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A Sotchi, Poutine annonce ses ambitions pour l’Afrique

Le président russe Vladimir Poutine a promis mercredi de doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux avec l’Afrique, même si peu d’annonces concrètes ont ponctué la première journée de l’édition inaugurale du « sommet Russie-Afrique ».

Devant des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement, le maître du Kremlin a assuré que la Russie pouvait « au minimum doubler » ses échanges économiques avec le continent dans les cinq prochaines années, vantant les « nombreux partenaires potentiels qui ont de très bonnes perspectives de développement avec un énorme potentiel de croissance ».

Un moyen de graver dans le marbre les ambitions de la Russie qui, en organisant dans la station balnéaire de Sotchi le premier « sommet Russie-Afrique », annonce son intention de reprendre pied sur un continent dont il s’est retiré à la chute de l’URSS et où la Chine et les pays occidentaux ont plusieurs longueurs d’avance.

La Russie a sorti les grands moyens pour accueillir les chefs d’Etat africains, qui se sont succédé toute la journée aux côtés de Vladimir Poutine. L’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi avait ouvert le bal, suivi, entre autres, par le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le Nigérian Muhammadu Buhari et le dirigeant congolais Félix Tshisekedi.

Côté business, des flots d’hommes d’affaires russes et africains ont parcouru les allées du forum dans une atmosphère chaleureuse, échangeant de grandes déclarations d’amitié autour des stands de grandes entreprises ou de cuisine russes.

Mais si la Russie avait à coeur de montrer qu’elle peut être un partenaire économique fiable pour l’Afrique, les discussions ont souvent porté sur un domaine dans lequel la Russie a fait ses preuves: les armes et l’envoi de conseillers militaires.

Faustin-Archange Touadéra a ainsi demandé à Moscou de lui envoyer « des moyens létaux et des véhicules blindés de transport de troupe » et réclamé l’intervention de la Russie pour la levée totale de l’embargo sur les armes pesant depuis 2013 sur la Centrafrique, en proie à une guerre civile.

Même rengaine du côté du président namibien, Hage Geingo : « L’armée m’a demandé de vous dire qu’ils sont intéressés pour recevoir l’assistance de conseillers militaires de Russie », a-t-il déclaré lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, selon des produits traduits du russe.

Des signatures de contrats d’armement significatifs « ne sont pas prévues », a toutefois déclaré à l’AFP Alexandre Mikheev, patron de Rosoboronexport, la société publique russe chargée des ventes d’armements.

Les rares contrats signés ont aussi essentiellement concerné la défense, l’Ethiopie achetant un système de défense antimissile Pantsir-S1. Moscou a également signé des contrats de prospection minière en Guinée équatoriale, au Soudan du Sud et au Rwanda.

Au-delà des armes, peu d’entreprises russes étaient visibles. Une vingtaine en tout et, hormis l’agence nucléaire Rosatom, presque aucun groupe énergétique, secteur pourtant crucial de la présence russe à l’étranger.

– « Relation merveilleuse » –

Lors de la session plénière, Vladimir Poutine a aussi promis que la Russie continuerait à aider les pays africains en effaçant leurs dettes, assurant que « le montant total » dépassait déjà 20 milliards de dollars.

Une technique notamment utilisée par la Russie pour mettre le pied en Algérie et en Libye dans les années 2000, effaçant leurs dettes en échange de gigantesques contrats d’armement pour Moscou.

Tout de suite après la plénière, le président russe avait rencontré le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a salué la « relation merveilleuse que nous avons depuis longtemps » et voyant dans le sommet de Sotchi « une opportunité de renforcer nos relations ».

Vladimir Poutine a également rencontré le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qu’il a félicité pour son récent prix Nobel de la paix.

Le sommet, qui doit se répéter tous les trois ans, est d’autant plus important que Moscou, après cinq années de sanctions économiques occidentales, a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone.

Dans un contexte de tensions exacerbées avec les pays occidentaux, il est aussi l’occasion pour Moscou, après son grand retour au Moyen-Orient à la faveur de ses succès syriens, de montrer qu’elle est une puissance d’influence mondiale.

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