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incertitude sur le procès de Redoine Faïd, absent à l’ouverture

L’as de l’évasion Redoine Faïd, en grève de la faim depuis une semaine, a refusé jeudi d’être extrait de cellule pour assister au procès en appel d’un braquage d’un fourgon blindé en 2011, dont il est le principal des quatre accusés.

A l’ouverture du procès à Saint-Omer, la présidente de la cour d’assises du Pas-de-Calais Sylvie Karas a expliqué avoir reçu un courrier de l’administration pénitentiaire disant que Faïd avait refusé dans la matinée d’être extrait de sa cellule de Vendin-le-Vieil, à 80 km de là.

« Je constate qu’il n’est pas présent dans le box », a-t-elle déclaré en ironisant: « je ne pense pas qu’il soit libre… sauf évasion ». La présidente a ajouté avoir, à la suite du courrier, désigné un huissier de justice pour que Faïd soit sommé de comparaître au plus vite.

La séance a été suspendue en attendant le résultat.

« Il ne viendra pas, sauf si on le fait venir de force. Ce sera tout sauf un procès, avec un accusé qui sera peut-être allongé, ne tiendra pas debout, ne pourra pas s’exprimer », a prévenu Franck Berton, l’un de ses avocats, dénonçant les conditions à l’isolement, « pires qu’à Guantanamo » de son client, qui aurait perdu entre 7 et 9 kg.

Sa défense sollicitera quoi qu’il en soit le renvoi pour plusieurs raisons. « Nous sommes en grève, ses conditions de détention l’ont conduit à entamer une grève faim et de la soif et il n’est pas en mesure de comparaître pour se défendre utilement », a rappelé Yasmina Belmokhtar, qui soulèvera aussi une question d’incompétence de la cour d’assises du Pas-de-Calais.

Si le renvoi est refusé, les avocats de Faïd ont prévenu qu’ils quitteraient l’audience.

Faïd, 47 ans, a fait appel du verdict de la cour d’assises du Nord qui l’a condamné en octobre 2017 à 18 ans de prison. Tout comme quatre complices, il avait été reconnu coupable d’avoir attaqué à l’explosif un fourgon blindé de la société Loomis sur une route nationale du Pas-de-Calais le 17 mars 2011, dérobant plus de deux millions d’euros.

Des six accusés, seul Fabrice Hornec – cousin des frères Hornec, figures du grand banditisme de la région parisienne – avait été acquitté. Tous s’étaient dits innocents et Faïd a toujours nié une quelconque participation.

– « Comme un chien » –

Le temps du procès en appel, ses avocats avaient demandé qu’il soit transféré dans l’établissement pénitentiaire le plus proche du tribunal de Saint-Omer, à Longuenesse. Sans succès.

Depuis Vendin-le-Vieil, « on va le transporter comme un chien, avec les yeux bandés, les mains liées, assis dans un fourgon cellulaire pendant une heure le matin, une heure le soir », a dénoncé Me Berton.

S’il « reste un accusé comme un autre », selon sa défense, la crainte d’une tentative d’évasion est dans tous les esprits au palais de justice, qui a réalisé des travaux de sécurisation pour 250.000 euros: des obsèques ne pourront par exemple pas être célébrées dans la cathédrale jouxtant le tribunal durant la durée du procès, prévu jusqu’au 18 mars, et la circulation routière est restreinte voire interdite dans les rues voisines.

« Nous jugeons un homme qui apparaît comme un monstre avant même d’apparaître devant ses juges », s’est emporté son autre conseil, Me Hugues Vigier.

Condamné en appel en avril 2018 à vingt-cinq ans de prison pour son rôle d' »organisateur » d’un braquage raté de 2010 dans le Val-de-Marne, Redoine Faïd ou « l’écrivain », comme le surnomment les policiers, s’est évadé en hélicoptère quelques mois plus tard, en juillet, de la prison de Réau (Seine-et-Marne).

Arrêté dans sa ville natale de Creil (Oise) après trois mois de cavale, il est depuis à l’isolement dans le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, l’un des plus sécurisés de France.

Il a déjà été condamné à dix ans de prison en mars 2017 pour sa spectaculaire évasion de la prison de Sequedin (Nord) en 2013.

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