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Agnès Buzyn défend sa gestion de la crise sanitaire

Combative, parfois émue, l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est défendue pendant plus de trois heures mardi à l’Assemblée nationale d’avoir manqué d' »anticipation » et de « réactivité » pour préparer la France à la crise du coronavirus.

« Vous ne pouvez pas dire qu’on n’a pas été réactifs », a-t-elle martelé devant la commission d’enquête chargée d’évaluer la réponse gouvernementale à l’épidémie.

L' »anticipation » en France face à l’épidémie de coronavirus a été « sans commune mesure avec les autres pays européens » et « toujours en avance » par rapport aux alertes des organisations internationales, a-t-elle assuré, citant les décisions prises avant même que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne déclare l’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier.

Elle a confirmé avoir alerté l’Elysée et Matignon, comme elle l’avait évoqué dans des propos polémiques au Monde à la mi-mars.

Agnès Buzyn assure avoir « pressenti » dès le 22 janvier la potentielle gravité de l’épidémie, lorsque l’information selon laquelle le nouveau coronavirus pouvait se transmettre d’un être humain à un autre a été connue.

Elle ajoute avoir immédiatement demandé un état de lieux de tous les stocks d’équipements de protection, et notamment de masques, ainsi que du nombre de lits de réanimation et de respirateurs, et avoir lancé une première commande d’un million de masques FFP2, plus protecteurs, absents de stocks stratégiques d’Etat.

La ministre détaille avoir également demandé à l’agence Santé publique France d’élaborer « trois scénarios d’évolution de l’épidémie » et, au consortium de recherche Reacting, de préparer « un protocole de recherche » avec les médicaments potentiels déjà disponibles.

« Je n’ai à aucun moment sous-estimé le risque et j’ai préparé notre système de santé » avant de quitter le ministère, le 16 février, pour s’engager dans la campagne des municipales à Paris, a-t-elle encore affirmé devant la commission d’enquête, qui a déjà entendu tous les directeurs généraux de la Santé depuis 2003 et plusieurs experts et chercheurs.

– Évaporation du stock stratégique –

Comme lors des précédentes auditions, les 32 députés de la commission ont abordé la question de l’évaporation du stock stratégique d’État de masques de protection.

En avril 2010, il atteignait 1 milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de masques FFP2.

Mais après plusieurs années sans achats et un rapport en 2018 concluant que la majorité du stock est périmé et plus utilisable, début 2020, ce stock est réduit à 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes, 40 millions de masques pédiatriques, et plus aucune réserve de FFP2.

« Cette gestion de stocks, elle ne revient pas à un niveau ministre », s’est défendue Agnès Buzyn, affirmant notamment ne pas avoir eu connaissance du courrier adressé par Santé publique France à la Direction générale de la Santé en septembre 2018. Ce courrier soulignait la péremption d’une part importante du stock stratégique d’Etat de masques et recommandait de racheter ces équipements pour porter de nouveau le stock à 1 milliard de masques.

« La vigilance que je dois avoir, c’est sur des dizaines de produits », a-t-elle expliqué aux députés, soulignant que si l’attention s’était « a posteriori » portée sur la question des masques, en raison du nouveau coronavirus, les comprimés d’iode en cas d’accident nucléaire ou les tenues de protection face au virus Ebola n’étaient pas des sujets « moins importants » pour un ministre de la Santé.

Elle ajoute que ce n’est pas non plus elle qui a pris la décision de détruire les masques jugés non conformes alors que le stock n’avait pas encore été reconstitué, ajoutant toutefois « assumer totalement » les décisions prises par ses services entre mai 2017 et février 2020.

La médecin hématologue a en revanche critiqué en creux le rôle de Santé publique France, responsable de la gestion des équipements de protection.

« Nous avons tous envie de requestionner » le rôle des agences sanitaires, a-t-elle déclaré, estimant que « des interrogations » existaient sur le « contrôle des stocks » ces dernières années. « Apprendre en 2018 qu’une grande partie des stocks est périmée… Ça nécessite de requestionner comment ça a fonctionné », a-t-elle avancé.

Elle a aussi jugé que la création de cette agence en 2017, qui a absorbé les fonctions de l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), avait pu « diluer » les compétences de gestion de crise et « peut-être réduit la réactivité ».

« Je pense qu’il faut une agence dédiée aux crises en général, et pas seulement sanitaires », a-t-elle suggéré aux députés, qui ont annoncé leur volonté de « tirer les leçons » de la gestion de la crise.

La commission auditionnera ensuite tous les prédécesseurs d’Agnès Buzyn depuis 2003: Marisol Touraine et Roselyne Bachelot mercredi, puis Xavier Bertrand jeudi.

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