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Trois mois après Bohoma, l’armée tchadienne à nouveau meurtrie par une attaque jihadiste

L’armée tchadienne est à nouveau meurtrie par une attaque jihadiste trois mois après avoir assuré avoir chassé les éléments de Boko Haram de son territoire: Mercredi, au moins huit de ses soldats ont été tués et une dizaine blessés au passage de leur véhicule sur une mine.

L’armée du maréchal Idriss Déby Itno n’avait pas essuyé de perte sanglante depuis la terrible attaque d’une de ses bases à Bohoma le 23 mars, où 98 soldats avaient péri.

Dans la foulée, elle avait lancé une vaste offensive militaire en représailles, jusqu’en profondeur au Niger et au Nigeria. A son terme, le président Déby, au pouvoir depuis trente ans, avait assuré qu’il n’y avait « plus un seul jihadiste sur l’ensemble de la zone insulaire » de la province du lac au Tchad.

Mais mercredi, « huit soldats tchadiens sont morts et 21 autres ont été blessés dans l’explosion de leur véhicule à son passage sur une mine de Boko Haram », ont déclaré à l’AFP deux haut responsables de l’armée tchadienne, sous couvert d’anonymat.

Selon une autorité locale et une source sécuritaire nigériane interrogés par l’AFP, le bilan est de 9 morts.

Les sources tchadiennes attribuent cette attaque aux « éléments de Boko Haram » et la source nigériane en fait porter la responsabilité au groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), faction ayant fait scission en 2016 du groupe Boko Haram.

Les autorités tchadiennes ne font pas la différence entre Boko Haram et Iswap, qualifiant indifféremment les combattants jihadistes comme des éléments de Boko Haram.

Plus tard dans la journée de mercredi, des échanges de tirs ont aussi eu lieu entre des jihadistes et l’armée tchadienne à Bakaram, situé dans la même région, selon cette source et l’autorité locale. Elles n’étaient pas en mesure pour l’heure de donner un bilan.

Née dans le nord-est du Nigeria en 2009, l’insurrection de Boko Haram s’est peu à peu propagée à ses voisins camerounais, nigérien et tchadien, particulièrement dans la région du lac Tchad, située à la frontière entre ces quatre pays.

Au seul Nigeria, l’insurrection a fait plus de 36.000 morts depuis 2009, et forcé près de 2 millions de personnes à fuir leur domiciles.

– Coup dur pour l’armée –

L’attaque de mercredi est un coup dur porté à l’armée tchadienne et à son chef, Idriss Déby Itno. Le président a récemment été élevé au grade de maréchal par l’Assemblée nationale, pour avoir dirigé l’opération militaire fin mars, qui avait abouti à la mort de 1.000 jihadistes, selon lui.

Il avait déclaré fin juin: « Depuis la fin des opérations, il n’y a pas eu une seule incursion de Boko Haram sur le territoire tchadien ».

« Malgré la défaite infligée à Boko Haram après Bohoma, nous savions que Boko Haram peut toujours se reconstituer très rapidement, nous avions déjà des informations sur leur présence dans la zone », a réagi jeudi un officier tchadien.

« Cette recrudescence de la violence s’explique par le fait qu’on ne peut prétendre vaincre une secte organisée qui a ses tentacules dans les pays limitrophes », soutient à l’AFP Jean Bosco Manga, fondateur du Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL) au Tchad, qui plaide pour plus de coordination entre les pays de la zone.

Depuis 2015, les quatre pays riverains du lac Tchad luttent contre ces groupes jihadistes au sein d’une Force multinationale mixte (FMM). Mais ces derniers mois, son efficacité a été de plus en plus discutée à mesure que les attaques contre les militaires et les civils se sont multipliées dans les quatre pays.

– 8.000 soldats tchadiens –

L’armée tchadienne assure porter quasiment seule le poids de cette guerre, où elle a déployé, selon elle, 8.000 hommes dans la région « qui patrouillent jour et nuit ».

Selon un rapport du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) publié mardi, la FMM a mené ces dernières années des « offensives qui ont débouché sur des victoires » mais n’a pas réussi à éradiquer les groupes jihadistes, qui se reforment une fois les troupes retirées.

Selon ce rapport, la « réticence » des Etats « à céder le commandement des opération à la Force », et « des retards de financement » nuisent à son « efficacité ».

Pour répondre à l’insurrection, le rapport incite également les Etats à « améliorer les conditions de vie des habitants des zones touchées et à gagner leur confiance ».

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