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Journées du patrimoine: le centre ultra-sécurisé du CEA de Saclay ouvre ses portes

Derrières grilles et barbelés, 6.000 chercheurs, un étang, des bois et de superbes bâtiments de l’architecte Auguste Perret: le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ouvre samedi les portes de son centre ultra sécurisé de la banlieue parisienne.

A 25 km de Paris, entre les champs de blés et les travaux du futur campus de Paris-Saclay, l’entrée du centre CEA a des airs de poste-frontière. Ici, il est question de nucléaire. L’accès est interdit au public.

Mais samedi, par souci d’ouverture, le centre accueillera quelques visiteurs, préalablement inscrits, à l’occasion des journées du patrimoine.

Aujourd’hui, 8 installations nucléaires sont implantées dans ce centre. « Des installations pérennes ou en démantèlement, toutes dédiées à la recherche. Il n’y a pas ici d’activité de production », explique le directeur du centre Michel Bedoucha.

Après « quelques procédures d’accès », les visiteurs découvrent 220 hectares dédiés à la recherche, 33 km de routes, des perspectives à la Versailles et un magnifique patrimoine architectural.

« Le centre atomique est la dernière grande oeuvre d’architecture et d’urbanisme d’Auguste Perret », explique Ana Bela De Araujo, architecte auteur du livre « La cité de l’atome ».

Choisi pour construire cette « vitrine de la recherche Française », ce spécialiste du béton, grand architecte de la reconstruction du Havre -classé au patrimoine mondial par l’Unesco- ou du Palais d’Iéna à Paris, en a conçu les plans en 4 mois.

– « Urgence absolue » –

« Après la guerre, la recherche scientifique en physique nucléaire est une urgence absolue pour la France, à la fois pour l’indépendance énergétique qu’elle procure mais aussi pour ramener le pays au plus haut niveau mondial. Les Etats-Unis ont la bombe, la France doit l’avoir aussi », explique Ana Bela De Araujo.

Résultat, Auguste Perret conçoit une ville hétérogène où se côtoient des bâtiments de représentation (le maréchal Tito et la Reine Elisabeth d’Angleterre ont notamment fait le déplacement) et des lieux utilitaires, industriels.

Plus on s’éloigne du centre et de ses bâtiments « nobles » (comme la monumentale cantine), plus voitures et piétons se font rares, plus les bruits s’estompent, plus l’architecture se fait industrielle.

Les visiteurs y découvrent des bâtiments immenses comme le « hall des essais » avec sa salle de 1.200 m2, éclairée par des baies vitrées de 13 m de hauteur. Des longs, comme le « Chambord » qui hébergeait la pile EL2, un réacteur nucléaire. Des hauts comme le « Van de Graaf » qui accueillait un accélérateur linéaire.

Et l’architecte s’est aussi frotté à « l’art du camouflage », avec le « petit palais de béton rose » aux allures d’école primaire qui abritait le cyclotron, un accélérateur de particules circulaires mis en service en 1953. Ses sous-sols aux murs d’un à deux mètres d’épaisseur servent aujourd’hui de décors à des films rétro-futuriste …

Depuis sa conception, la « Cité de l’atome » n’a cessée de croître, dépassant son rôle initial, scientifico-militaro-industriel.

Les physiciens nucléaires y croisent aujourd’hui des spécialistes du climat et de l’environnement (certains font partie du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC), des sciences du vivant, de la santé, de l’Univers, venus du CEA, du CNRS, de l’Inserm … Au total, 8.500 personnes travaillent sur le centre.

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