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plage, café ou parc, Rabat-Salé goûte à ses premières heures de liberté

Une foule de promeneurs et baigneurs se précipitent sur la plage de Salé, ville jumelle de Rabat, tandis que d’autres profitent des terrasses de cafés et des parcs: après trois mois de confinement sévère, le Maroc a goûté jeudi à ses premières heures de liberté.

« Je me suis pressée à la plage avec mon fils, car le soleil et la mer nous ont manqués. On ne peut pas rester enfermés éternellement », dit dans un grand sourire Wafae, 43 ans, qui essaie toutefois de « garder ses distances ».

Après une première phase de déconfinement, début juin, dans les zones les moins peuplées du pays, chacun retrouve ses habitudes dans les grandes villes, après la longue parenthèse ouverte le 20 mars, quand les autorités ont décrété l’état d’urgence sanitaire avec confinement obligatoire, restriction de déplacement et déploiement massif des forces de l’ordre. Depuis, plus de 11.000 cas de contamination ont été officiellement détectés, avec 216 décès.

Une demi-douzaine de villes restent en quarantaine en raison de la subsistance de foyers de contamination, notamment dans les cultures de fraises au nord de Rabat.

Les rassemblements sont toujours interdits, et les mosquées, salles de cinéma, théâtres et piscines publiques toujours fermés. Cafés, salons de coiffure, hammams et bus doivent se limiter à 50% de leur capacité, restriction qui a conduit certains transporteurs routiers à refuser de reprendre le travail jeudi.

– « Fêter ce jour » –

Ceux qui sont venus célébrer la fin du confinement jeudi sur la plage de Salé, située à l’embouchure du fleuve Bouregreg qui la sépare de Rabat, restent vigilants.

Juste en face, la plage de la capitale, près des rues étroites de la vieille ville, est elle restée fermée pour cause de travaux.

« Je suis venu fêter ce jour! J’ai enlevé le masque comme tout le monde ici, mais j’ai vite eu peur et j’ai préféré garder mes distances », note Mohammed, 20 ans, qui bronze sous un soleil éclatant, côté Salé.

Les autorités appellent avec force au respect des mesures préventives, notamment le port du masque et la distanciation sociale. Le ministère de la Santé a multiplié les tests de dépistage ces dernières semaines et lancé une application mobile de traçage des contacts, revendiquant à ce jour plus de deux millions de téléchargements.

Si la distanciation semble difficile pour les jeunes qui jouent au foot sur la plage, elle est très respectée dans les cafés du centre de Rabat, où les clients ont afflué dès le petit matin.

Certains sortent pour la première fois, comme Hassan, 62 ans: « j’ai vécu trois mois comme si j’étais dans une prison! Ca m’avait manqué de voir des gens dans la rue et de boire un café en terrasse ».

Ce retraité estime néanmoins qu’il faut « se méfier du virus car il n’a pas disparu ». Dans son café, situé sur l’avenue principale de Rabat, on mesure la température de chaque client avec un thermomètre que le serveur sort de sa poche, tout sourire.

Mais « certains préfèrent toujours prendre un café à emporter sans se mélanger aux autres », note Firdaous, 29 ans, qui se dit « heureuse de reprendre le travail ».

Comme un million de salariés en arrêt de travail, elle a vécu depuis mars avec une aide versée par l’Etat équivalent à 185 euros.

Toute une panoplie d’aides directes ou indirectes ont été déployées pour amortir les effets de la crise liée à la pandémie. Quelque 4,5 millions de ménages qui tirent leurs revenus du secteur informel ou d’emplois précaires ont été recensés en urgence pour en bénéficier.

Les activités économiques ont commencé à redémarrer début juin mais le pays de 35 millions d’habitants s’attend à connaître en 2020 sa pire récession depuis 1996, avec une contraction de plus de 5% de son PIB.

Alors qu’aucune date n’a été fixée pour la réouverture des frontières, les professionnels du tourisme, secteur clé de l’économie, misent sur les nationaux pour atténuer des pertes sans précédent.

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