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En Tunisie, des jeunes épris de changement font campagne pour Kais Saied

Arrivé en tête du premier tour de la présidentielle en Tunisie, Kais Saied a communiqué « l’envie de faire quelque chose pour la patrie » à des jeunes, partis sillonner le pays pour mener sa « campagne explicative » avant le second tour dimanche.

M. Saied a décidé samedi de ne plus faire campagne « pour des considérations morales », afin de ne pas alimenter l’inégalité des chances entre lui et son adversaire Nabil Karoui, incarcéré depuis fin août, mais qui s’est toutefois qualifié au second tour.

Les partisans de M. Saied eux poursuivent leurs visites sur le terrain.

A Fouchana, ville populaire dans la périphérie sud de Tunis, une vingtaine de volontaires exaltés distribuent un dépliant: pas de programme, mais un « projet » reprenant le slogan de la révolution « le peuple veut… », écrit à côté d’une photographie du candidat.

Mayssa Jlassi, une étudiante de 20 ans, dit avoir rejoint « avec beaucoup de conviction » ces bénévoles, majoritairement jeunes.

« Nous avons décidé, nous, citoyens qui croyons au projet de M. Saied et qui rêvons comme lui de changement, d’une Tunisie meilleure, de continuer sa campagne explicative », explique-t-elle.

Des klaxons de soutien retentissent parfois, et des automobilistes demandent si M. Saied est présent.

Mais pour certains électeurs, l’enthousiasme intransigeant et l’inexpérience des militants de M. Saied font peur.

Dimanche, le second tour de la présidentielle opposera ce juriste et universitaire à la retraite à l’homme d’affaire et de médias Nabil Karoui, en détention préventive pour fraude et blanchiment d’argent.

– « Fidèle  » –

La campagne s’organise sans meetings ni grands moyens, comme ces derniers mois. Cette faible visibilité explique l’effet de surprise lorsque M. Saied est arrivé en tête du premier tour le 15 septembre.

Les volontaires inexpérimentés improvisent des rencontres, sans financement extérieur, pour convaincre le maximum de citoyens.

« C’est un travail volontaire pour la patrie et qui ne vise aucune compensation », sourit Mayssa.

« C’est quelqu’un qui ne vend pas des illusions, qui ne promet pas un grand changement immédiat », renchérit Tarek Rahali, 35 ans, un des coordinateurs de cette campagne. « Mais il te donne cette envie de faire quelque chose pour la patrie et de contribuer à l’amélioration de la vie des générations futures ».

Le projet de M. Saied prône un changement des consciences à l’échelle individuelle avant tout, explique à l’AFP Abdelhamid Aouled Ali, 40 ans, un militant chargé de former de jeunes partisans.

Son premier contact avec le juriste était en 2011 lors des manifestations de Kasbah 1, devant le siège de la présidence du gouvernement, appelant à accélérer la transition démocratique après le départ en janvier de Zine El Abidine Ben Ali.

Comme lui, nombre des volontaires en campagne connaissent M. Saied pour l’avoir rencontré lors de ces manifestations où il exposait déjà les idées à la base de son projet.

Depuis 2011, M. Saied « est resté fidèle à ses idées et à ses engagements. Il n’a pas changé ses convictions pour X ou Y au pouvoir », ajoute Abdelhamid avec admiration.

– « Confiance » –

Dans le noyau de supporteurs de M. Saied, figurent d’anciens étudiants et des jeunes qui ont rejoint les groupes de bénévoles, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

Dès 2016, le mouvement « Mouassissoun » (fondateurs, ndlr) avait été créé via une page Facebook pour soutenir le projet et les idées de M. Saied, revendiquant une organisation horizontale, explique Abdelhamid.

Depuis, ce mouvement offre aux adhérents des formations sur le contenu et les ambitions du projet du candidat.

« Il fait confiance aux jeunes et nous lui faisons aussi confiance », assure Khalil Abidi, 31 ans, l’un des jeunes formés par cette association.

« Il a rêvé avec nous et nous rêvons avec lui du changement, pas dans un futur prochain mais, ce qui est certain, pour les générations futures », ajoute Sonia Aouadi, mère de deux enfants, dont l’un est un ingénieur au chômage et l’autre étudiant.

Pour Tarek Rahali, « quelque chose de nouveau est en train de voir le jour en Tunisie, qui rend la jeunesse plus forte ».

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