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l’heure du départ a sonné

« C’était comme un retour en adolescence »: ils sont trentenaires et n’imaginaient pas un jour revivre chez leurs parents. Mais à l’heure du confinement, la grande maison avec jardin était beaucoup plus attrayante que leurs quelques mètres carrés d’appartement.

Près de deux mois plus tard, à l’approche du déconfinement le 11 mai, l’heure est au bilan dans ces colocations enfants-parents improvisées.

« Tout s’est fait très vite. Location de voiture, bagages, passage à minuit au bureau pour récupérer des dossiers et on a roulé toute la nuit jusqu’à Castres » dans le Tarn, raconte Françoise, une avocate de 34 ans.

Impossible pour elle d’imaginer de passer plusieurs semaines avec son compagnon et leur fils de trois ans dans leur 38 m² parisien.

Mais pour s’installer chez ses parents de 70 ans, avec le risque de contamination qu’une telle décision comportait, « il a fallu mettre en place pendant deux semaines des règles de distanciation très strictes, en expliquant à notre fils qu’il ne pourrait pas faire de câlins à papi mamie », dit-elle.

« Ca lui arrive de faire des caprices si on lui refuse un jouet ou un dessert, mais là, bizarrement, il a compris la gravité de la situation », s’étonne Françoise.

Soraya aussi a délaissé la capitale pour la grande maison familiale à Aix-en-Provence. « A vrai dire, ma mère ne m’a pas trop laissé le choix », s’amuse cette journaliste de 33 ans, confinée depuis près de deux mois avec ses parents et son frère.

– « Tout le monde craque » –

« Comme une vraie maman orientale, elle ne me laisse toucher à rien dans la cuisine. Je suis nourrie, blanchie, logée comme quand j’étais adolescente ! ».

Mais de son propre aveu, « au bout de deux mois, les non dits ressortent et tout le monde commence à craquer, même pour une tasse de café qui traîne sur la table », soupire la jeune femme, inquiète de ne pas pouvoir rentrer immédiatement à Paris après le 11 mai.

Thierry, un enseignant de 62 ans, n’a lui non plus pas hésité à ouvrir sa maison à La Palme, entre Narbonne et Perpignan, à sa fille de 28 ans… et deux de ses copines toulousaines.

« Ici, il y a de l’espace, un grand jardin, la mer, la nature. Je savais que ce serait beaucoup plus agréable pour elles, vu qu’elles habitent en ville », témoigne le sexagénaire.

Thierry avoue à demi-mots « quelques petites tensions car je suis habitué à vivre seul », mais il assure que leur présence l’a sauvé de l’isolement pendant le confinement, « car je n’ai ni télévision, ni internet ».

« Il prenait sur lui quand on était trop chiantes », rigole Adèle, sa fille kinésithérapeute, heureuse d’avoir pu partager des moments de qualité avec son père.

– « Parenthèse hors du temps » –

« Elles sont arrivées avec autant de nourriture que de bouquins, alors une des premières activités qu’on a faite ensemble, c’était de construire une bibliothèque », s’enorgueillit Thierry.

Ce sont aussi ces moments complices avec son fils que Liliane, 73 ans, retiendra de ce confinement dans la maison familiale à Nérac (Lot-et-Garonne).

« Il a quitté la maison quand il avait 16 ans pour voler de ses propres ailes, alors le voir revenir s’installer ici à 39 ans, pour moi qui vient de perdre mon mari, ça a été formidable », dit-elle d’une voix douce.

Mais pour son fils Arnaud, un violoniste installé à Toulouse, il a été difficile de trouver sa place, « car je voulais qu’on cohabite comme des colocs et pas me sentir +invité+ chez elle ».

« C’est une mère poule. Difficile de participer à la préparation des plats, aux tâches ménagères. Ca a été compliqué de le dire, mais une fois que c’était fait, ça allait beaucoup mieux! », dit-il.

Le soir, un petit rituel s’est installé entre eux: « on écoute des podcasts, de la musique classique ». Un nouveau monde pour Liliane qui « est plus dans la culture de la télévision », raconte le musicien.

« J’appréhende beaucoup le déconfinement… Même si je sais que chacun doit faire sa vie, c’est une parenthèse hors du temps avec mon fils que je n’oublierai pas », confie Liliane.

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