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Les voyages scolaires vers le Royaume-Uni, victimes collatérales du Brexit

Quelle que soit l’issue du Brexit, l’incertitude des derniers mois a pesé pour les établissements scolaires, obligés d’anticiper pour organiser des voyages pédagogiques et, parfois même, de renoncer à visiter le Royaume-Uni.

La sortie du pays de l’Union européenne « ne changera peut-être rien, mais on a préféré se donner le plus de facilité possible », explique à l’AFP Axel Raix, principal du collège Boris Vian à Lille. D’où le choix de son établissement de rompre avec la tradition d’envoyer cinq jours en Angleterre les élèves des classes de 4e. Ils partiront cette année à Cork, en Irlande.

Le voyage, un peu plus long, représente un surcoût « de 30 à 40 euros » par élève, une dépense non négligeable pour ce collège classé Rep+ (réseau d’éducation prioritaire). Mais pas question d’abandonner le projet pour autant.

« On a des élèves qui ne sont jamais partis là-bas, qui n’y partiront peut-être jamais, donc c’est maintenant ou jamais », fait valoir le principal.

Le Royaume-Uni, non membre de l’espace Shengen, a annoncé à plusieurs reprises que les conditions d’entrée sur son territoires ne changeraient pas pour les citoyens de l’UE. Mais les enseignants sont préoccupés par le statut des élèves non européens.

« Pour nos élèves marocains, algériens ou irakiens, il y a tout un dossier à faire, on va à la préfecture et on obtient un passeport collectif pour partir en voyage », explique Alyzée Vidondo, professeure d’anglais, qui se charge de l’organisation. « Le fait de choisir un pays dans l’UE facilite les choses, puisqu’il n’y a alors pas besoin de visa ou de passeport individuel ».

– « Elément de motivation » –

A l’inverse, un autre voyage vers l’Angleterre, pour les classes de 6e, demeure, lui, compromis. Comme il se déroule sur une seule journée, il est impossible à l’équipe pédagogique de trouver une destination anglophone accessible autre que le Royaume-Uni.

« C’est bien dommage. Le projet est en attente (de certitudes sur l’après-Brexit), alors que c’est quelque chose qui fait vivre l’établissement », regrette Mme Vidondo. « On essaie de donner du sens aux apprentissages des élèves, mais on perd un élément de motivation pour eux ».

« Mon frère avait fait ce voyage, du coup, moi, j’aurais voulu y aller aussi », explique ainsi Kimia. « Il m’a dit qu’il y avait plein de choses à voir. Je suis un peu triste ».

Comme elle, des centaines de collégiens et lycéens de la région des Hauts-de-France, la plus proche géographiquement du Royaume-Uni, ne franchiront pas la Manche cette année.

« Indiscutablement, on enregistre une baisse du nombre de mobilités vers le Royaume-Uni, en grande partie à cause de l’insécurité administrative concernant les documents de voyage nécessaires », avance Jean Bourdin, délégué académique aux relations européennes pour l’académie d’Amiens. « C’est difficile à chiffrer, mais ça représente facilement 20% quand même ».

L’impact s’observe directement chez certaines entreprises de transports de voyageurs. « C’est le calme plat, on n’a aucune demande de devis » vers le Royaume-Uni, déplore Thibault Vayron, président de Robin des bus, qui a l’habitude de fonctionner avec des scolaires. « Les profs n’osent pas réserver ».

Si elle regrette cette tendance, l’académie d’Amiens encourage les établissements à choisir d’autres destinations. « On promeut beaucoup l’anglais comme une langue de communication, l’anglais peut se parler aux Pays-Bas, dans tous les pays d’Europe du Nord… Donc, pour des élèves un peu plus âgés, on incite fortement des mobilités dans d’autres régions européennes ».

Conscient que le Royaume-Uni est en train de perdre sa place de destination privilégiée pour les voyages scolaires, le British Council, organisme de promotion du pays à l’étranger, vient de lancer un programme de 2,5 millions de livres (2,9 millions d’euros) pour développer des programmes d’échanges dans le secondaire.

« Dans ce cadre, nous sommes actuellement en Normandie, nous travaillons avec les académies de Caen et Rouen pour mettre sur pied 14 partenariats entre écoles britanniques et françaises », annonce à l’AFP Vicky Gough, conseillère école au British Council. « Bien sûr, le Brexit représente des défis et des difficultés administratives supplémentaires, mais nous souhaitons que ce type de projets se perpétue ».

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