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Prison ferme et lourde amende requises contre François Fillon

Au terme d’un féroce réquisitoire contre « l’appât du gain » et le « cynisme » de François Fillon, le parquet national financier a demandé mardi cinq ans de prison, dont deux ferme, à l’encontre de l’ancien Premier ministre, réaffirmant que les emplois de son épouse Penelope étaient « fictifs ».

Après de plus de quatre heures d’un réquisitoire à deux voix devant une salle comble, les procureurs financiers ont appelé le tribunal correctionnel de Paris à rendre « une décision à la hauteur de la légitime exemplarité attendue d’un prétendant à la magistrature suprême ».

Dénonçant le « profond sentiment d’impunité » de l’ancien champion de la droite à la présidentielle 2017, qui avait « fait de la probité une marque de fabrique », l’accusation a également demandé contre François Fillon, retraité de la politique, 375.000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité.

Aux yeux du PNF, M. Fillon, dont les actes « systématisés » ont « persisté dans le temps », a « pris en otage son épouse et son suppléant » dans un but d' »enrichissement personnel ».

Contre Penelope Fillon, « victime en quelque sorte consentante des agissements de son mari », trois ans avec sursis et 375.000 euros d’amende ont été requis. Elle avait touché 613.000 euros d’argent public pour trois contrats d’assistante parlementaire entre 1998 et 2013, auprès de son mari député et du suppléant de celui-ci dans la Sarthe, Marc Joulaud.

Les procureurs ont requis deux ans avec sursis et 20.000 euros d’amende contre M. Joulaud, actuel maire de Sablé-sur-Sarthe, candidat à sa réélection.

Le tribunal rendra son jugement dans plusieurs semaines. En vertu de la réforme des peines devant entrer en vigueur ce mois-ci, une peine qui excéderait un an ferme ne serait pas aménageable.

Au sortir de l’audience, l’avocat de François Fillon Antonin Lévy a critiqué « des punchlines » qui « en droit ne vont pas tenir très longtemps ».

– « Du cynisme à l’aveuglement » –

Dès le début du réquisitoire, le procureur Aurélien Létocart avait donné le ton, citant les mots de François Fillon en 2012: « Il y a injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et perçoivent de l’argent public ». « Du cynisme à l’aveuglement, il n’y a parfois qu’un pas », a raillé le magistrat.

Il s’est longuement attaché à démontrer le « caractère fictif » des activités de Mme Fillon dans le principal volet du procès: les soupçons de détournement de fonds publics entourant ses emplois de collaboratrice parlementaire.

Un travail tellement « désincarné » qu' »aucune trace » des fiches que Penelope Fillon était censée préparer n’a été retrouvée et qu’elle est « incapable » d’en donner des exemples précis.

Alors que la défense a toujours décrit un travail discret et immatériel mais indispensable à la carrière de François Fillon, le PNF la voit comme la « conjointe d’un homme politique d’envergure nationale » dont « l’investissement social et culturel évident » ne saurait constituer un emploi d’assistant parlementaire.

S’agissant du contrat auprès de Marc Joulaud, « imposé » par François Fillon à son suppléant, « elle gagnait plus tout en travaillant moins », a asséné Aurélien Létocart: « L’appât du gain fut manifestement plus fort que la raison ».

– « Poison du soupçon » –

Le second procureur, Bruno Nataf, s’est quant à lui employé à convaincre du caractère « totalement fictif » de l’emploi de « conseiller littéraire » de Mme Fillon à la Revue des deux mondes, propriété du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, qui a plaidé coupable d’abus de biens sociaux dans ce dossier.

« Nous avons mal pour vous », avaient lancé les procureurs à Mme Fillon au début du procès, une sortie « méprisante » pour la défense. Bruno Nataf s’en est expliqué: « A la voir incapable de donner chair à ce qu’était son activité, (on peut) être en empathie avec elle ».

Le PNF a aussi demandé la condamnation de François Fillon pour avoir omis de déclarer un prêt de 50.000 euros de M. Lacharrière.

S’agissant des emplois d’assistants des enfants Fillon auprès de leur père sénateur, les procureurs s’en sont en revanche remis à l’appréciation du tribunal.

L’affaire, révélée par un article du Canard enchaîné en janvier 2017, avait atomisé la campagne présidentielle de François Fillon, alors donné favori. Mais l’ancien Premier ministre « ne doit ses déboires politiques qu’à ses propres turpitudes », a estimé Aurélien Létocart.

Vilipendant la « stratégie de défense » consistant à « distiller le poison du soupçon » contre la justice, le magistrat a estimé qu’une « telle stratégie sonne toujours comme un aveu ».

La défense plaidera la relaxe mercredi.

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