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dans un Ehpad de Brest, on veille sans céder à la panique

« On en fait trop, ça ne saute pas sur le monde comme ça », lance Denise d’Hervé, 84 ans, accueillie à l’Ehpad du Manoir de Keraudren à Brest, où face au risque de coronavirus, produit hydroalcoolique et masques sont à portée de main.

« Dès l’instant qu’on a une bonne hygiène et qu’on fait attention je pense que ça devrait aller », estime cette habitante du Conquet, à l’ouest de Brest, qui fréquente deux jours par semaine cet établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) géré par la Fondation Ildys.

« Toute seule à la maison ce n’est pas très réjouissant », explique-t-elle, assise dans un fauteuil de cette coquette résidence située dans un grand parc aux portes de Brest. « La peur n’évite pas le danger, mais on fait attention quand même », poursuit-elle, à propos du nouveau coronavirus particulièrement dangereux pour les personnes très âgées.

Assises à côté d’elle, d’autres femmes résidant dans l’établissement semblent écouter ses propos. Aucune ne porte de masque de protection, à l’image de la majorité des pensionnaires de la structure, ainsi que de son personnel.

« Nous sommes en veille permanente, nous mettons en place les recommandations préconisées par l’ARS (l’Agence régionale de Santé, ndlr) de Bretagne et le ministère de la Santé », assure à l’AFP Maryse Demilier, infirmière coordinatrice, expliquant que pour l’instant ces consignes sont les mêmes que celles mises en place lors d’une épidémie de grippe ou de gastroentérite, c’est-à-dire le lavage régulier des mains, leur désinfection avec une solution hydroalcoolique et le port de masques mais uniquement pour les personnes malades ou revenant d’une zone particulièrement touchée par le virus.

Dans le hall d’entrée de cet établissement qui accueille 80 résidents à l’année et une dizaine en accueil de jour, un panneau indique les consignes à suivre par les personnes revenant d’une zone touchée par le virus: se laver les mains régulièrement, prendre sa température deux fois par jour ou encore porter un masque en présence d’autres personnes.

– Salut à la japonaise –

Devant l’affiche, sur une petite table, un flacon de gel hydroalcoolique et une boite en carton renfermant des masques sont à la disposition des visiteurs.

« Je ne suis pas spécialement inquiet, la grippe tue beaucoup de personnes chaque année en France, tout comme le tabac ou l’alcool », avance Jean-François Queffelec, venu rendre visite à sa femme accueillie depuis huit ans dans une unité pour personnes souffrant d’Alzheimer.

A peine franchie la porte d’entrée, l’homme s’empresse cependant de se désinfecter les mains. « Je respecte les mesures qui sont proposées ici (…) ce sont des mesures de précaution et d’hygiène fondamentales », estime-t-il.

Des précautions bien suivies par les résidents eux-mêmes, qui ont également cessé de se serrer les mains et de s’embrasser.

« J’avais pris la mauvaise habitude de dire bonjour un petit peu à tout le monde mais maintenant j’ai pris la mode japonaise, parait-il, alors on se joint les mains et puis on s’incline », sourit Albert Bossard, 85 ans, en joignant le geste à la parole.

« Quand on voit tous les morts qu’il y a, on n’a pas envie de partir », assure un peu plus loin Marie-Madeleine Siohan, 92 ans, disant elle aussi ne plus serrer de mains ni embrasser. Le coronavirus « me fait très peur, ça me fait penser à la grippe espagnole dans le temps », poursuit cette petite femme chaussée de lunettes aux verres teintés, se disant inquiète aussi pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Juste avant d’aller se réunir pour une messe dans la petite chapelle de l’établissement, un ancien manoir, François Uguen, lui, se montre serein: « j’ai vécu, j’ai 94 ans, je suis en fin de vie… », avance-t-il semblant afficher une certain fatalisme avant d’enchaîner dans un large sourire: « j’ai eu la visite de mon médecin il n’y a pas longtemps et il m’a dit +vos poumons sont en très bon état+! »

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