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Toulouse, la descente pour sentence après cinq ans d’errance

Régulièrement menacé, parfois sauvé in extremis comme en 2016, le Toulouse FC a fini par sombrer: lanterne rouge au moment de l’arrêt anticipé de la Ligue 1, le « Téfécé » a été rétrogradé en L2, où, sauf improbable retournement de situation, il va devoir se réinventer.

Neuvième à l’issue de la saison 2013-2014, le TFC a connu depuis une irrésistible dégringolade, finissant toujours dans la seconde partie de tableau. Bilan de la saison 2019-2020 écourtée: 21 défaites, 4 nuls et seulement 3 succès, soit un ratio de 0,46 point par match, très loin derrière ses adversaires Amiens (0,82), Nîmes (0,96) ou Saint-Étienne (1,07).

« Cette descente, c’est la sentence de cinq années d’irrégularité », déplore l’adjoint au sport de Toulouse Métropole, Vincent Terrail-Novès.

D’Alain Casanova (2018-octobre 2019) à Denis Zanko (janvier 2020) en passant par l’intermède Antoine Kombouaré (octobre 2019 – janvier 2020), la valse des techniciens n’a rien enrayé.

« Trois entraîneurs sont passés, les résultats ont continué. Des choses m’échappent », avoue Alain Giresse, ex-entraîneur du « Téfécé » (1999-2000).

L’équipe a signé une ultime saison catastrophe: moins bonne défense (58 buts), moins bonne attaque (22 buts), elle a achevé son parcours avec un 18e match consécutif en L1 sans victoire, soit 1 point pris sur 54 possibles, la pire série de son histoire.

Nombre de spécialistes s’accordent aujourd’hui sur le nom du responsable: le président Olivier Sadran, propriétaire depuis 2001.

– « État catastrophique » –

Le dirigeant déclarait le 30 avril ne pas exclure un recours juridique pour contester la descente de Toulouse en L1, actée au bout d’une saison tronquée. « Pas de commentaire », a répondu le club cette semaine. Selon le journal la Dépêche du Midi, si appel il y a, le cabinet Orrick Rambaud Martel à Paris sera chargé de défendre les intérêts du club.

Quoi qu’il en soit, le mal semble plus profond.

« C’est la faute à Sadran », clame l’ex-milieu toulousain Beto Marcico (1985-1992). L’Argentin déplore « une absence de vision footballistique au profit d’une réflexion économique ». Comme le rappel, en 2018, d’un entraîneur (Casanova) limogé en 2015.

« Sadran a une éthique. Il reste fidèle à ses troupes. Cela a une limite », complète l’ancien défenseur Benoît Tihy.

Les supporters acquiescent. « Une saison catastrophique, ça peut provenir des joueurs. Quand ça se répète, c’est que les méthodes de travail sont mauvaises », souligne Alexandre Roux, président des Indians Tolosa, un des groupes de supporteurs.

Le vice-président de la région Occitanie chargé des sports, Kamel Chibli n’est guère plus tendre avec Sadran. Il loue ses qualités d’homme d’affaires, patron du groupe de restauration Newrest, mais il critique aussi sa gestion trop personnelle.

« Il aurait fallu mobiliser plus d’investisseurs sur le club et fédérer », souligne-t-il, estimant que l’équipe de la « quatrième ville française » devrait ambitionner « les premières positions ou, au moins, les places européennes ».

Sollicité, M. Sadran n’a pas répondu à l’AFP. Selon plusieurs médias, il discuterait d’une cession du club, ou d’une entrée au capital, avec l’ex-président de Rennes Olivier Létang et un groupe sino-américain piloté par Chien Lee, ancien actionnaire de Nice.

– Dans l’ombre du rugby –

Dans l’équation, la question de la place du TFC au pays du rugby se pose. « Le rayonnement du Stade toulousain fait de l’ombre au foot », remarque Patrick Boudreault, ancien journaliste et historien du TFC, auquel il a consacré un ouvrage pour son 80e anniversaire.

« La visibilité du rugby vient du nombre de clubs d’élite et du palmarès », complète M. Boudreault alors que le football (200.000 licenciés) est plus pratiqué en Occitanie que le rugby (73.000).

En sponsors, le Stade est supérieur. Il compte 300 entreprises partenaires, dont le géant Airbus, grand absent auprès du TFC.

Privé de cette manne aéronautique, le TFC a régulièrement compté sur sa formation pour boucler son budget (35 M EUR). Wissam Ben Yedder, Étienne Capoue ou Franck Tabanou se sont avérés des pépites rentables.

Cet été, la tentation pourrait être de continuer à monétiser les diamants de l’équipe finaliste de la coupe Gambardella 2018. Mais si Bafodé Diakité, Kouadio Koné, Kelvin Amian ou Ibrahim Sangaré venaient à séduire les recruteurs, ils manqueraient à l’appel pour l’opération remontée.

Les supporters ne pensent pas autrement, eux qui rêvent d’un seul nom: Létang! « Quand on voit ce qu’il a fait avec Rennes, ça donne envie », affirme Alexandre Roux.

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