La rédaction de Libération ne souhaite pas que Laurent Joffrin, qui a quitté la direction pour lancer un mouvement politique, siège au conseil d’administration du futur fonds qui chapeautera le journal, indique à l’AFP un membre de la SJPL (Société des journalistes et des personnels de Libération).
« Sa position au conseil d’administration du fonds de dotation n’est pas du tout actée. Les élus vont d’ailleurs s’y opposer, vu les nouvelles circonstances », assure-t-il.
« Nous sommes en train de travailler à une charte éthique qui exclut toute appartenance à un mouvement politique pour diriger et abonder ce fonds », précise-t-il.
Le groupe Altice, propriétaire du quotidien, avait créé la surprise en mai en annonçant son intention de céder le journal à une nouvelle structure à but non lucratif, un fonds de dotation censé garantir l’indépendance du titre et qui doit être mis sur pied à la rentrée.
Altice prévoit que ce fonds soit gouverné par un conseil d’administration doté de trois membres: Laurent Joffrin, Arthur Dreyfuss, directeur général d’Altice Media, et Laurent Halimi, directeur des fusions acquisitions d’Altice Europe.
« Le fait qu’il y ait deux dirigeants d’Altice au conseil d’administration ne nous semble pas être particulièrement un gage d’indépendance », déplore un journaliste, sous couvert d’anonymat.
« On a toujours plaidé pour que la SJPL soit intégrée », indique pour sa part la SJPL.
Cette requête a été transmise au nouveau patron de Libé Denis Olivennes, qui a fait part de sa volonté de renforcer l’indépendance de la rédaction, notamment via la participation des salariés à la future gouvernance, selon un communiqué des salariés.
« Je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas être membre du fonds de dotation. C’est Patrick Drahi (patron d’Altice, ndlr) et Arthur Dreyfuss qui me l’ont demandé », a pour sa part affirmé jeudi soir à l’AFP Laurent Joffrin.
Ce dernier, également cogérant de Libération, avait fait part de son intention de quitter ses fonctions à la fin de cette année. Mais il a précipité les choses en annonçant jeudi son souhait de lancer à partir de lundi un nouveau mouvement politique, et de démissionner de ses fonctions de direction à Libération.
Il compte toutefois rester chroniqueur pour le journal : « je continuerai à écrire pour le journal ma +lettre politique+ quotidienne », a-t-il assuré.
Une annonce très mal accueillie en interne, qui a même rendu les journalistes furieux : « Laurent Joffrin veut faire de la politique, nous faisons du journalisme », écrivent-ils dans un texte publié jeudi soir.
« Mise devant le fait accompli, la rédaction constate que ce nouvel engagement personnel est incompatible avec la poursuite de toute activité éditoriale au sein de Libération », estiment-ils.
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