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La bourse du Zimbabwe suspend ses opérations en raison de spéculations sur les devises

La bourse du Zimbabwe a suspendu lundi ses opérations en raison de spéculations qui, selon le gouvernement, ont précipité la chute de la devise locale, nouvel épisode de l’interminable dégringolade de l’économie du pays.

« En attendant de nouvelles consignes de notre autorité de régulation, nous informons les opérateurs que les échanges ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre », a indiqué le patron du Zimbabwe Stock Exchange (ZSE), Justin Bgoni, dans un communiqué.

Le Zimbabwe est englué depuis le début des années 2000 dans une grave crise économique et financière.

Après un relatif répit il y a une décennie, la situation a de nouveau empiré depuis deux ans, avec le retour des pénuries en tout genre (liquidités, carburants, denrées de base, électricité…), sur fond d’inflation galopante et de dépréciation du dollar zimbabwéen.

Dans un communiqué publié vendredi, le gouvernement avait annoncé une série de mesures destinées à « faire face aux malversations, à la criminalité et au sabotage économique », incluant la suspension des transactions boursières et par téléphone portable.

Son secrétaire à l’Information Nick Mangwana a notamment mis en cause un « marché noir florissant des devises » qui a fait chuter, selon lui, la valeur du dollar zimbabwéen par rapport au dollar américain.

Le taux de change du billet vert par rapport à la devise locale, officiellement fixé à 57 dollars zimbabwéens, a dévissé jusqu’à 100 en raison de ces pratiques, selon M. Mangwana.

Le gouvernement « dispose d’informations irréfutables (selon lesquelles) le système de transactions par téléphone participe délibérément ou fortuitement, avec l’aide de la bourse du Zimbabwe, à des activités qui sabotent l’économie », avait ajouté le responsable.

– Hyperinflation –

En raison de la rareté des liquidités, l’essentiel des transactions, notamment les achats dans les commerces, se font par téléphone.

Ces spéculations « nourrissent la hausse des prix des biens et services qui perturbe l’économie et cause des difficultés au peuple du Zimbabwe », a accusé M. Mangawna.

L’inflation annuelle a atteint des sommets à 785,6%, selon les dernières statistiques officielles.

Le prix d’une miche de pain a quasiment doublé en quelques semaines, passant de 38 dollars zimbabwéens en mai à 61 (de 0,7 à 1,1 dollar américain) aujourd’hui. Le sac de 10 kilos de semoule de maïs se vend désormais 320 dollars zimbabwéens, contre 250 en mai.

Mercredi dernier, le prix des carburants à la pompe s’est envolé de près de 150%.

Conjuguée à une sécheresse récurrente depuis plusieurs saisons, le retour de l’hyperinflation a placé la moitié des 15 millions d’habitants du pays en situation d’insécurité alimentaire, selon l’ONU.

Le président Emmerson Mnangagwa a succédé en 2017 à Robert Mugabe, au pouvoir pendant trente-sept ans, en s’engageant à relancer la machine économique. Ses promesses sont restées lettre morte.

Dans un discours récemment prononcé devant les cadres du parti au pouvoir, M. Mnangagwa a lui aussi mis en cause des « détracteurs politiques » qu’il n’a pas nommés, les accusant d’un « projet malfaisant ».

Les perspectives de l’économie zimbabwéenne se sont encore obscurcies avec la pandémie de Covid-19. La Banque mondiale table déjà sur une contraction de 10% du produit intérieur brut (PIB) en 2020.

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