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Allier: peines maximales pour deux jeunes meurtriers de personnes âgées

La cour d’assises des mineurs de l’Allier a condamné vendredi deux jeunes meurtriers et tortionnaires de personnes âgées à la réclusion criminelle à perpétuité et à 30 ans de prison, peines maximales, sans que leur procès ne parvienne à expliquer « l’inexplicable ».

Les jurés ont donc suivi les réquisitions de l’avocate générale Emmanuelle Fredon qui avait regretté de ne pas pouvoir réclamer une peine identique pour les deux accusés, estimant qu’ils avaient « tué tous les deux ».

Mais Dailami A. était mineur au moment des faits et à ce titre il encourait une peine limitée à 20 ans de prison, pouvant être portée à 30 ans si « l’excuse de minorité » était écartée.

La Cour a donc choisi la peine maximale en levant « l’excuse de minorité ».

Son co-accusé Zaki A.T., âgé à l’époque de 18 ans et quelques mois, a lui été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté.

« Vous avez été reconnus coupables de l’ensemble des faits pour lesquels vous avez été renvoyés devant cette cour d’assises », a déclaré le président Sébastien Talenti aux accusés, s’adressant à eux l’un après l’autre.

Les deux hommes âgés de 20 et 21 ans, tête baissée, n’ont eu aucune réaction à l’énoncé du verdict.

Ils comparaissaient depuis lundi pour les meurtres, « accompagnés ou suivis d’actes de torture ou de barbarie », de Ginette et Massimo Degl’Innocenti, 85 et 71 ans, et Jeannine Ponce, 74 ans, en mars 2017 à Montluçon (Allier).

Ils ont également été condamnés pour le « viol en réunion » d’une jeune femme dans son appartement, devant son compagnon séquestré, la même nuit que le meurtre de Mme Ponce.

S’ils ont affirmé que leur but était de voler, les agresseurs n’ont au final dérobé que quelques euros à leurs victimes, toutes vivant dans des conditions modestes.

Coups de pied, de couteau, bouteille en verre brisée sur la tête, bombes insecticides vidées dans la bouche: les sévices subis témoignent d’un « déferlement de violence gratuite », avait estimé un policier à la barre.

-colère-

A l’issue du verdict, la fille de Mme Ponce Elisabeth Aubois s’est dite « soulagée que la société puisse être protégée car leur dangerosité a été reconnue ».

Me Jean-Louis Deschamps, avocat de Dailami A., a vu dans ce verdict une « réponse aveugle » mais n’a pas précisé s’il ferait appel de cette décision.

« Inexplicable », « insondable », « indicible »: les débats, et les témoignages des différents experts n’ont pas permis d’éclairer les raisons de ces actes.

Pas plus que les meurtriers, restés impassibles tout au long du procès, malgré les injonctions de leurs avocats de s’expliquer.

Tout juste ont-ils fait part de leurs « regrets » aux familles des victimes en fin d’audience: « j’ai honte de ce que j’ai fait », a dit Zaki A.T., « c’est une plaie qui ne se refermera jamais », a admis Dailami A.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de Zaki A.T., Renaud Portejoie, avait exhorté les jurés à « résister à la colère ».

« Ces tortionnaires, ces barbares, qu’ont-ils fait à ces pauvres gens? Vous êtes en colère contre ces deux-là » et « tout être humain est en colère face à cette atrocité » a-t-il lancé.

Mais « vous ne condamnerez pas Zaki A.T. à la réclusion criminelle à perpétuité » car « vous avez juré de n’écouter ni la haine ni la crainte ni la méchanceté, vous avez juré de résister à la colère » a-t-il plaidé.

-« Incapacité d’expliquer »-

L’avocat est revenu sur les parcours chaotiques et en miroir des accusés, entre Mayotte -où ils ont très jeunes été confrontés à la violence scolaire et familiale- et la métropole -où ils ont été envoyés par leurs familles à l’adolescence, livrés à eux-mêmes.

Il a également critiqué, comme l’avait fait le président Sébastien Talenti au cours du procès, certaines « lacunes » de l’instruction, évoquant l’absence de reconstitutions, d’expertises psychologiques, de recherches d’éléments biographiques.

« Je me résigne à déplorer qu’il est dans l’incapacité totale, absolue, d’expliquer son geste » a assuré de son côté Me Deschamps au sujet de Dailami A.

« Comment exiger de lui qu’il ait un regard pour les victimes. Encore eut-il fallu qu’on lui apprenne! », a-t-il déploré.

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