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Syrie: importante avancée des forces turques, annonce d’un retrait américain

Les forces turques et leurs alliés locaux ont avancé en profondeur en Syrie dimanche, semblant en passe d’achever la première phase de leur offensive contre les forces kurdes, lâchées par Washington qui a annoncé le retrait de près de 1.000 soldats du nord syrien.

Au cinquième jour de l’offensive visant à s’emparer de secteurs frontaliers aux mains d’une milice kurde syrienne, les autorités kurdes ont annoncé la fuite de près de 800 proches de jihadistes du groupe Etat islamique (EI) d’un camp de déplacés après un bombardement à proximité.

L’assaut vise, selon la Turquie, à instaurer une « zone de sécurité » sur une profondeur de 32 km pour séparer sa frontière des territoires contrôlés par les Unités de protection du peuple (YPG), une milice qualifiée de « terroriste » par Ankara. Cette « zone » serait susceptible d’accueillir une partie des 3,6 millions de Syriens réfugiés en Turquie.

L’offensive dans le nord de la Syrie en guerre a provoqué un tollé international. Partenaires des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, les forces kurdes ont accusé Washington de les avoir abandonnées, en retirant lundi dernier leurs soldats des abords de la frontière qui a ouvert la voie à l’offensive turque.

Celle-ci devait se concentrer dans un premier temps sur une bande de territoire frontalière comprise entre les villes frontalières de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes d’environ 120 km, dans le nord de la Syrie.

Dimanche, les forces turques et leurs supplétifs syriens ont conquis Tal Abyad, selon l’agence turque Anadolu et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Désormais, il n’y a plus que Ras al-Aïn qui échappe aux forces turques qui s’étaient emparées de 40 villages depuis mercredi, selon l’OSDH. « Ces forces ont conquis toute la région frontalière, de Tal Abyad jusqu’à l’ouest de Ras al-Aïn ».

– 26 civils tués –

A Ankara, le ministère de la Défense a annoncé la prise d’un important axe routier reliant des territoires contrôlés par les forces kurdes, « en s’enfonçant à 30-35 km de profondeur » en Syrie.

Les combats et les bombardements turcs ou de leurs supplétifs ont été violents dimanche. Au moins 26 civils ont été tués, selon l’OSDH.

En cinq jours, 104 combattants kurdes et plus de 60 civils ont été tués dans les violences, selon un dernier bilan de l’OSDH. Plus de 130.000 personnes ont été déplacées d’après l’ONU.

Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques.

Face à cette escalade, le président américain Donald Trump a ordonné « un retrait délibéré des forces américaines » du nord de la Syrie, a annoncé le chef du Pentagone Mark Esper qui a avancé le chiffre de « moins » de 1.000 soldats.

« Nous n’avons pas abandonné les Kurdes », s’est-il aussi défendu, alors que les critiques de la communauté internationale pleuvent.

A la faveur de la guerre complexe en Syrie déclenchée en 2011, la minorité kurde a instauré une autonomie de facto sur de vastes régions du nord et nord-est du pays, le long de la frontière turque. Ces secteurs sont sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les YPG.

Aidées principalement des Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre l’EI vaincu en Syrie en mars dernier.

– « Ils ont attaqué les gardes » –

Répondant aux menaces et critiques de nombreux pays, le président turc Recep Tayyip Erdogan a répété dimanche sa détermination à poursuivre l’offensive.

« Ceux qui pensent pouvoir nous contraindre à reculer avec ces menaces se trompent », a-t-il dit après que Berlin et Paris ont annoncé la suspension des ventes à la Turquie d’armes qui pourraient être utilisées contre les forces kurdes.

Les FDS ont en outre maintes fait dit que l’assaut turc pourrait entraîner une résurgence de l’EI.

Dimanche, « 785 (proches) de membres étrangers de l’EI ont fui le camp d’Aïn Issa », ont affirmé les autorités kurdes. « Ils ont attaqué les gardes et ouvert les portes ».

« Toutes les familles de membres de l’EI ont fui », a indiqué à l’AFP un responsable kurde, Abdel Qader Mouahad, en faisant état « d’émeutes ».

Selon l’OSDH, une partie des gardiens du camp se sont retirés pour aller épauler leurs camarades combattant les supplétifs syriens à 10 km de là.

Quelque 12.000 combattants de l’EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2.500 à 3.000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons sous contrôle des Kurdes, selon leurs statistiques. Les camps de déplacés accueillent quelque 12.000 étrangers, 8.000 enfants et 4.000 femmes.

L’offensive turque a ouvert un nouveau front dans le conflit complexe en Syrie, où plus de 370.000 ont été tuées et des millions déplacées depuis 2011.

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