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Après deux semaines de grève, une situation « catastrophique » pour les commerçants

Un an après la crise des Gilets jaunes, les touristes semblent de nouveau bouder la capitale. La consommation, généralement élevée en cette période de fêtes, est aussi en berne. De quoi inquiéter les commerçants parisiens pour l’année 2020.

À moins d’une semaine de Noël, le chiffre d’affaires des commerçants se réduit comme peau de chagrin. Alors que le mouvement de grèves contre la réforme des retraites est entré dans sa deuxième semaine, les conséquences se font durement sentir sur l’économie parisienne. Commerces de bouche, hôtellerie, magasins… Tous peinent à trouver des clients, d’ordinaire nombreux en cette période de l’année.

« On a perdu 40 % de chiffre d’affaires », se désole Jérémy, directeur de trois restaurants situés dans le 8e arrondissement de Paris, interrogé par France 24. « On a moins de clients. Ils mangent sur le pouce parce qu’ils sont stressés à cause des problèmes de transport. C’est la galère ! »

Un constat que Jérémy n’est pas le seul à le faire. En Île-de-France et à Paris, la plupart des commerçants connaissent des difficultés économiques. Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, note, pour le mois de décembre, 30 % de perte de chiffre d’affaires en moyenne pour les petites entreprises et 45 % de baisse dans le domaine de l’hôtellerie et la restauration.

Des « annulations en cascade » dans les hôtels en raison des grèves

Même bilan du côté de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), premier syndicat patronal du secteur. Franck Delvau, son coprésident, pointe des « annulations en cascade » et des réservations qui se font attendre dans les hôtels. « Le taux d’occupation des chambres subit une baisse de 30 à 40 % alors que l’année dernière, elle était de 13 %, à cause des Gilets jaunes. C’est catastrophique », s’inquiète-il.

Le touristes n’hésitent pas à annuler leur voyage. « Ceux qui viennent de loin ne vont pas pouvoir décaler leur voyage alors que les touristes européens et hexagonaux peuvent reporter leur départ plus facilement », précise Franck Delvau, qui déplore une « fuite de la clientèle aisée ».

Autre secteur dans le rouge, la restauration. D’après Franck Delvau, les restaurants connaissent une baisse de 40 à 70 % de leur chiffre d’affaires, en particulier le soir. « Une fois que les gens sont rentrés chez eux le soir, ils ne veulent plus sortir », précise-t-il en soulignant également « un manque de fréquentation des restaurants à cause de séminaires et de congrès annulés. »

Des difficultés qui se font ressentir jusqu’au marché de Rungis, qui fournit les commerces de bouche de la région parisienne. « Les clients voudraient acheter davantage, mais la restauration souffre parce que les Franciliens ont du mal à se rendre au travail et sortent moins le soir et le weekend », détaille le service communication de l’un des plus grand marché au monde, qui dit toutefois « ne pas connaître de problèmes d’approvisionnement ».

« C’est à cette période que l’année se joue »

Parfumeurs, joailliers et magasins de jouets sont aussi en position de faiblesse. « Pour eux, c’est à cette période que l’année se joue. Ils peuvent faire plus de 40 % de leur chiffre en décembre », lance William Koeberlé, président du Conseil du commerce de France.

Dans tous ces secteurs, la situation s’est, selon Francis Palombi, aggravée depuis le mouvement des Gilets jaunes, car les commerçants n’ont pas réussi à s’en remettre. « Cette grève survient après un an de Gilets jaunes mais il y a encore des entreprises qui n’ont pas été remboursées de leurs dégâts ». William Koeberlé, lui, va plus loin. « Les manifestations des Gilets jaunes n’avaient lieu que le samedi donc on pouvait se rattraper en semaine. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas parce que la grève a lieu toute la semaine. Le manque à gagner est là en permanence. »

Si à Paris et en Île-de-France, la grève se fait durement sentir, ce n’est pas toujours le cas en région. « À Lille, Strasbourg ou Nantes, les magasins ont seulement dû fermer pendant les manifestations. C’est beaucoup moins dramatique », précise William Koeberlé.

Des commerçants aidés par l’État

À la demande des fédérations, le gouvernement a annoncé mercredi 11 décembre que les commerçants pourraient bénéficier d’un dispositif adapté, à l’image de celui déployé pendant la crise des Gilets jaunes. Il s’agit de mettre en place des « mesures d’étalement fiscales et sociales », permettre de mettre les employés au « chômage partiel » mais aussi d’autoriser l’ouverture le dimanche, en Île-de-France. Une main tendue appréciée par les différentes fédérations, qui continuent tout de même de faire pression sur le gouvernement.

De con côté, Anne Hidalgo a appelé le gouvernement à réagir mardi 17 décembre. « Il faut des indemnisations, très clairement, a martelé la maire de Paris, lors d’une conférence de presse. Il y a bien sûr tout ce qui concerne le chômage partiel pour pouvoir permettre à ces commerçants, à ces entreprises de passer le cap, de passer cette période de grève et de conflits. Et puis des indemnisations peut-être exceptionnelles ».

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, devrait également rapidement s’entretenir avec les fédérations de commerçants. D’après Franck Delvau, il s’agira de discuter de la « mise en place » des mesures annoncées le 11 décembre. « Les commerçants ne sont pas des énarques, nous avons besoin de mesures faciles à mettre en place et compréhensibles ».

Poursuite de la grève ou non, l’année 2020 s’annonce compliquée pour les commerçants, notamment avec l’arrivée des soldes. Pour William Koeberlé, « les magasins auront beaucoup de stock à écouler. Donc s’ils vendent, ce sera avec moins de marge. »

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