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indispensables, les transports en commun plébiscités malgré le coronavirus

Tous les jours, Cécile, infirmière, essaie de s’installer « où elle peut » dans le tramway qui l’emmène à l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et transporte de nombreux voyageurs pour qui la distanciation sociale reste un vœu pieux.

« Le problème c’est la fréquence, il y a un tram toutes les 20 minutes: déjà en temps normal c’est une ligne très utilisée, donc là il y a beaucoup de monde, surtout le soir », confie la soignante de 32 ans, qui doit patienter six stations pour arriver à l’hôpital.

Cette ligne de tramway s’étire de Noisy-le-Sec à Asnières-sur-Seine en passant notamment par Bobigny, Drancy, La Courneuve, des villes populaires où les transports en commun restent indispensables, malgré les risques d’une contamination au covid-19. Pour une majeure partie de la population de ce département pauvre, le télétravail est impossible et la poursuite d’une activité professionnelle, essentielle.

« On n’est pas trop serrés, mais les un mètre ne sont souvent pas respectés », ajoute-t-elle, regrettant que les autorités « demandent de respecter les gestes barrière, mais ne mettent pas en place ce qu’il faut pour ».

A bord, certains tentent de conserver leurs distances, jetant des coups d’oeil furtifs à leurs voisins. Mais d’autres se pressent devant les portes au moment de sortir: scène presque ordinaire s’il n’y avait pas sur quelques visages des masques pour rappeler la période de confinement.

« Quand on voit ça, c’est incompatible avec la distanciation sociale », estime Fatima Zouiten, masque et gants en latex. Cette responsable informatique en télétravail est obligée d’emprunter les transports en commun pour ses courses car sa voiture est tombée en panne.

« Ca montre la réalité de la Seine-Saint-Denis » qui connait une forte surmortalité due au coronavirus, pointe-t-elle, estimant que le « lien de causalité est là. »

« La structure socio-professionnelle du département implique une plus grande fréquentation des transports en commun que sur d’autres territoires », reconnait Anne-Claire Mialot, préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis.

Une « proportion importante » de la population a « continué à assurer les services publics de base de la métropole francilienne », ajoute-t-elle, citant les entreprises de ménage ou les éboueurs, toujours au front pendant la crise.

– « Pas le choix » –

La RATP, qui gère les transports franciliens, a indiqué assurer 500.000 voyages par jour actuellement contre 12 millions en temps normal, avec 30% de son réseau en fonctionnement.

Mais un monde sépare les images de certaines rames du métro parisien quasi désertes et celles montrant des transports bondés à certaines heures, de la ligne 13 du métro au RER de la Gare du Nord en passant par des bus à Montreuil.

« Quand on n’est pas véhiculé, on n’a pas le choix », soupire Paule, 61 ans, qui prend le bus à Bobigny mais « préfère attendre » s’il est trop fréquenté.

« Il y a tout le temps du monde car on dessert six villes », confirme de son côté un chauffeur de bus qui relie Bobigny à Noisy-le-Grand. Respecter les gestes barrières à bord ? « C’est pas possible », lâche-t-il, masque chirurgical sur le nez.

La préfecture de Seine-Saint-Denis a indiqué la semaine dernière avoir « échangé avec la RATP » pour adapter l’offre, notamment en portant à 50% la cadence des tramways T1 et T5, qui relie le marché de Saint-Denis à la gare de Sarcelles.

Dans la perspective du déconfinement, la RATP vise « un objectif de rallumer 70% de l’offre du réseau en moyenne » à partir du 11 mai, a annoncé vendredi sa présidente Catherine Guillouard sur France Inter.

L’affluence actuelle dans certaines rames n’est toutefois pas le signe d’un relâchement de la population dans un département où « globalement le confinement est respecté », répète par ailleurs la préfecture de Seine-Saint-Denis.

Cette problématique résonne aussi à Marseille, où la fréquence réduite des bus dans les quartiers nord pose question.

« Dans ces quartiers défavorisés, plus de 50% des foyers ne possèdent pas de voiture » alors que les déplacements sont « nécessaires pour de nombreuses familles », a récemment alerté la députée des Bouches-du-Rhône Samia Ghali, demandant à la métropole plus de services pour « mieux protéger les usagers ».

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