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Des milliers personnes de nouveau dans la rue contre les violences policières

Paris, Bordeaux, Lyon… des milliers de personnes manifestent samedi en France contre le racisme et les violences policières, sur fond de colère chez les forces de l’ordre et à la veille d’une allocution du président Emmanuel Macron.

A Paris, des milliers de personnes rassemblées sur la place de la République à l’appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne, étaient coincées en milieu d’après-midi, la police ayant bloqué les accès vers la place de l’Opéra, où voulaient se rendre les manifestants.

Au tout début du rassemblement, Assa Traoré, la soeur du jeune homme et figure du comité, a pris la parole invitant la foule à « dénoncer le déni de justice », « la violence sociale, raciale, policière », réclamant à nouveau la mise en examen des gendarmes impliqués dans l’interpellation de son frère.

« Quand le peuple français descend, c’est qu’on réclame tous la même chose, une justice juste pour tout le monde », a-t-elle ajouté.

Dans la foule, de nombreux jeunes vêtus d’un T-shirt noir floqué de la demande portée depuis quatre ans par la famille Traoré: « Justice ». Des pancartes proclament: « Tant que nous n’aurons pas la justice, vous n’aurez pas la paix », « On doit être la dernière génération à manifester pour ça ».

Binta Kamara, 18 ans, est venue « pour soutenir les noirs, les minorités, pour qu’on soit solidaires. Je suis jeune et l’avenir c’est nous. Il faut faire changer les choses ». Elisa, étudiante de 27 ans, est aussi là pour « maintenir la pression », refuse le « discours antiflic » mais estime « évident qu’il y a un problème de racisme et de peur des policiers aujourd’hui ».

Le 2 juin, le comité Adama avait mobilisé 20.000 personnes devant le tribunal judiciaire de Paris, et s’est imposé comme le fer de lance de la lutte contre les violences policières. Son discours s’est élargi, de la dénonciation de violences policières à celle d’un « racisme systémique », trouvant un écho puissant après la mort de George Floyd, qui a suscité une vague planétaire d’indignation.

Estimant que c’était « odieux » comme façon de procéder, le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a demandé depuis la place de la République à ce que l’on « laisse les gens se déplacer ». « C’est une façon d’entretenir en France un climat très malsain où tout le monde se regarde en biais », a-t-il dit.

D’autres défilés avaient lieu à travers la France, comme à Bordeaux, où environ 500 personnes ont défilé dans une atmosphère bon enfant.

« On n’a pas besoin d’avoir été victime pour être solidaires », affirmait dans le cortège Sarah, 15 ans, collégienne et membre de BlackLivesMatter-Bordeaux. « Rien que l’idée qu’il puisse y avoir du racisme et des abus dans la police qui est censée nous protéger, c’est affolant. »

A Lyon, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées samedi après-midi pour réclamer « vérité et justice », égrénant les noms de Mehdi, Bilal ou Wissam, des jeunes morts dans la région à la suite d’interpellation, a constaté une journaliste de l’AFP.

– « Ne pas perdre la jeunesse » –

« Il ne faut pas perdre la jeunesse », s’est inquiété jeudi le chef de l’Etat, dont l’allocution dimanche soir sera autant scrutée par les militants antiracistes que des policiers épuisés, écœurés d’être « jetés en pâture » par leur ministre, Christophe Castaner.

Le racisme est « une maladie qui touche toute la société », a déclaré mercredi en Conseil des ministres Emmanuel Macron, tout en défendant les forces de l’ordre « dont l’écrasante majorité ne saurait être salie ».

Samedi, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a suggéré dans une tribune au Monde de rouvrir « de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques » et de « revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales ».

Le ton est à l’apaisement après une semaine difficile pour l’exécutif. Pressé d’agir, le ministre de l’Intérieur avait annoncé des sanctions de policiers en cas de « soupçon avéré » de racisme, avant de reconnaître une erreur.

Dans un communiqué vendredi soir, il a en revanche confirmé la suppression de la technique d’interpellation dite « d’étranglement », qui ne sera plus enseignée.

Évoquant une lettre adressée par le ministre aux forces de l’ordre, Frédéric Lagache, du syndicat Alliance, affirme que cela ne suffira pas à apaiser la colère de policiers « blessés et touchés dans leur honneur » et qui attendent « d’être reçus » par M. Macron. « La balle est maintenant dans le camp du président », a-t-il dit à l’AFP.

Jean-Paul Mégret, le secrétaire général du syndicat indépendant des commissaires de police, estime lui dans Le Parisien que « le contact » avec Christophe Castaner « est largement rompu ».

Samedi matin, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), où avait lieu un hommage au couple de policiers tués par un jihadiste à Magnanville en 2016, Christophe Castaner a été accueilli dans une atmosphère glaciale par des dizaines de policiers, qui avaient empilé au sol menottes et brassards. Il est reparti sans avoir fait de discours.

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