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20 ans requis contre Saïd Bouteflika et ses trois co-accusés

Vingt ans de prison ont été requis lundi contre Saïd Bouteflika, frère et ex-conseiller du président déchu Abdelaziz Bouteflika, et ses trois co-accusés, deux anciens patrons du renseignement et une responsable de parti politique, rejugés en appel depuis dimanche en Algérie.

Ces réquisitions sont les mêmes que lors du procès de première instance en septembre, devant le tribunal militaire de Blida (à une cinquantaine de km au sud d’Alger) qui avait condamné les quatre accusés, détenus depuis leur arrestation en mai 2019, à 15 ans d’emprisonnement pour complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat.

Comme en première instance, le procès en appel, se déroule à huis clos et les journalistes sur place sont tenus à l’écart de la Cour d’appel militaire de Blida, bouclée par un imposant dispositif de sécurité. Peu d’éléments ont filtré sur le déroulement de l’audience dimanche, durant laquelle les accusés ont été entendus.

La matinée de lundi a été principalement consacrée au réquisitoire, a indiqué à l’AFP Me Farouk Kessentini, avocat du général Mohamed Lamine Mediene, alias « Toufik ».

Ce dernier, surnommé au faîte de sa puissance « le Dieu de l’Algérie », a dirigé durant 25 ans, jusqu’à son limogeage en 2015, le tentaculaire Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), structurellement rattaché à l’armée mais dans les faits véritable « Etat dans l’Etat ».

– « Dossier vide » –

Lundi matin, une partie des neuf avocats de la défense de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT, trostkiste) et proche de la famille Bouteflika, a aussi commencé à plaider et réclamé l’acquittement, a indiqué à l’AFP l’un de ces défenseurs, Me Boudjemaâ Guechir.

Les plaidoiries du reste des avocats de Mme Hanoune doivent se poursuivre dans l’après-midi, suivies de celles des avocats des autres accusés. La défense parle d’un « dossier vide » et a dénoncé le huis clos.

Le verdict est attendu tard lundi, selon les avocats.

Le principal accusé de ce procès, Saïd Bouteflika, 62 ans, fut l’influent conseiller spécial de son frère Abdelaziz durant ses 20 ans de présidence (1999-2019). Son pouvoir s’était renforcé au point d’être considéré comme le « président-bis », à mesure que déclinait la santé du chef de l’Etat, victime en 2013 d’un AVC qui l’a laissé paralysé et aphasique.

Absent du box, le 4e accusé, le général Athmane « Bachir » Tartag, ex-bras droit de « Toufik », à qui il avait succédé en prenant la tête de la Coordination des Services de sécurité (CSS), structure ayant remplacé le DRS démantelé, a comme, la veille, refusé de comparaître lundi.

Tous quatre sont accusés de s’être réunis en mars 2019 pour élaborer un « plan de déstabilisation » du haut commandement de l’armée qui demandait alors publiquement le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du « Hirak », puissant mouvement populaire de contestation du régime, apparu le 22 février.

– Lutte de pouvoir –

Selon l’accusation, Saïd Bouteflika entendait s’appuyer sur les ex-patrons du renseignement pour limoger le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, jusque-là indéfectible soutien du chef de l’Etat qui l’avait nommé à ce poste en 2004.

Abdelaziz Bouteflika a finalement démissionné le 2 avril 2019, quelques heures après un ultimatum de l’état-major de l’armée demandant son départ « immédiatement ».

Mme Hanoune a admis sa participation à une réunion avec Saïd Bouteflika et « Toufik » le 27 mars, au lendemain d’une déclaration du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ du pouvoir de M. Bouteflika dont il était jusqu’ici un indéfectible soutien. Mais elle nie tout complot.

Le 30, le général Gaïd Salah avait publiquement dénoncé la tenue d’une « réunion » visant à élaborer un plan destiné à décrédibiliser l’armée. Le 2 avril, il avait à nouveau dénoncé des « réunions suspectes tenues clandestinement pour comploter » contre les propositions de sortie de crise de l’armée.

Pour de nombreux observateurs, les quatre accusés apparaissent comme les vaincus d’une longue lutte de pouvoir ayant opposé sous la présidence Bouteflika l’état-major de l’armée et le DRS.

Le général Gaïd Salah, qui a incarné la réalité du pouvoir entre le départ de M. Bouteflika et l’élection de son successeur Abdelmadjid Tebboune le 12 décembre, est décédé le 23 décembre à 79 ans.

La défense, qui estime que le défunt est à l’origine des poursuites, a dit espérer que son décès changera « la donne » du procès.

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