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les Afghans rêvent d’une vie après la guerre

Avec le début d’une trêve partielle samedi en Afghanistan, les Afghans se prennent à imaginer une vie après des décennies de conflit, dans un pays qu’ils pourraient enfin visiter.

Sur les réseaux sociaux, deux hashtags sont apparus en dari et en pachtou, les deux principales langues du pays : #SiLaPaixRevient et #QuandIlYAuraUnCessez-le-feu.

« Je veux aller au Nouristan, courir, rire, chanter, danser, siffler et manger des yaourts » censés être plus naturels, dans cette province reculée du Nord-Est, actuellement sous contrôle taliban, tweete Ramin Mazhar.

« Je veux toucher ses collines vertes, ses folles rivières et son ciel bleu. Je veux grimper à ses arbres et connaître ses pigeons », poursuit ce poète de renom, qui a contribué à populariser ces mots-dièses.

Des Afghans de tous horizons utilisent ces hashtags pour s’inventer des voyages à pied, à vélo ou en voiture. Leurs compatriotes vivant hors du pays promettent d’y revenir si la guerre prend fin.

Sans attendre aussi longtemps, à Jalalabad, dans l’est du pays, des dizaines de cyclistes ont enfourché samedi leur vélo pour une « course de la paix » marquant le premier jour de trêve, un spectacle jusqu’alors difficilement imaginable dans une ville régulièrement frappée par des attentats.

Quelque 60 personnes venues de neuf provinces différentes participaient à la course, a affirmé à l’AFP l’organisateur, Fazli Ahmdi Fazli.

« Le but de ce rassemblement est de marquer la réduction de la violence et d’en transmettre le message à notre peuple », a-t-il expliqué.

L’Afghanistan n’a plus connu la paix depuis l’invasion soviétique de Noël 1979.

Les talibans, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, mènent une guérilla implacable aux forces afghanes et américaines. Dix-huit ans d’atrocités, qui pourraient enfin prendre fin, rêve la population.

Washington a engagé il y a plus d’un an des négociations avec les insurgés, en vue d’un accord qui permettrait le retrait de milliers de soldats américains d’Afghanistan en échange de garanties sécuritaires.

Si la réduction des violences entrée en vigueur samedi se confirme, un accord américano-taliban doit être signé le 29 février. Des pourparlers devraient ensuite se tenir entre les rebelles et le gouvernement de Kaboul, en vue d’une paix durable.

– ‘Hippie trail’ –

« Ces 15 dernières années, les gens n’ont pas pu emprunter les grandes routes en toute sécurité », regrette Ramin Mazhar, interrogé par l’AFP. Les talibans, qui contrôlent ou disputent au gouvernement de Kaboul la moitié du territoire, « les arrêtent, les tuent ou les kidnappent », se désole-t-il.

Dans les années 1960 et 1970, l’Afghanistan était pourtant une destination populaire, étape incontournable du « hippie trail », qu’empruntaient des Européens arrivant de ou allant en bus vers l’Inde ou le Pakistan.

Ils s’émerveillaient alors devant ses sublimes massifs enneigés, ses vallées verdoyantes et ses déserts immaculés.

Si la beauté minérale du pays subsiste, l’industrie touristique n’est plus. Quatre décennies de guerre ont rendu les routes trop dangereuses.

La grande majorité des Afghans, trop pauvres pour se payer d’onéreux vols intérieurs, ne peuvent voyager hors de leurs villes et villages. Des millions d’autres ont fui les violences dans les grandes villes ou à l’étranger.

« J’ai promis d’emmener mes amis au Badakhshan… (et) je tiendrai ma promesse lorsqu’il y aura un cessez-le-feu », écrit Adbullah Jahid sur Twitter, en référence à une province aux pics spectaculaires du nord-est du pays.

Même les talibans font part de leurs espérances sur les réseaux sociaux.

« Il était très simple de voyager sous le régime taliban mais l’Amérique a tout détruit. Quand l’invasion (américaine) s’achèvera, tout redeviendra facile », tweete un de leurs partisans.

D’autres aspirent simplement à aider ceux qui ont le plus souffert de la guerre.

Telle Heela Najibullah, fille de l’ancien président Najibullah Ahmadza, torturé et assassiné par les talibans en 1996 dans la province de Paktia (sud-est), où elle veut « créer une école » et « donner des cours à l’université ».

Et de tweeter encore: « Je vais marcher jusqu’à la tombe de mon père. Je vais pleurer et prier pour que plus aucun Afghan ne devienne orphelin ».

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