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De « Nabucco » aux jets de robes: l’inépuisable créativité des manifestants

« Choeur des esclaves » du « Nabucco », jets de robes noires, flashmob de femmes en bleu de travail: 42 jours de grève n’ont pas eu raison de la créativité des manifestants opposés à la réforme des retraites, largement relayée sur les réseaux sociaux.

Beaucoup se souviendront de la Marseillaise et du « Va, pensiero » entonnés par le Choeur de l’Opéra de Paris à Bastille le 17 décembre ou des ballerines en tutu exécutant avec grâce quelques pas du « Lac des Cygnes » sur le parvis du palais Garnier à la veille de Noël.

Autre acte symbolique remarqué et témoin de la colère de nombreux professionnels: les jets d’outils de travail en tout genre, à la face des ministres et directeurs.

Les avocats de Caen ont initié le mouvement le 8 janvier en jetant leurs robes aux pieds de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet.

Ce geste symbolique a été imité par leurs confrères du palais de justice de Paris qui ont réédité l’action, tapissant de leurs robes le dallage de la salle des pas perdus.

Les robes noires ont été imitées par les blouses blanches des personnels de l’hôpital Saint-Louis, qui ont jeté leur vêtement de travail mardi lors des voeux du directeur, en soutien au millier de chefs de service qui se sont engagés à démissionner partout en France faute de moyens.

Les enseignants ont également sévi en vidant leurs cartables et en jetant eux aussi manuels, cahiers et rapporteurs, notamment devant la permanence de la députée LREM des Hauts-de-Seine Bénédicte Petelle.

Sous les ors de la République, les agents du Mobilier national, chargé depuis trois siècles de l’ameublement des palais officiels, ont déposé leurs outils lors des voeux du directeur, pour protester contre la « casse » de leur statut.

Munis de sirènes, les pompiers n’ont pas hésité à escalader des échafaudages gare du Nord pour haranguer la foule et à arroser des mairies et sous-préfectures.

– « Rosie la riveteuse » –

Dans la rue, c’est un tube des années 1980, « A cause des garçons », qui a été revisité par des féministes d’Attac et chorégraphié pour « donner envie de manifester », a expliqué à l’AFP Aurélie Trouvé, une de ses porte-parole.

Devenu « A cause de Macron, c’est la chute des pensions pour Fatou et Marion /A cause de Macron, grandes perdantes nous serons »: le refrain est entonné par des femmes en bleu de travail, fichu à pois rouge et gants de ménage, reprenant l’image iconique de « Rosie la riveteuse » qui faisait tourner les usines d’armement américaines pendant la Seconde Guerre mondiale.

« On a d’abord fait un clip, vu 200.000 fois sur Vimeo, puis un tuto, et un kit complet avec les paroles, indication de costumes, etc., qu’on nous réclame partout », s’enthousiasme Youlie Yamamoto, coordinatrice du projet et contrôleuse des impôts.

Le noyau dur des « Rosie », qui recrute des femmes en début de manifestations, grossit à vue d’oeil et devient le clou des mobilisations sur les retraites, à Paris mais aussi en province à Angers, Le Mans ou Périgueux.

Youlie Yamamoto ne sait plus où donner de la tête, tant la « choré » façon flashmob est demandée, par des profs en grève à Montreuil ou pour une AG d’enseignants à Evry. « Une DJ anglaise nous a même demandé les droits! », lance-t-elle. « Ce qui me ravit le plus, c’est quand j’ai des retours en dehors des cercles militants ».

Lancée le 9 janvier en marge du défilé parisien par 25 participantes, la joyeuse troupe a fini à une centaine sur les marches de l’Opéra Bastille en fin de manifestation.

Lugubres, deux grands vautours noirs aux ailes en sacs poubelles, symbolisant BlackRock et perchés sur de longs bâtons, défilent juste derrière les « Rosie ». Le gouvernement a récemment décerné au patron français de ce gestionnaire d’actifs la Légion d’honneur, un « scandale » pour nombre de manifestants opposés à la réforme des retraites.

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