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suspense autour du sort de la seule patronne du CAC 40

La patronne d’Engie, Isabelle Kocher, doit-elle rester à la tête du géant de l’énergie en pleine mue? L’Etat a moins d’un mois pour trancher ce dossier qui suscite les passions et commence à prendre une tournure politique.

Directrice générale d’Engie depuis mai 2016, Isabelle Kocher est aujourd’hui la seule dirigeante d’une grande entreprise du CAC 40 et figure en bonne place du classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde.

Mais alors que son mandat arrive à échéance en mai, un conseil d’administration devra décider à la fin du mois de février si elle peut effectuer un mandat supplémentaire.

« Je suis très motivée pour poursuivre ma mission » et « je ne me place pas » dans la perspective d’un départ, a-t-elle déclaré dans un entretien au Journal du Dimanche.

Cette reconduction ne semble pourtant pas aller de soi: depuis des mois, son départ est évoqué dans la presse, des sources anonymes l’attaquant pêle-mêle sur la faiblesse supposée de son entourage à la direction exécutive, des divergences sur la stratégie future ou sa personnalité. « Une campagne de presse », regrette l’intéressée.

L’Etat, premier actionnaire de loin avec 23,6% du capital, aura un rôle clef dans la décision de la renouveler ou non. Mais le gouvernement, qui peut d’ailleurs réduire cette participation depuis l’adoption de la loi Pacte, reste pour l’instant très prudent dans son expression publique.

« Le seul point sur lequel nous nous prononcerons, c’est le bilan et les perspectives pour Engie », affirmait en janvier depuis le forum de Davos le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.

« Je demande au gouvernement de soutenir Isabelle Kocher, je demande à Emmanuel Macron de la soutenir », a pour sa part réclamé lundi le député européen EELV Yannick Jadot. « Je soutiens cette femme qui est en train de faire changer un grand groupe énergétique français vers ce que nous portons, la révolution climatique, la révolution énergétique, l’efficacité dans nos logements », a-t-il dit sur LCI.

M. Jadot fait d’ailleurs partie des cinquante signataires d’une tribune publiée lundi soir sur le site internet du journal économique Les Echos pour défendre Isabelle Kocher.

Des personnalités de tous bords politiques (Xavier Bertrand, Anne Hidalgo, Cédric Villani…) et du milieu des affaires (Frédéric Mazzella, Clara Gaymard…) plaident pour son renouvellement et saluant notamment « sa formidable réussite » sur la question de la transition énergétique.

– « Nouvelle page » –

L’ex-GDF Suez s’est en effet profondément transformé ces dernières années, avec un accent mis sur trois activités principales: les services énergétiques, l’électricité d’origine renouvelable ainsi que les infrastructures gazières.

« Nous sommes le bras armé industriel de la politique française voulue par le président de la République sur le climat », souligne ainsi Isabelle Kocher.

Ce brusque virage a toutefois heurté certains cadres de l’ancien champion gazier. Les relations de Mme Kocher avec l’ancien patron historique du groupe, Gérard Mestrallet, sont notoirement difficiles.

Pour l’avenir, d’autres questions restent en suspens comme l’avenir de l’activité nucléaire d’Engie en Belgique ou de la participation de 32% du groupe dans Suez.

L’hypothèse d’une vente des infrastructures gazières a aussi été évoquée avant d’être démentie par le président d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu. Ce scénario de démantèlement avait affolé les syndicats, alors que l’entreprise est déjà profondément déstabilisée par les diverses rumeurs, selon plusieurs sources internes.

« Tant que l’Etat ne dit rien, les chiens se battent dans la cour », regrette une source bien informée.

En attendant, Isabelle Kocher a fait des concessions dans l’espoir de sauver sa tête. Dans une lettre au conseil d’administration la semaine dernière, elle a proposé des pouvoirs plus étendus à Jean-Pierre Clamadieu.

« Je l’ai dit très clairement à notre président: j’ai envie d’écrire cette nouvelle page avec lui en travaillant ensemble plus étroitement, et avec un cadre d’échanges et de travail renouvelé auquel j’adhère sans aucune réserve », a-t-elle écrit dans un document consulté par l’AFP.

La dirigeante a aussi ces derniers mois défendu son bilan financier, arguant que le virage stratégique avait permis de renouer avec la croissance et que le cours de Bourse a commencé à rebondir.

Des arguments qui ont commencé à porter sur les marchés. « Nous pensons que la directrice générale mérite quatre année de plus », écrivent les analystes de HSBC dans une note publiée le mois dernier.

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