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à Clichy-sous-Bois, se « rassurer » grâce au dépistage gratuit

« Je suis passé par hasard »: des dizaines de personnes se sont fait dépister gratuitement et sans rendez-vous vendredi dans un centre mobile installé à Clichy-sous-Bois (Seine-saint-Denis), une opération inédite menée dans un des quartiers d’Ile-de-France.

« On va vous faire le prélèvement, il faut remonter le masque », annonce une infirmière en surblouse bleue, sous l’une des deux tentes installées au pied des barres d’immeubles délabrées de la cité du Chêne pointu, quartier emblématique du mal-logement en France.

Toute la journée, hommes et femmes, parfois venus avec leurs enfants, ont fait la queue devant ce barnum, en respectant le marquage blanc peint au sol pour assurer la distanciation physique. Presque tout le stock disponible, soit 150 tests, a été utilisée, selon l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, qui pilote cette première.

Le dispositif s’inscrit dans la stratégie de déconfinement visant à repérer et isoler les malades du coronavirus. Il mobilise des médecins et des préleveurs de l’AP-HP, afin d' »élargir l’accès aux tests à une population plus vaste, notamment auprès de personnes qui ont un moins bon accès au système de soins », a précisé l’ARS.

Il sera expérimenté durant les prochains jours dans d’autres communes d’Ile-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis.

« Je suis passé par hasard, j’habite dans le quartier », confie Mohamed, 43 ans. Assis sur une chaise, il s’apprête à être pris en charge après « une heure de queue », une attente nécessaire afin de « rassurer la famille », assure-t-il.

Sous les tentes, un médecin et deux infirmières recueillent les informations du patient, puis deux autres infirmières sont chargées de réaliser le test au moyen d’un écouvillon, sorte de long coton-tige introduit dans le nez.

« C’est très rapide ! Je suis courageuse donc ça va, mais oui ça fait un petit peu mal quand même. C’est pas agréable », admet en souriant Prescilia, maman de 28 ans venue de Villemomble sur les conseils de son médecin, car elle présente quelques symptômes qui peuvent laisser penser au coronavirus.

« Je trouve que c’est vraiment bien d’avoir mis en place cette initiative pour permettre à tout le monde de pouvoir y accéder et que tout le monde puisse le faire, sans forcément une ordonnance », apprécie la jeune femme, impatiente d’obtenir ses résultats lundi.

Si des patients sont testés positifs, une prise en charge et des investigations supplémentaires seront menées.

– « Pratique » –

« Si tout le monde fait le test, c’est mieux, parce que cette maladie-là, si on l’a on peut contaminer tout le monde », rappelle Daiwoyé Traoré, qui attendait lui-même « depuis longtemps » de se faire dépister.

Selon Santé Publique France, 934 personnes sont décédées du coronavirus depuis le début de l’épidémie en Seine-Saint-Denis. Ce bilan fait de ce département d’1,6 million d’habitants, le plus pauvre de métropole, l’un des plus touchés par le virus.

Dans une étude publiée mi-mai, l’Observatoire régional de santé Ile-de-France avait expliqué ce phénomène par une série de facteurs liés à la précarité, dont des conditions de logement favorisant la circulation du virus et des taux de maladies chroniques supérieurs à la moyenne nationale.

A cette liste s’ajoute un déficit chronique de médecins généralistes.

Dans la file d’attente, Georgina, 55 ans, affirme avoir voulu prendre un rendez-vous médical mais n’avoir « trouvé personne » de disponible. Ce dépistage « pratique » est, pour elle, « une façon de venir me fixer pour savoir si j’étais infectée ou pas », après avoir été malade en mars, sans pouvoir incriminer le coronavirus avec certitude.

« La question de l’accessibilité aux soins est posée partout, tout le temps, qu’on soit en période de crise ou pas », souligne Emmanuel Devreese, directeur de projets à l’AP-HP, présent sur place. Aller au devant des populations les plus éloignées du système de santé, « c’est peut-être aussi la santé de demain ».

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