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le rôle clé d’un syndicat non représentatif, l’Unsa

A la tête du syndicat non représentatif Unsa, Laurent Escure s’affiche comme l’un des interlocuteurs-clés de l’exécutif, au même titre que ses pairs des grandes centrales CFDT et CGT, à la faveur d’une réforme des retraites qu’il ne soutient pourtant pas.

Tête à tête avec Emmanuel Macron, multilatérales et bilatérales à Matignon… D’habitude reléguée au second plan pour les réformes sociales, comme l’exige sa place de syndicat non-représentatif au niveau interprofessionnel, l’Unsa tient depuis quelques mois le haut du pavé pour parler retraites.

Au risque d’agacer la CGT: après avoir appris l’invitation de Laurent Escure à l’Elysée en septembre, Philippe Martinez a dû « batailler », lui, pour décrocher un rendez-vous avec le président de la République.

La FSU et Solidaires, également non-représentatives, regardent aussi de travers le « favoritisme » envers l’Unsa. Elles n’ont pas accès aux réunions avec l’exécutif pour discuter du système universel de retraite par points.

« La FSU est la première fédération dans l’éducation. Nous avons demandé à être reçus au même titre que les autres syndicats, on nous a écoutés poliment à Matignon, mais sans plus », avait regretté mi-décembre Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.

Ces deux organisations réclament le retrait de la réforme, tout comme la CGT ou FO, quand l’Unsa a une position plus « complexe », explique à l’AFP Laurent Escure.

« RATP, SNCF, enseignement, police, pénitentiaire… Les bastions de l’Unsa verront pour la plupart leurs régimes spéciaux supprimés. Nous n’étions donc pas demandeurs de la réforme », relève le secrétaire général du syndicat autonome, lui-même enseignant.

Mais partant du principe qu’Emmanuel Macron « ira jusqu’au bout », il a choisi « de négocier avec l’exécutif pour obtenir des compensations, de moindres reculs », « plutôt que de réclamer un retrait qu’on n’obtiendra pas ».

– « Très bonne réputation » –

Même si sa stratégie a été validée « à l’unanimité » en interne, elle ne passe pas partout. Depuis le début de la fronde le 5 décembre, des syndicats Unsa sont en première ligne dans leurs fiefs de la RATP et de la SNCF, mais aussi dans l’enseignement, l’énergie, la police…

Laurent Escure soutient que sa position a permis d’obtenir un recul sur l’âge pivot ou des « garanties » pour les enseignants. Il réfléchit déjà à la « conférence de financement », mettant sur la table des pistes comme l’utilisation du Fonds de réserve, le prolongement de la Contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) ou la contribution des employeurs pour équilibrer le système.

Comment expliquer la présence de l’Unsa aux discussions? Logique, répond le leader syndical.

L’exécutif a repris sa proposition sur la représentativité interprofessionnelle nationale qu’il a faite dès son arrivée à la tête de l’Unsa, en avril 2019: abaisser le seuil (à 7% contre 8% actuellement) et intégrer la représentativité dans le fonction publique.

Actuellement, seules cinq organisations syndicales – la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC – sont représentatives au plus haut niveau, national et interprofessionnel – pour discuter des réformes, notamment -, ayant dépassé 8% des votants du seul secteur privé.

Ce n’est pas le cas de l’Unsa (5,35%). Dans le public, elle a obtenu 11,2%. En utilisant les deux votes, public et privé, elle obtiendrait 7,16%, calcule M. Escure.

Sa proposition a été reprise dans le rapport Delevoye et dans l’article 49 du projet de loi pour calculer la représentativité au sein de la future « Caisse nationale de retraite universelle ». Le seuil y est même de 5%.

L’exécutif invite donc l’Unsa en s’appuyant sur cette « règle ». Or elle n’a pas encore été votée au Parlement, ce qui irrite les syndicats opposés à la réforme des retraites, qui y voient « un cadeau » pour que l’Unsa ne s’oppose pas frontalement au projet.

« Ce serait insultant de le penser », balaie M. Escure.

A Matignon, on loue la « très bonne réputation » du leader, qui a « su faire un pas vers le gouvernement ». « Dans une réforme dont la particularité est de supprimer les régimes spéciaux, il y a un enjeu vis-à-vis de l’Unsa », ajoute-t-on.

Thomas Fatome, le directeur de cabinet adjoint d’Edouard Philippe, en pointe sur la réforme des retraites, salue « un partenaire qui a montré un esprit de responsabilité » sur ce dossier.

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