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qu’est-ce qui pousse les gens à manifester?

Ils sont toujours des dizaines de milliers à battre le pavé à chaque appel des syndicats opposés à la réforme des retraites, sans réussir à entamer la détermination du gouvernement. Qu’est-ce qui pousse les gens à manifester?

Le 6 février sont programmées de nouvelles manifestations interprofessionnelles pour réclamer le retrait du projet de système universel par points.

« D’autres suivront », a prévenu Catherine Perret, responsable à la CGT, juste avant de défiler mercredi à Paris de la place de la Nation jusqu’à celle des Invalides.

Plus de trois heures de marche dans une ambiance bon enfant, où les pancartes et les slogans anti-réforme ont rivalisé d’inventivité.

« On ira jusqu’au bout tant qu’Emmanuel Macron et Édouard Philippe n’entendent pas qu’ils sont isolés dans ce pays », ajoute la dirigeante.

Au-delà du discours politique porté par les confédérations, « ça fait du bien de hurler sa colère, son mécontentement, de pouvoir échanger avec d’autres manifestants », explique Michèle, secrétaire en pré-retraite.

« On se comprend entre nous, sans faire de longs discours », dit cette « gilet jaune » et France Insoumise.

N’appartenant à aucun syndicat, elle a participé à presque tous les cortèges parisiens depuis le 5 décembre, pour défendre un « système de retraites juste pour ses enfants et petits enfants ».

Et continuera « jusqu’au retrait »… sans trop y croire, car le nombre des manifestants « n’est pas au rendez-vous ».

Mercredi, 108.000 personnes ont battu le pavé partout en France selon le ministère de l’Intérieur (la CGT n’a pas donné de chiffre). Loin des 806.000 du 5 décembre, 1,5 million selon la CGT.

« Personne chez les leaders syndicaux n’a jamais cru qu’il y aurait retrait. Même en 2010, il n’y a pas eu retrait », relève un haut responsable syndical.

Il y a 10 ans, une autre réforme décriée des retraites avait rassemblé 1,23 million selon le ministère de l’Intérieur, jusqu’à 3,5 millions selon les syndicats. Sans que les syndicats obtiennent gain de cause.

– « Une fin en soi » –

La dernière fois où des manifestations syndicales ont infléchi une position gouvernementale date de 2006, avec le retrait du contrat première embauche (CPE). Les syndicats de salariés avaient alors été fortement appuyés par les organisations de jeunesse.

Aujourd’hui, « on a l’impression que les dirigeants ne nous entendent pas. Ce n’est pas une raison pour ne rien faire! », dit Samuel, doctorant à l’Ecole normale supérieure.

Lui aussi a participé à quasi toutes les manifestations contre la réforme des retraites et n’a pas l’intention d’arrêter.

« Ça permet d’échanger sur la précarité. On se rend compte qu’on n’est pas seuls. Au bureau, on n’en parle pas entre nous, on est isolé », explique-t-il.

Baptiste Giraud, maître de conférences en science politique à l’université d’Aix-Marseille, confirme la dimension collective de cette modalité d’action.

D’abord pour les salariés grévistes. « La grève est un moment difficile: comment on occupe son temps la journée? La force du nombre de la manifestation soutient le moral, permet de sortir de l’isolement, donne de la visibilité », fait-il valoir.

De manière plus large, « la manifestation peut être une fin en soi, le plaisir de se retrouver ensemble » pour les militants syndicaux, dit-il, surtout après des années de démobilisation ou de manifestations parasitées par des violences en marge des cortèges.

En outre, « la manifestation donne une visibilité à la contestation et contraint le gouvernement à défendre sa réforme », ajoute le chercheur.

Alors que le texte a commencé son parcours parlementaire, c’est aussi un « point d’appui » pour les députés opposés au projet.

« Sans manifestations, il n’est pas certain que les députés s’engageraient à ce point contre ce projet », selon lui.

Pour l’historienne des mouvements sociaux Danielle Tartakowsky, les cortèges « montrent que les manifestants sont une force ».

Et « la surdité de l’exécutif vis-à-vis des corps intermédiaires contribue à faire monter la motivation pour manifester » et « crée de l’inventivité », estime-t-elle.

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