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Chili: le président remanie son gouvernement, nouvelles violences

Le président chilien Sebastian Piñera a procédé lundi à un remaniement gouvernemental, mais sans pour l’heure réussir à apaiser la crise sociale alors que de nouvelles violences ont éclaté à Santiago et d’autres villes du pays.

Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre avaient lieu dans le centre de Santiago, quelques heures à peine après les déclarations du chef de l’Etat, a constaté l’AFP.

Les heurts se concentraient non loin du palais de La Moneda alors qu’un rassemblement pacifique de plusieurs dizaines de milliers de personnes avait lieu au même moment sur la Plaza Italia, devenue l’épicentre des manifestations depuis le début de la contestation sociale.

Des affrontements ont également été rapportés par les médias locaux dans les villes de Concepcion (centre) et Valparaiso, où se trouve le siège du Parlement.

Alors que la capitale avait semblé retrouver dans la matinée une certaine normalité, avec la réouverture de nombreux commerces et même des embouteillages, les fumées des barricades enflammées et des gaz lacrymogènes ont à nouveau envahi le centre-ville.

Comme annoncé dès samedi, au lendemain d’une mobilisation historique contre les inégalités socio-économiques qui avait rassemblé plus d’un million de personnes dans le pays, le de l’Etat conservateur a procédé à un renouvellement de son gouvernement.

Huit ministres, dont ceux très critiqués de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances ont été remplacés, soit un tiers du gouvernement.

« Ces mesures ne résolvent pas tous les problèmes, mais il s’agit d’un premier pas important », a déclaré M. Pinera depuis La Moneda.

« Elles reflètent la ferme volonté de notre gouvernement et l’engagement fort de chacun d’entre nous en faveur d’un Chili plus juste et plus équitable sur le plan social », a ajouté le chef de l’Etat, un richissime hommes d’affaires, en fonction depuis mars 2018 après avoir été président une première fois de 2010 à 2014.

– « Préoccupation » –

Parmi les sortants figure le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Andrés Chadwick. Ce cousin de M. Pinera faisait l’objet de vives critiques depuis le début de la crise qui a fait 20 morts, dont cinq par l’intervention des forces de sécurité, et des centaines de blessés.

Le ministre des Finances, Felipe Larrain, a également quitté le gouvernement. M. Larrain était jugé par de nombreux Chiliens comme déconnecté de leur réalité quotidienne pour avoir déclaré en septembre, en annonçant les bons chiffres de l’inflation, que « les romantiques » pouvaient même acheter des fleurs puisque le prix de ces dernières avait baissé.

Autre sortant, Andrés Fontaine, le ministre de l’Economie. Il avait suscité l’ire de la population en lui conseillant de « se lever plus tôt » pour éviter la hausse du tarif du ticket de métro qui concernait spécifiquement les heures de pointe.

Cette augmentation de plus de 3% a été le détonateur de la plus grave fronde sociale depuis plus de trente ans dans ce pays d’Amérique latine.

Le Chili, pays de 18 millions d’habitants réputé pour sa stabilité économique et politique, est en proie depuis le 18 octobre à une vague de contestation sociale inédite depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Vendredi, plus d’un million de personnes se sont rassemblées dans le centre de Santiago et dans plusieurs grandes villes du pays pour protester contre les inégalités sociales engendrées par le modèle économique ultra-libéral instauré sous la dictature et jamais remis en cause depuis le retour de la démocratie.

Avec ce remaniement, « les durs s’en vont, les doux entrent », a résumé à l’AFP Mauricio Morales, politologue à l’Université de Talca, une référence au remplacement des ministres les plus conservateurs par une génération plus jeune et plus ouverte aux préoccupations sociales.

« Il n’y a aucun signe montrant qu’ils souhaitent opérer un changement », a critiqué le sénateur socialiste d’opposition, Carlos Montes.

Ces annonces interviennent alors qu’une mission de l’ONU est attendue mardi au Chili, selon un nouveau calendrier annoncé par le gouvernement, pour enquêter sur des allégations de violations des droits de l’Homme, en particulier pendant l’état d’urgence.

La mesure, décrétée au premier jour des troubles, a finalement été levée dimanche à 00H00 (03H00 GMT) et les milliers de militaires déployés dans la capitale et dans plusieurs régions — une première depuis la fin de la dictature — ont regagné leurs casernes.

Une mission d’Amnesty international est d’ores et déjà sur place. « De l’extérieur, la situation au Chili est observée avec une grande préoccupation », a déclaré lundi à son arrivée à Santiago Pitxu San Martin, un des enquêteurs de l’organisation.

bur-jb/avz

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