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le Premier ministre déterminé à partir et à ce qu’on le « laisse tranquille »

Depuis des mois, sa vie privée puis son obstination ont plongé son pays dans une de ces crises politiques dont il a le secret. A 80 ans, le Premier ministre du petit Lesotho Thomas Thabane assure qu’il est prêt à prendre sa retraite, enfin.

« Sérieusement, je ne veux pas finir mon mandat mais me retirer », a affirmé mardi M. Thabane lors d’un entretien téléphonique accordé à l’AFP.

Quand ? « Je dois encore m’occuper de quelques détails », répond le dirigeant en sursis, « mais vous pouvez dire que le Premier ministre travaille à rendre son départ aussi apaisé et tranquille que possible ».

Difficile à croire, au vu de l’énergie qu’il semble avoir déployée pour garder son poste.

Depuis que la justice l’a accusé au début de l’année d’avoir participé au meurtre de son ex-épouse en 2017, Thomas Thabane a rejeté tous les appels à la démission.

Ce n’est qu’une fois lâché par son propre parti, la Convention de tous les Basoto (ABC), et la coalition qui l’ont porté au pouvoir il y a trois ans que le chef du gouvernement a lâché du lest en promettant de partir « d’ici à la fin du mois de juillet », à cause de son âge.

Quand il a été privé de son droit de convoquer de nouvelles élections, Thomas Thabane n’a pas hésité à faire descendre l’armée dans les rues de la capitale Maseru, le 18 avril dernier, pour, a-t-il justifié, « restaurer l’ordre » face à ses ennemis politiques.

La médiation du « parrain » et voisin sud-africain a permis d’éviter le pire et de renouer, non sans mal, les discussions.

– ‘Je m’en vais’ –

Et il a fallu que sa coalition lui retire officiellement son soutien et annonce que le Parlement se réunirait le 22 mai pour approuver la nomination de son successeur désigné, l’actuel ministre des Finances Moeketsi Majoro, pour que le royaume entrevoit enfin l’épilogue de la crise.

Thomas Thabane a suggéré à l’AFP qu’il pourrait présenter sa démission au roi Letsie III dès ce mercredi.

« Je vais aller le voir et l’informer que je m’en vais », a-t-il dit, « je pense que (la lettre de démission) sera devant lui demain (mercredi). Une fois que je lui aurai parlé, j’informerai mes collègues ».

« Une nouvelle coalition émerge et c’est une bonne chose », se réjouit le partant. « Certains ont jugé nécessaire de travailler ensemble pour résoudre tout ça de façon pacifique, pour le bénéfice de notre peuple ».

Sans surprise, l’octogénaire roué et tenace nie toute responsabilité dans la crise et assure avoir retardé son départ pour mieux préparer sa jeune garde.

« J’ai toujours dit que j’essaierai de donner l’exemple que les dirigeants africains doivent se retirer d’eux-mêmes ».

« Mais les jeunes ont pensé que je les abandonnais, que je les jetais aux loups », poursuit Thomas Thabane, « je suis encore responsable d’eux (…) je ne voulais pas partir comme un voleur ».

La main sur le coeur, le Premier ministre jure ne pas avoir négocié la moindre immunité face aux poursuites judiciaires qui le menacent.

– ‘Je n’ai tué personne’ –

« Tout ce que je souhaite, c’est toucher ma retraite et qu’on me laisse tranquille », souffle-t-il, « tout le reste, c’est n’importe quoi ».

Le vieil homme pourrait pourtant être prochainement inculpé par la justice. Sur la foi des relevés de son téléphone portable, elle le soupçonne d’avoir participé au meurtre de son ancienne épouse Lipolelo Thabane en juin 2017, quelques jours avant le début de son mandat.

« Je n’ai tué personne, certainement pas ma femme », s’indigne Thomas Thabane. « C’est vrai, nous avions eu une dispute (…) quand c’est arrivé », ajoute-t-il, « mais je ne sais rien de ce qui s’est passé. Ce n’est pour moi qu’une source de grande peine et d’immense embarras ».

L’octogénaire dément avec la même conviction l’implication de sa deuxième épouse Maesaiah Thabane, 43 ans, déjà inculpée du meurtre de sa rivale.

« Toute cette boue remuée pour essayer de l’impliquer, franchement ça ne marche pas ».

Au crépuscule de sa carrière politique – il a été une première fois Premier ministre de 2012 à 2015 – Thomas Thabane répète qu’il veut définitivement tourner la page et profiter tranquillement de ses vieux jours.

Pour commencer, il refuse de se prononcer sur son successeur. « Ils (son parti) seraient furieux si je mentionnais le nom de l’un d’eux… »

Non, Thomas Thabane souhaite maintenant se plonger dans la lecture des œuvres de Shakespeare et se lancer dans l’écriture d’un livre. Et aussi servir son église en tant que diacre. « Si un prêtre est malade, je pourrais le remplacer », espère-t-il. A condition toutefois que le justice décide de l’oublier.

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