in

Mondial-2019 de rugby: Nouvelle-Zélande, un puzzle pour un triplé

Sacrifié pour la nation: la Nouvelle-Zélande a lié la conquête d’un troisième titre mondial de rugby consécutif, au Japon, au replacement opportuniste de son maître à jouer Beauden Barrett à l’arrière, afin de faire place à Richie Mo’unga à l’ouverture.

Personne, dans la constellation de stars que forment actuellement les All Blacks, n’a eu l’honneur d’être désigné deux fois (2016 et 2017) meilleur joueur du monde comme lui.

Car à 28 ans, Barrett s’est montré le digne successeur de Dan Carter, redoutable coordinateur offensif et perforateur des défenses adverses grâce à son jeu au pied précis. Des prouesses sous le N.10 qui ont amené les Blues d’Auckland à casser leur tirelire pour le faire venir de Wellington, où il évoluait jusqu’ici chez les Hurricanes.

Mais le sélectionneur Steve Hansen estime que la clé, pour gagner une troisième Coupe du monde d’affilée – après 2011 et 2015 -, est de décaler Barrett à l’arrière pour installer à l’ouverture le nouveau venu Richie Mo’unga.

La genèse de cette décision remonte à 2017 et la tournée des Lions britanniques et irlandais, dont la « rush défense », une défense de zone très agressive, a considérablement gêné les arrières néo-zélandais. Barrett a paru décontenancé par moments, commettant des erreurs inhabituelles, et les Blacks ont concédé le nul sur la série de trois matches.

Depuis, d’autres adversaires ont adopté la même tactique, au point que Hansen reconnaisse que son équipe devait trouver des solutions pour renverser cette pression défensive. Son plan: contrer la rush défense en alignant deux meneurs de jeu, l’un à l’ouverture et l’autre à l’arrière, pour multiplier les options offensives.

– « Prendre le risque » –

Barrett est d’abord resté à l’ouverture, avec Damian McKenzie à l’arrière, pour des résultats mitigés fin 2018, avant que le second, victime d’une rupture des ligaments croisés, ne déclare forfait pour le Mondial.

Hansen a alors sorti son plan B: promouvoir Mo’unga en décalant Barrett à l’arrière, où il avait quelques fois pris place au début de sa carrière internationale. Sans lui laisser le choix. « Je ne lui ai pas demandé son avis. Quand j’ai dit: +tu joues arrière+, il a dit: +ouais, pas de soucis+. C’est comme cela que ça s’est passé », assure l’entraîneur en chef.

La décision a évidemment fait réagir, d’autant plus qu’elle décalait aussi l’expérimenté Ben Smith, titulaire à l’arrière en 2015, à l’aile. « Mettre Beauden Barrett en 15, pour moi, c’est absolument ridicule. Il est le meilleur 10 au monde », a ainsi protesté la légende australienne David Campese, tout aussi mécontent du sort réservé à Smith, « l’un des meilleurs arrières au monde ».

La paire Mo’unga – Barrett a mal débuté dans le Rugby Championship cet été: un nul 16-16 à domicile face à l’Afrique du Sud, puis une claque en Australie (47-26), il est vrai en supériorité numérique.

Mais les maîtres du monde se sont réveillés à temps, avec une démonstration face aux mêmes Wallabies (36-0) à Auckland, pour partir au Japon avec de nouvelles certitudes.

Ce sera le dernier défi pour Hansen, qui quittera son poste après la compétition. Tout autre résultat qu’un second titre comme coach principal (il était adjoint en 2011) ternirait son bilan.

En ajustant ses pièces maîtresses aussi près de l’événement, Hansen a montré qu’il en serait un des acteurs principaux, plein de maîtrise et de confiance. « A un moment donné, tu veux voir tous tes bons joueurs sur la pelouse. Les deux sont de classe mondiale », a-t-il dit à propos de Barrett et de Mo’unga.

« Je dis souvent que si le jeu en vaut la chandelle, alors il faut prendre le risque », osait-il avant la première de ce tandem contre les Springboks. Des Sud-Africains que les Blacks retrouveront d’entrée le 21 septembre. « Une bonne façon de démarrer », assure l’ancien troisième ligne des Blacks Victor Vito. « Tu sais tout de suite où tu te situes car tu dois aligner ta meilleure équipe. » Celle des tenants du titre est déjà connue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Mondial-2019 de rugby: dans la poule B, Blacks-Boks, un violent choc d’entrée

    Mondial-2019 de rugby: Namibie, enfin la première?