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Le dialogue social? Le gouvernement « s’en fout », grincent les syndicats

Appelés à la rescousse par l’exécutif au tout début de la crise sanitaire, les syndicats se sentent à nouveau écartés, comme dans « le monde d’avant », et s’agacent d’être mis devant le fait accompli pour les décrets, ordonnances et autres réformes sociales.

« Le gouvernement a confiné le dialogue social », a assuré Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.

Réunis jeudi dans le cadre d’un « grand débat » en visioconférence, organisé par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), les numéros uns des principaux syndicats ont tous dénoncé d’une même voix « les comportements verticaux » du gouvernement.

Pourtant Laurent Berger, Philippe Martinez (CGT), Yves Veyrier (Force ouvrière), François Hommeril (CFE-CGC) et Cyril Chabanier (CFTC) sont très sollicités depuis le début de la crise: une à deux réunions hebdomadaires avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, trois rencontres avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe.

Situation plutôt inhabituelle pour les syndicats sous ce quinquennat.

« Je n’ai jamais autant parlé avec des ministres, le Premier ministre et au président de la République en trois mois par rapport aux trois dernières années. Malgré ces discussions, il y a eu des décisions très verticales », a témoigné Philippe Martinez.

Parmi les décisions mal passées: le chômage partiel « individualisé » ou la réduction des délais de consultation des comités sociaux et économiques (CSE). Les appels des dirigeants syndicaux à interdire le versement des dividendes ou à rétablir l’impôt sur la fortune sont restés lettre morte.

Les inquiétudes de ne pas être écoutés sont d’autant plus grandes qu’une série de concertations avec le ministère du Travail sont en cours ou doivent être lancées, à la demande d’Emmanuel Macron, qui doit faire une nouvelle allocution dimanche. Dont une sur un nouveau dispositif de chômage partiel et une autre sur la réforme de l’assurance chômage — que les syndicats souhaitent voir abandonnée.

– ‘On a un point faible’ –

Pour François Hommeril, « le gouvernement n’a pas changé de méthode » dans sa relation avec les partenaires sociaux.

Un exemple: « Nous avions une réunion mardi soir au ministère du Travail. On y a discuté, entendu tout un tas de chiffres. On a posé des questions et à la toute fin, on nous a posé des questions sur un projet de loi qui a été présenté et voté mercredi à l’Assemblée nationale. Voilà le type de relation qu’on a aujourd’hui avec le gouvernement! ».

Ce texte d’urgence comporte une série de mesures liées à l’emploi (activité partielle, assouplissement des règles de recours aux contrats à durée déterminée, droit à la retraite…).

« Le président nous écoute, prend des notes, c’est très chaleureux. Je crois que c’est très sincère. Notre personnalité morale est prise en considération, mais ce qu’on a à dire, notre vision de la société, le monde de l’entreprise, le gouvernement s’en fout. Et c’est grave », a ajouté le président du syndicat des cadres.

« Le dialogue social est plus vu comme un frein à la compétitivité », a analysé Yves Veyrier, regrettant qu’on fasse « appel aux syndicats en cette crise plutôt par dépit et par défaut ». « Or le dialogue social est porteur de régulation et de progrès ».

S’il a aussi partagé le sentiment « extrêmement désagréable » de découvrir des annonces sociales sans avoir été consulté, Laurent Berger a invité ses pairs à s’unir.

« On a un point faible, faut pas se raconter d’histoire », a-t-il dit, expliquant qu’ailleurs en Europe, les syndicats ont « une capacité à travailler, à agir ensemble bien supérieure à la nôtre ».

« Pourquoi on n’est pas capable de parler ensemble sur l’assurance chômage, sur l’emploi? C’est ce qui nous affaiblit et laisse un boulevard à des comportements verticaux de la part du gouvernement », a ajouté Laurent Berger, également président de la Confédération européenne des syndicats.

Côté patronal, Alain Griset, de l’U2P (commerce de proximité), a aussi réclamé que le gouvernement clarifie sa position quant à la gestion des organismes ou institutions paritaires gérés par les syndicats et le patronat (assurance chômage, prud’hommes, assurance maladie…).

Il faut qu’il « accepte qu’on les gère totalement et ne vienne pas nous dire +gérez et on décide pour vous+ ».

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