Le CSA a débuté mardi le dernier round d’auditions pour la présidence de France Télévisions avec les passages prévus des candidats donnés comme favoris: l’ancien patron de RTL Christopher Baldelli et l’actuelle dirigeante Delphine Ernotte.
Christopher Baldelli a résumé son projet, axé sur la qualité des programmes, par une question. « Si aujourd’hui en France nos concitoyens devaient payer pour avoir accès à l’audiovisuel public, on peut se demander combien seraient prêts à le faire? »
Pour convaincre les Français, et les conseillers du CSA, M. Baldelli veut développer « l’innovation et la créativité » dans l’offre de fiction de la TV publique, en diminuant notamment la part de séries policières et de programmes américains.
Les chaînes doivent « prendre des risques », notamment en soirée. « On a le droit à l’échec, parce qu’on n’a pas totalement ce diktat de l’audience commerciale », a lancé M. Baldelli, qui a déjà dirigé France 2.
Il regrette la rareté de programmes marquants et exportables, comme « Dix pour cent », et pense qu’un management resserré pourrait accélérer leur développement. S’il veut attirer les jeunes, il pense également aux spectateurs traditionnels de la TV publique, avec « une offre ambitieuse et moderne de fictions historiques et de d’adaptation de notre patrimoine littéraire ».
Du côté de l’information, le candidat souhaite lancer une « offre numérique locale commune » à France 3 et France Bleu, en collaboration avec « les collectivités locales et la presse quotidienne régionale ». Pour développer la chaîne franceinfo, il imagine également une véritable matinale commune entre la TV et la radio.
Christopher Baldelli s’est également engagé à tenir la trajectoire financière fixée par l’Etat, visant l’équilibre pour 2022 malgré la crise du Covid-19. « J’ai toujours amené les entreprises que j’ai dirigé vers des résultats positifs », a-t-il souligné.
Outre Delphine Ernotte, deux autres candidats défendront leur projet mardi: Pierre-Etienne Pommier, conseiller numérique de La République en marche à l’Assemblée nationale (LREM) qui propose un duo avec Catherine Smadja, ancienne de la BBC, et Serge Cimino, délégué SNJ à France Télévisions qui s’était déjà présenté en 2015.
– « le pire job du monde » –
Lundi, les Sages ont évalué Sandrine Roustan, ex-directrice des programmes de France 4 qui travaille pour le deuxième plus gros groupe médiatique chinois Shanghai Media, Michel Goldstein, journaliste à France TV, Serge Schick, ex-directeur de la stratégie chez Radio France, et le patron de la RTBF (radiotélévision publique belge francophone) Jean-Paul Philippot.
« Il faut arrêter de ressusciter des programmes d’outre-tombe et réduire le nombre de programmes étrangers sur nos antennes », a lancé Mme Roustan, souhaitant « débrider la créativité en interne », également à travers la production de podcasts.
Michel Goldstein a placé son projet sous le signe de l’e-sport, pour attirer les jeunes sur la TV publique, et du sport en général, qui est devenu selon lui « le maillon faible » de France Télévisions.
Serge Schick a souhaité « donner une nouvelle impulsion à la création » et propose « le renforcement de l’investigation » et « l’arrêt necessaire des programmes d’infotainment ».
Jean-Paul Philippot a souligné « l’avance numérique » du groupe qu’il dirige et qu’il compte mettre à profit à France TV en lançant une nouvelle plateforme à destination des jeunes d’ici à2022.
Le CSA donnera au plus tard vendredi 24 juillet le nom du futur président de la TV publique, nommé pour un mandat de cinq ans.
Le mandat débutera le 22 août. L’heureux élu sera choisi par un vote à la majorité de six membres du CSA, le septième, Hervé Godechot, ne pouvant pas légalement participer au processus en sa qualité d’ancien de France Télévisions.
Souvent présenté comme « le pire job du monde », la présidence de France Télévisions est le poste le plus important de l’audiovisuel français.
Le lauréat ou la lauréate devra gérer un groupe d’environ 9.600 salariés (pour un budget de 3 milliards d’euros) et superviser la programmation de cinq chaînes qui ont enregistré ensemble une part d’audience de 28,6% cette saison.
Un certain nombre de dossiers l’attendent: la fermeture de France Ô et France 4, prévue en août, mais qui pourraient obtenir un sursis, et la gestion de l’après-crise sanitaire, qui devrait entraîner une perte d’exploitation de 22 millions d’euros, dans un contexte de restrictions budgétaires.
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