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ouverture et ajournement du procès du principal allié du chef de l’Etat

Le procès pour corruption de Vital Kamerhe, principal allié du président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, s’est brièvement ouvert lundi à Kinshasa avant d’être ajourné de deux semaines.

« La cause est renvoyée au 25 mai pour la poursuite de l’instruction », a déclaré le président du tribunal à l’issue de cette première audience d’environ deux heures retransmise par la chaîne d’Etat RTNC.

Hier encore l’un des hommes forts du géant d’Afrique centrale, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, 61 ans, est apparu les traits tirés mais combatif, barbe grisonnante, vêtu de la tunique bleue à manches jaunes, uniforme des détenus de la prison centrale de Makala où se tient le procès.

En détention depuis le 8 avril, M. Kamerhe, n’a cependant pas démissionné ni été révoqué. Il comparaissait avec deux coprévenus pour le détournement présumé de plus de 50 millions de dollars destinés au financement de travaux publics qui devaient lancer le quinquennat de Félix Tshisekedi en 2019. Les fonds en question devaient servir à la construction de 4.500 logements sociaux.

La RDC s’est constituée partie civile dans ce dossier sans précédent. « Jamais dans l’histoire politique congolaise de ces deux dernières décennies un acteur aussi important de la scène politique ne s’est retrouvé derrière les barreaux », résument les experts du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York.

« J’ai une grande fonction à remplir, j’ai toute la notoriété qui couvre cette fonction, j’ai donc le devoir de me comporter en homme d’Etat dans la vérité et d’honorer notre justice », a déclaré M. Kamerhe en demandant d’avoir accès à « tous les éléments en possession » du parquet.

« Je suis intervenu au nom du président de la République pour que ces travaux se fassent », a-t-il ajouté lors de cette première prise de parole à la barre.

« Je n’en étais pas le seul superviseur. Nous étions une équipe de supervision, neuf au total », a-t-il poursuivi, citant les fonctions de quelques-uns de ses collègues, ainsi qu’un ambassadeur itinérant du chef de l’Etat, chargé de la « coordination » de cette équipe.

– Demande de liberté provisoire –

M. Kamerhe portait un masque, comme les autres prévenus, les juges et les avocats. Le nombre de cas de coronavirus a franchi la barre des 1.000 dans le pays, dont 41 décès recensés lundi, avec un important foyer de contagion dans une autre prison de la capitale.

Un autre prévenu, l’homme d’affaires libanais Samih Jammal, 78 ans d’après l’acte d’accusation, présentait d’évidents signes de faiblesse, presque au bord de l’évanouissement. En fauteuil roulant, il est apparu essoufflé au moment de confirmer son identité.

Les avocats de M. Kamerhe ont indiqué avoir déposé une demande de remise en liberté provisoire. Une première avait été rejetée mi-avril. Le tribunal doit se prononcer dans les 48 heures.

Bien plus qu’un simple collaborateur du chef de l’État, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) s’était désisté en faveur de Félix Tshisekedi avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, première alternance pacifique dans l’histoire de la RDC.

Les deux hommes ont scellé un accord politique pour constituer leur plate-forme Cap pour le changement (Cach), qui gouverne le pays en coalition avec les forces politiques de l’ex-président Joseph Kabila, toujours majoritaires au Parlement.

Cet accord signé à Nairobi en novembre 2018 prévoit même que M. Kamerhe, déjà candidat à la présidence de la République en 2011, retente sa chance en 2023.

Le parti de ce natifdu Sud-Kivu (est) compte plusieurs ministres dans ce gouvernement de coalition, dont un est également dans le viseur de la justice : celui de la Formation professionnelle, John Ntumba, également soupçonné de détournement de fonds.

Les poursuites contre Vital Kamerhe entrent dans le cadre d’une vaste enquête anti-corruption supposée marquer le « renouveau » de la justice congolaise dans la lutte contre l’impunité des élites depuis l’indépendance.

Une partie de l’opinion reste sceptique et évoque un règlement de comptes au sein de la coalition ou une manoeuvre.

Au lendemain de son incarcération, les élus du parti de M. Kamerhe avaient dénoncé « l’arrestation arbitraire » et l' »humiliation » subie par leur chef de file.

Sur les réseaux sociaux, ses partisans dénoncent une affaire visant à l’écarter de la prochaine présidentielle. Des militants de l’UNC ont manifesté lundi matin à Goma (est) pour « clamer l’innocence » de leur leader.

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