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Dans une Syrie ravagée par la guerre, des législatives en pleine crise économique

Les Syriens étaient appelés aux urnes dimanche pour élire leurs députés dans un pays ravagé par la guerre et en plein marasme économique, où le pouvoir de Bachar al-Assad a consolidé son emprise sur l’immense majorité du territoire.

Il s’agit des troisièmes élections parlementaires depuis le début en 2011 d’un conflit ayant fait plus de 380.000 morts et provoqué l’exode de millions de personnes, tandis que le pouvoir et ses piliers sont frappés de sanctions occidentales.

Plus de 7.000 bureaux de vote, ayant ouvert à 07H00 (04H00 GMT) dans les zones gouvernementales, ont finalement fermé à 23H00 (20H00 GMT), selon l’agence officielle Sana, après une prolongation de quatre heures décidée par la commission électorale. Le dépouillement doit immédiatement commencer.

Le parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle et intimement lié au clan Assad, remporte généralement haut la main ces législatives organisées tous les quatre ans pour élire 250 députés, tandis que la majorité des opposants vivent en exil ou dans les secteurs échappant au contrôle de Damas.

Pour la première fois, le scrutin se déroule aussi dans d’anciens bastions de la rébellion, reconquis par le régime ces dernières années.

Dans la matinée, le président Assad et son épouse Asma ont voté à Damas, selon la présidence syrienne qui a publié des photos du couple portant des masques de protection contre le nouveau coronavirus.

Dans la capitale également, des dizaines d’électeurs — certains portant des masques et respectant les mesures de distanciation — se sont rendus dans les bureaux de vote, a constaté un correspondant de l’AFP.

Khaled al-Shaleh, 50 ans, assure qu’il accordera sa voix à un candidat « de confiance capable de transmettre au Parlement les doléances des citoyens qui ont toujours été d’ordre économique que ce soit avant, pendant ou après la guerre ».

Non loin d’un bureau de vote sur l’Avenue de Bagdad, des bénévoles ont exhibé les programmes et les photos de leurs candidats, essayant d’influencer le choix des électeurs qui se pressent devant les urnes.

A la veille du scrutin, une personne a été tuée et une autre blessée dans l’explosion de deux bombes près d’une mosquée dans la banlieue sud de Damas, selon Sana.

Initialement prévues en avril, les élections ont été repoussées à deux reprises en raison de la pandémie qui a contaminé 496 personnes et fait 25 morts dans les régions du régime, selon les données officielles.

Lors des législatives de 2016, le taux de participation avait été de 57.56%.

– « Effort exceptionnel » –

L’opposition en exil a qualifié le scrutin de « mascarade ».

Interrogé par l’AFP, Nasr Hariri, une figure de l’opposition, a fustigé « un Parlement de façade, utilisé par le régime pour faire passer des législations qui servent la clique au pouvoir ».

Selon la commission électorale, des bureaux de vote ont été installés pour la première fois dans la Ghouta orientale, ex-enclave insurgée aux portes de la capitale. Mais aussi dans des territoires reconquis dans la province d’Idleb (nord-ouest), ultime grand bastion antirégime qui reste dans le viseur de Damas.

Damas a enchaîné ces dernières années les victoires grâce au soutien militaire de la Russie et de l’Iran, jusqu’à récupérer plus de 70% du territoire national.

Aujourd’hui toutefois, les programmes des candidats sont dominés par les questions économiques et sociales, promettant notamment des solutions à la flambée des prix et la réhabilitation des infrastructures.

« Les députés vont devoir fournir un effort exceptionnel pour améliorer les services » à la population, réclamait samedi Oumaya, 31 ans, employée dans une clinique dentaire.

Depuis plusieurs mois, l’économie est en chute libre, avec une dépréciation historique de la monnaie. Plus de 80% de la population vit dans la pauvreté, selon l’ONU.

Des bureaux de vote spécifiques ont été installés dans les différentes provinces pour permettre aux déplacés de voter pour des candidats de leur région d’origine.

Mais les millions de Syriens à l’étranger, dont une majorité de réfugiés, n’ont pas le droit de voter.

Il y a 20 ans, Bachar al-Assad, alors âgé de 34 ans, avait accédé à la magistrature suprême après la mort de son père, Hafez al-Assad.

Après les trois décennies de pouvoir sans partage de son père, « Bachar » incarnait un espoir de changement. Vingt ans plus tard, son régime est traité en paria sur la scène internationale.

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