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Hong Kong: violences après l’interdiction du port du masque, métros à l’arrêt

Tout le réseau du métro de Hong Kong était à l’arrêt samedi après une nuit de violences entre manifestants pro-démocratie et policiers à la suite de l’interdiction par les autorités du port du masque lors des rassemblements.

La cheffe de l’exécutif local Carrie Lam a invoqué des dispositions d’urgence datant de 1922, auxquelles il n’avait plus été recouru ces 52 dernières années. Elle n’a en outre pas exclu de prendre d’autres mesures dans ce cadre si la situation continuait de s’envenimer.

Sitôt cette interdiction rendue publique, des actions de protestation ont commencé un peu partout dans l’ex-colonie britannique, tandis que fleurissaient sur les réseaux sociaux les appels à manifester les trois prochains jours.

De vastes foules, constituées pour l’essentiel d’employés de bureaux, ont bloqué des artères dans le coeur même du quartier des affaires, certains déchirant des bannières à la gloire de la Chine.

Dans la soirée, des heurts ont éclaté, la police faisant usage de gaz lacrymogène en de nombreux endroits pour disperser les manifestants qui ont envahi des rues, allumé des feux et vandalisé des stations de métro (toutes les lignes ont été arrêtées) et des établissements commerciaux prochinois.

« Le gouvernement ne nous écoute pas. Alors nous renforçons notre action », a déclaré Nathalie, une manifestante âgée de 32 ans, tandis que des protestataires radicaux saccageaient une station de métro dans le quartier habituellement calme de Tseung Kwan O.

Dans l’arrondissement de Yuen Long, un policier a ouvert le feu lorsque sa voiture a été encerclée par la foule et qu’un cocktail Molotov a explosé à ses pieds, d’après des témoins de la scène.

« Une foule importante d’émeutiers a attaqué un policier en civil. Il est tombé au sol, puis a été battu par de nombreuses personnes. Dans ces circonstances de danger pour sa vie, le policier a tiré cinq balles pour sa sécurité », a déclaré la police dans un communiqué.

Dans le même quartier, un garçon de 14 ans a été blessé par balle, a rapporté le quotidien South China Morning Post citant une source médicale, sans pouvoir faire de lien entre les deux évènements.

Après la vandalisation de stations de métro, l’opérateur public MTR a annoncé samedi que le trafic était suspendu sur tout le réseau.

Les services de MTR « ne peuvent pas reprendre ce matin », a indiqué l’opérateur dans un communiqué, précisant que la situation serait réexaminée dans la journée.

Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l’ordre et protestataires masqués.

« Nous pensons que la nouvelle loi aura un effet dissuasif sur les manifestants violents et les émeutiers masqués et aidera la police dans sa mission de maintien de l’ordre », a déclaré Mme Lam au cours d’une conférence de presse vendredi.

Elle a précisé que cette interdiction, qui devait entrer en vigueur à minuit et prévoit jusqu’à un an de prison pour les contrevenants, ne signifiait pas que l’état d’urgence avait été décrété dans ce territoire semi-autonome.

– Eviter le « chaos » –

Les autorités centrales chinoises ont jugé « extrêmement nécessaire » la mesure prise à Hong Kong. « Il est grand temps de mettre fin aux violences en adoptant une attitude plus claire et des mesures plus efficaces », car « le chaos actuel à Hong Kong ne peut pas continuer indéfiniment », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Bureau chargé, au sein du gouvernement chinois, des affaires de Hong Kong et de Macao, Yang Guang.

Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants défilent depuis juin le visage masqué. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz afin de se protéger du gaz lacrymogène et des projectiles tirés par la police.

« Les jeunes risquent leur vie, cela leur est égal d’être emprisonnés pour 10 ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème », a dit à l’AFP un employé de 34 ans dissimulant son visage.

– Loi de 1922 –

Hong Kong a connu mardi sa journée la plus violente depuis juin. Tandis que la Chine populaire célébrait son 70e anniversaire, cette ex-colonie britannique a été le théâtre d’affrontements dans de nombreux quartiers qui ont considérablement éprouvé les capacités de maintien de l’ordre de la police.

Et pour la première fois, un manifestant a été blessé par balle par un policier dont l’unité avait été attaquée.

Depuis, des élus fidèles à Pékin et des syndicats de police avaient appelé l’exécutif à recourir à la loi de 1922, qui autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans le feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.

– « Ironique » –

La majorité politique juge ces mesures d’urgence nécessaires face à une frange radicale de plus en plus violente.

Mais l’opposition estime que permettre ainsi à Mme Lam de court-circuiter le contrôle parlementaire engagerait le territoire sur une pente glissante, d’autant que Hong Kong a assis sa réputation de centre financier mondial sur le respect de l’Etat de droit et l’indépendance de la justice.

Pour Joshua Wong, une figure de proue du combat pour la démocratie, cette loi « annonce le début de la fin de Hong Kong ».

« Il est ironique qu’une arme de l’ère coloniale soit utilisée par le gouvernement chinois et le Parti communiste chinois », a-t-il dit à l’AFP.

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