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Human Rights Watch accuse l’armée de massacre au Cameroun anglophone

Human Rights Watch a accusé mardi les forces armées camerounaises d’avoir participé au massacre d’au moins 21 civils ce mois-ci dans une région où les troupes combattent des séparatistes anglophones.

« Les forces gouvernementales et l’ethnie peule armée » ont procédé au massacre de Ngarbuh, dont 13 victimes et une femme enceinte ont été tuées, a indiqué HRW.

Les Peuls sont un groupe ethnique également appelé Peuls.

« Les massacres horribles de civils, y compris d’enfants, sont des crimes flagrants qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes, et les responsables devraient être traduits en justice », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior chez HRW pour l’Afrique.

« Nier que ces crimes se sont produits ajoute une nouvelle couche de traumatisme aux survivants et ne fera qu’encourager les troupes gouvernementales à commettre plus d’atrocités. »

L’armée affirme qu’il n’y a eu que cinq morts parmi les civils, ce qui s’est produit lorsque des conteneurs de carburant ont explosé lors d’un échange de tirs.

L’incident s’est produit le 14 février dans une partie reculée de la région du Nord-Ouest – l’une des deux régions anglophones en proie à un conflit déclenché par des revendications d’indépendance de la majorité du Cameroun francophone.

Plus de 3 000 personnes sont mortes et au moins 700 000 ont fui leurs foyers dans l’agitation de près de 29 mois. Les observateurs des droits de l’homme disent que des abus ont été commis par les deux parties.

– «Piller, battre, tuer» –

HRW a déclaré mardi avoir tiré ses conclusions après avoir interrogé 25 personnes, dont trois témoins de meurtres et sept proches de victimes. Il a également examiné les images satellite prises avant et après l’attaque.

Entre 10 et 15 soldats, dont des membres du bataillon d’élite d’intervention rapide, ainsi qu’au moins 30 Peuls armés, sont entrés dans Ngarbuh, un quartier du village de Ntumbo, vers 13 h 00 (22 h 00 GMT) le 13 février, a-t-il déclaré dans une déclaration.

Après des heures à piller des maisons et à battre des civils, certains de ces hommes ont attaqué le soi-disant district de Ngarbuh 3, « tuant 21 civils dans quatre maisons, puis incendiant les maisons », selon le communiqué.

L’armée a déclaré aux résidents « que l’attaque visait à punir les civils soupçonnés d’abriter des combattants séparatistes », a déclaré HRW, citant 12 témoins.

Les personnalités de l’opposition au Cameroun ont rapidement accusé les forces armées d’avoir joué un rôle.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), l’un des deux principaux partis d’opposition, a imputé « ces crimes » principalement au régime et au chef des forces de sécurité.

Un personnage clé du mouvement séparatiste, l’avocat Felix Agbor Mballa, dans un article sur Facebook, a également accusé les « forces de défense de l’Etat » d’avoir perpétré les tueries.

Le 17 février, le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo, a déclaré que les décès étaient dus à un « malheureux accident » lorsque le carburant avait été incendié lors d’une fusillade entre les troupes et les séparatistes.

Il a déclaré que les échanges de tirs étaient intervenus après que quatre soldats et deux gendarmes, en reconnaissance nocturne, eurent subi des tirs nourris.

Cinq civils – une femme et quatre enfants – sont morts et « sept terroristes » ont été « neutralisés », a indiqué à l’AFP Atonfack.

Le lendemain, le bureau des droits de l’homme des Nations Unies à Genève a déclaré que 23 personnes étaient décédées dans « l’épisode choquant » et a exhorté le Cameroun à mener une enquête « indépendante, impartiale et approfondie ».

– L’héritage de l’ère coloniale –

Les anglophones représentent près d’un cinquième de la population camerounaise de 24 millions d’habitants, majoritairement francophone.

La présence de cette minorité remonte à la colonisation européenne de l’Afrique aux XIXe et XXe siècles.

Autrefois protectorat allemand, le Cameroun a été divisé entre la Grande-Bretagne et la France après la Première Guerre mondiale.

Le territoire administré par la France est devenu indépendant le 1er janvier 1960. La section britannique a suivi en 1961, une partie de celle-ci fusionnant cette année-là avec le Cameroun français dans une fédération.

En 1972, l’accord fédéral a été abandonné en faveur d’une seule République-Unie du Cameroun.

Des années de griefs contre la discrimination perçue à l’égard des anglophones ont fait boule de neige dans une déclaration d’indépendance dans les régions anglophones en octobre 2017, qui a été suivie d’une répression gouvernementale.

La déclaration n’a pas été reconnue à l’échelle internationale et le président Paul Biya, au pouvoir depuis 37 de ses 87 ans, a refusé d’exiger le retour au système fédéral.

Cependant, le gouvernement a récemment décentralisé certains de ses pouvoirs après un « dialogue national » sur la crise anglophone boycotté par les séparatistes.

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