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A Bordeaux, la plus longue rue piétonne d’Europe se déconfine en douceur

« On a un peu l’impression de faire une rentrée scolaire », plaisante Saïd Marouf, vendeur de vêtements à Bordeaux, sur la plus longue artère piétonne d’Europe, la rue Sainte-Catherine où les premiers clients en quête d’achats plaisir ou « extrêmement importants » doivent se soumettre à de strictes mesures sanitaires.

Dans cette boutique indépendante, les deux salariés – masqués – s’attèlent aux derniers préparatifs: gels à l’entrée, marquage aux sols, coups de brosse sur les vêtements.

Peu après 10H00, Saïd Marouf retrouve ses premiers clients, encore peu nombreux. C’est « en septembre-octobre » que les choses reprendront, pense le gérant.

Finalement, une heure plus tard, malgré la pluie, il y avait la queue devant les grandes enseignes. Gwendoline, 20 ans et Alison, 19 ans, étaient là avant l’ouverture de Zara, où elles espèrent trouver de petites pièces printanières. « Une petite robe, un petit haut, ça m’a manqué quand il faisait beau! », dit la première.

Paul-Franck Dencausse, étudiant de 24 ans, patiente devant Decathlon pour un achat « extrêmement important »: une paire de baskets pour passer un concours, « sinon, on ne serait pas là », dit sa mère. Elle compte vite rentrer chez elle.

Avec quelques 200 personnes à l’intérieur de la Fnac, « pour un lundi, ça bouge pas mal », constate le directeur Didier Roussarie, qui accueille ses premiers clients à l’entrée. « Je suis un welcomeur », dit-il avant de s’engouffrer dans le magasin avec le DG du groupe Fnac-Darty, Enrique Martinez, venu à Bordeaux « soutenir » ses troupes. « Et puis ça m’intéresse de revoir les clients », glisse ce dernier.

« Ca fait du bien au moral », estime Virginie, 30 ans qui vient de s’offrir un collier chez Bijou Brigitte. Une première vente qui redonne du baume au coeur à la manager du magasin même si tout est « bizarre »: « ces gens qui regardent mais n’osent pas toucher les objets ».

Ce lundi, la grande majorité des quelques 240 enseignes avaient rouvert sur la rue Sainte-Catherine (1,25 km), l’un des deux axes historiques de la ville qui mène aujourd’hui de l’hyper-centre huppé jusqu’à un Bordeaux plus populaire et étudiant.

Ce lundi fait valeur de premier test pour des commerçants déjà éprouvés ces derniers mois par les manifestations de gilets jaunes. « Je m’attends à un vrai pic de fréquentation ce week-end », a souligné le maire LR de Bordeaux Nicolas Florian, venu constater sur place.

– Agents « signaleurs » –

« Il y a du monde! », juge Adelise, 33 ans, en plein shopping avec son fils Jules 3 ans et sa mère, Geneviève, 63 ans. Croissance oblige, le petit a besoin de chaussures pour son retour à la crèche. « On est tellement contents de retrouver la liberté de circuler », sourit la grand-mère.

Toutes les deux portent un masque, l’accessoire « obligatoire » rue Sainte-Catherine. Des « signaleurs », des agents de sécurité, sont postés à chaque carrefour pour inciter les passants à se masquer. Et la police municipale patrouille aussi: « mettez votre masque », lance un agent à un couple. Pour les contrevenants, il en coûtera une amende de 135 euros, mais le maire a promis une période de « tolérance ».

Pour déconfiner la rue Sainte-Catherine, la municipalité a dû prévoir des réaménagements afin de faire respecter la distanciation sociale: des sens de circulation piéton gauche-droite et des « zones d’attentes » sont matérialisés par des marquages au sol le long des grandes enseignes.

A l’intérieur, les commerçants ont joué le jeu: « les vendeuses avaient toutes des masques, il y a du gel partout, c’est bien organisé », estime Geneviève. Selon les enseignes, il est « obligatoire » ou « recommandé » pour les clients filtrés à l’entrée et incités à passer à l’étape gel hydroalcoolique.

Dans cette boutique de chaussures indépendante, Michard Ardillier, les chaussures essayées mais non achetées sont nettoyées au spray assainissant et bagues ou colliers retournés par les clientes de Bijou Brigitte « placés à l’isolement pendant 48 heures », dans une pochette.

Le chausseur, inquiet pour « sa capacité ses stocks à écouler » compte allonger ses jours et heures d’ouverture pour éponger la crise. Sur sa vitrine, un message de bienvenue: « quel plaisir de vous retrouver ».

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