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la France priée de sortir masquée

Obligatoires dans les transports ou dans les collèges, recommandés dans les commerces: le masque en tissu, industriel ou fait maison, deviendra un accessoire indispensable pour les Français à partir du 11 mai.

Au début de l’épidémie de Covid-19, en France comme dans de nombreux pays occidentaux, les gouvernements répétaient que le port généralisé du masque, denrée alors très rare, était inutile, voire contreproductif.

Au fil des semaines, le discours a changé, renforcé par le fait qu’une part significative des personnes contaminées développent peu voire aucun symptôme.

« Les scientifiques ont eux-mêmes évolué », et jugent maintenant le port du masque « préférable dans de nombreuses circonstances », a justifié le Premier ministre mardi devant les députés, alors que les critiques sur les pénuries de masques de protection, d’abord pour les soignants, puis pour la population générale ont fait rage ces dernières semaines.

Le gouvernement a désormais tranché. Les masques grand public seront obligatoires dans les transports en commun et dans les taxis et VTC qui n’ont pas de protection en plexiglas. Ainsi que pour les professionnels de la petite enfance, pour qui la distanciation sociale n’est pas possible. Trop dangereux pour les plus petits (à cause du risque d’étouffement), les masques seront d’ailleurs interdits jusqu’en maternelle.

En primaire, il ne sera « pas recommandé » pour les écoliers, vu les risques de mauvais usages. Par contre, au collège, il sera obligatoire (les lycées eux ne rouvriront pas tout de suite).

Cet écran de protection sera également recommandé dans les commerces pour les clients et le personnel. Mais plus que ça, « un commerçant pourra subordonner l’accès de son magasin au port du masque », a insisté Edouard Philippe.

Face à ces nouvelles consignes, le Premier ministre l’a promis: « il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai ».

En plus des 100 millions de masques chirurgicaux — réservés aux soignants– qui arrivent désormais chaque semaine, « nous recevrons près de 20 millions de masques grand public lavables à compter de mai », a-t-il indiqué.

Mais est-ce que cela sera suffisant ?

Même les masques en tissu ne peuvent être utilisés plus de 4 heures, alors Michaël Rochoy, médecin généraliste fondateur du collectif « Stop postillons » en doute.

Pour lui, il faut compter une moyenne de 3 masques par jour et par personne, et un « turn-over » de trois jours, « parce qu’on ne va pas faire une machine de masques tous les soirs ». « Ca fait 360 millions de masques pour 40 millions de Français », explique-t-il à l’AFP.

– Confection maison –

Et même lavables (à 60°C pendant 30 minutes), les masques en tissu ne sont pas utilisables indéfiniment, car ils perdent leur propriété au fil des lavages (5 à 20 selon les modèles).

« Si on n’était pas dans cette situation de pénurie, est-ce qu’on rendrait ce masque obligatoire tout le temps? », s’interroge le Dr Rochoy, qui plaide pour son obligation immédiate.

Pour faire face aux besoins, le Premier ministre a d’ailleurs appelé les Français à se mettre à la couture.

Les magasins de tissus ont été rouverts, des « guides pratiques de confection de masque » ont été diffusés, et « les particuliers sont invités à se confectionner eux-mêmes des masques », a-t-il indiqué.

L’association de normalisation AFNOR a mis au point un guide d’exigences minimales, de confection et d’usage de ces masques.

Ces masques, qui ne dispensent pas de la distanciation sociale et des gestes barrières, doivent filtrer au moins 70% des particules de 3 microns émises par le porteur, tout en permettant une « respirabilité » suffisante.

Au delà d’un guide destiné aux industriels du textile reconvertis, de nombreux sites ont mis en ligne des tutoriels pour réaliser ces masques chez soi, en respectant ces normes au maximum, même si les défenseurs d’un écran anti-postillons estiment que tout modèle est mieux que rien.

Pour ceux qui n’ont jamais brillé en travaux manuels, les solutions pour se procurer des masques devraient se multiplier.

De nombreuses collectivités territoriales, comme Paris, ont annoncé des distributions gratuites. Dans ce cas, l’Etat prendra en charge 50% du coût.

Les entreprises sont aussi invitées à « veiller à équiper leurs salariés ». Les TPE et PME pourront s’approvisionner en modèles grand public auprès de La Poste. Les pharmacies sont désormais autorisées à vendre ces masques grand public et la grande distribution devrait suivre.

« Progressivement, nous parviendrons à une situation classique, où les Français pourront, sans risque de pénurie, se procurer des masques grand public dans tous les commerces », a assuré le Premier ministre.

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