va nous arrêter », confie à l’AFP sous couvert de l’anonymat une manifestante se faisant appeler Kelly.

« Nous sommes nos propres chefs et nous continuerons de sortir (dans la rue). C’est ce que le gouvernement ne comprend pas. »

Deux des représentants de premier plan du « Mouvement des parapluies », Joshua Wong et Agnes Chow, âgés de 22 ans et très populaires au sein de l’actuel mouvement de contestation, ont été arrêtés vendredi à l’aube, notamment pour « incitation à participer à un rassemblement non autorisé ». Tous deux ont été inculpés dans l’après-midi et libérés sous caution.

« Nous poursuivrons le combat, nous ne nous rendrons pas », a promis M. Wong à l’extérieur du tribunal, tout en fustigeant « l’effet glaçant » des arrestations d’opposants.

– « Terreur blanche » –

Les autorités « cherchent à créer la + Terreur blanche + » pour dissuader les gens de participer au mouvement social et démocratique, a-t-il ajouté, utilisant une expression désignant les tentatives de Pékin de diviser les manifestants hongkongais.

Un autre militant, Andy Chan, fondateur d’une minuscule formation indépendantiste interdite par les autorités, a également été arrêté, de même que deux autres contestataires connus, Rick Hui et Althea Suen.

Et pour la première fois depuis le début en juin de la mobilisation, des députés ont aussi été arrêtés.

L’arrestation de l’un d’eux, Cheng Chung-tai, a été annoncée par son mouvement Passion civique sur son site internet. La police a quant à elle fait état de l’interpellation d’un homme de 35 ans, ne l’identifiant que sous le nom de « Cheng » et précisant qu’il était poursuivi pour « complot en vue de provoquer des dégâts criminels », en lien avec le sac du Parlement en juillet.

Deux autres parlementaires partisans de réformes démocratiques, Au Nok-hin et Jeremy Tam, ont plus tard été arrêtés pour obstruction à la police, a fait savoir Passion civique.

Plus de 900 personnes ont au total été interpellées depuis le début de la contestation née du rejet d’un projet de loi qui devait autoriser les extraditions vers la Chine.

Le mouvement a depuis considérablement élargi ses revendications, qui renvoient toutes à la dénonciation d’un recul des libertés et de l’ingérence grandissante de la Chine dans les affaires de la région semi-autonome, en violation du principe « Un pays, Deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession.

Amnesty International a fustigé « ce coup de filet ridicule à l’aube » et condamné les arrestations de M. Wong et Mme Chow, qui sont de « scandaleuses attaques contre la liberté d’expression et de réunion » et des « tactiques visant à semer la peur tout droit sorties des manuels chinois ».

La police a cependant nié vouloir saper les manifestations du week-end. « C’est totalement faux », a déclaré aux journalistes son porte-parole, John Tse.

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