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Candidate aux municipales et trisomique, Eléonore Laloux milite pour plus d’inclusion

Depuis des années, elle milite pour l’autonomie des personnes handicapées. Alors, quand le maire d’Arras lui a proposé d’intégrer sa liste en vue des prochaines élections municipales, Eléonore Laloux, porteuse de trisomie 21, n’a pas hésité.

« C’est un projet qui me tient à cœur », explique la jeune femme, à la table de l’appartement qu’elle habite seule dans le centre d’Arras.

Parmi les préoccupations qu’elle souhaite mettre en avant à la mairie si elle est élue, elle cite notamment le civisme et la propreté, enjeux pour lesquels elle a déjà formulé des propositions. Sur le handicap, elle veut contribuer à « faire évoluer les regards », et « améliorer l’accessibilité ».

Un engagement dans la droite ligne de son activité militante. A 34 ans, elle a déjà un parcours très riche, qu’elle retrace dans un livre, « Triso et alors ! » (Max Milo, 2014): elle y partage les combats menés pour s’intégrer et les obstacles rencontrés. « Mon petit bijou », dit-elle de l’ouvrage.

Eléonore Laloux a également multiplié les interventions auprès de responsables politiques pour les sensibiliser à la situation des personnes trisomiques : elle a ainsi été reçue à l’Elysée pendant le quinquennat de François Hollande, ou s’est exprimée devant les membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Surtout, elle mène une activité associative foisonnante : porte-parole du collectif « Les Amis d’Eléonore », elle lutte contre la stigmatisation de la trisomie 21. Elle est aussi membre du bureau de l’association Down Up, qui milite pour les droits des personnes présentant une déficience intellectuelle.

-Scolarité « normale »-

Après une scolarité « normale », loin des établissements spécialisés grâce au combat opiniâtre de ses parents, Eléonore Laloux vit en autonomie. Elle travaille, « depuis 14 ans », en tant qu’agent administratif dans un hôpital privé.

Amatrice de cinéma, de mode et de rock, elle joue de la guitare électrique. Parmi ses références, elle cite spontanément Blur, Radiohead ou Bob Dylan… ainsi que le groupe « Trois cafés gourmands ». « Ils nous viennent de Corrèze », précise-t-elle. « Je suis hyper fan ».

Elle se « débrouille toute seule » chez elle depuis qu’elle a quitté le domicile parental il y a 8 ans. « Je fais un peu de cuisine, je +checke+ mes mails… J’aime bien me sentir débrouillarde ».

Cette autonomie, elle la doit en partie à ses parents, Maryse et Emmanuel Laloux. « On a toujours voulu qu’Éléonore, née différente, puisse vivre comme tout le monde », explique son père, âgé de 66 ans, cheveux gris sous un bonnet noir laissant apercevoir une boucle d’oreille.

« Quand on regarde une personne par ses incompétences ou sa déficience, elle va se comporter comme une personne déficiente », estime-t-il. « Alors que si on porte le regard sur ses compétences, elle peut développer ses capacités ».

-« Culture de l’assistanat »-

Tandis que le président Emmanuel Macron réunit mardi une Conférence nationale du handicap et que la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel a lancé lundi un « appel à tous les partis politiques » pour « faire une place aux personnes handicapés sur » les listes, Emmanuel Laloux aimerait voir un changement dans les pratiques et les mentalités.

« En France, on a la culture de l’assistanat », soutient celui qui est aussi président de l’association Down Up. « Nous considérons qu’une personne en situation de handicap doit être accompagnée, mais pas assistée ».

Il juge « intéressant » la démarche de sa fille aux élections municipales à condition qu’il y ait, de la part des autres élus, « une vraie prise en considération des besoins d’Eléonore en termes d’accessibilité intellectuelle ».

Le maire d’Arras, Frédéric Leturque, est conscient de ces enjeux. « Eléonore m’a conduit à composer l’équipe municipale en pensant à son intégration dans un environnement cohérent, et nous conduit à nous former pour que le défi qu’on s’est lancé soit un succès à la fin de la prochaine mandature. L’objectif est de travailler l’inclusion, pas de jouer sur sa différence ».

L’édile réfléchit actuellement à la délégation qu’il lui proposera en cas de victoire, mais prévoit déjà de compter sur elle. « Elle est autonome, elle vous parle avec conviction, elle a des sujets précis, elle a une capacité de proposition… c’est une personnalité extraordinaire ! ».

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